- CAN 2025
La CAN en salle d’attente
Alors que la CAN démarre le 21 décembre, les sélections africaines viennent d’apprendre que les clubs pourraient ne libérer leur joueur que le 15 décembre, soit une semaine plus tard que prévu. Une nouvelle illustration du manque de considération pour le tournoi africain, dont l’organisation au cœur de la saison fragilise le statut.
« C’est le 15 décembre, mais comme toujours dans cette situation, il y a un joueur impliqué, son équipe nationale et son club. Il y a des discussions pour savoir ce qui est le mieux pour chacun des trois. » C’est par cette déclaration d’Arne Slot à propos de Mohamed Salah que l’Égypte a appris qu’elle ne récupérerait sa star qu’à six jours du coup d’envoi de la CAN, au lieu d’une semaine plus tôt, comme initialement prévu par la FIFA. Et sans grande surprise, c’est en réalité uniquement l’intérêt du club qui prime, pas celui du joueur et encore moins celui de son équipe nationale. Une énième gestion calamiteuse autour de l’un des plus grands tournois internationaux de la planète, qui pâtit toujours autant de la nécessité de se tenir en hiver, en plein cœur de la saison des surpuissants mastodontes européens. Lesquels finissent (presque) toujours par avoir raison.
En toute transparence
Dans le cas des Égyptiens, le sélectionneur Hossam Hassan avait même fixé le début du rassemblement au 1er décembre, espérant au minimum pouvoir compter sur toutes ses forces vives pour un amical de gala face au Nigeria, le 14. Ce ne sera donc pas le cas pour Salah, obligé de retrouver son foot à Liverpool dans une équipe en pleine crise et de se fader 4 matchs en 11 jours (Sunderland ce mercredi, Leeds le 6, l’Inter le 9 et Brighton le 13), tandis qu’Omar Marmoush ne devrait pas être libéré non plus par Manchester City. Il leur faudra donc entrer directement dans le grand bain, le 22 face au Zimbabwe. Mais que les Pharaons se rassurent : ils ne seront pas les seuls dans cette situation, puisque la plupart des stars attendues sur les pelouses marocaines évoluent sur le Vieux Continent.
Ce revirement de situation, décidé lors d’une réunion entre l’ECA (association européenne des clubs, regroupement des grands clubs européens venus plaider leur cause sur le sujet) et la FIFA le 29 novembre selon L’Équipe, s’est décidé dans le plus grand secret, sans en informer les équipes nationales. Et qu’importe si ces dernières ont déjà engagé des frais et planifié des stages de préparation et des matchs amicaux avant le début des hostilités. Mais tout cela ne pèse pas grand-chose face notamment à la tenue d’une journée de Ligue des champions les 9 et 10 décembre, avec tous les enjeux que cela comporte pour les protagonistes. Des rencontres que l’UEFA aurait totalement pu programmer à d’autres dates au fil de l’automne, s’il y avait eu la moindre volonté de faire place nette pour la compétition africaine.

On est méchants avec le continent
Finalement, cette guéguerre n’a absolument rien d’inhabituel autour d’un tournoi dont l’organisation en hiver, imposée pour des raisons climatiques, a toujours fait débat. Cette CAN 2025 devait d’ailleurs dans un premier temps être jouée en été, comme ce fut par exemple le cas en 2019, avec le triomphe de l’Algérie en Égypte. Une solution qui arrange beaucoup de monde, mais pas les participants qui doivent jouer sous des chaleurs étouffantes. Une année sur deux, à l’approche de l’hiver, revient donc la même rengaine : les clubs rechignent à libérer leurs joueurs, les 24 nations n’ont que très peu de temps pour se préparer à l’événement et une compétition qui devrait largement jouir du même rayonnement que l’Euro ou la Copa América se retrouve de fait dévalorisée.
Ce contexte pénalise en premier lieu les joueurs concernés, prisonniers d’une situation contre laquelle ils ne peuvent pas grand-chose, et qui peut même se retourner contre eux au sein de leur propre club (ou les priver de certaines opportunités de transferts, en anticipation de leur absence en cours de saison, par exemple). Pour des armadas comme Liverpool ou Manchester City en revanche, chercher à tout prix à gratter jusqu’au moindre match de championnat plutôt que de libérer un ou deux joueurs de leurs effectifs pléthoriques relève clairement de l’hypocrisie. Mais tout ça n’est pas bien grave à leurs yeux : c’est encore et toujours le football africain qui trinque.
Liverpool clarifie sa position sur la blessure de SalahPar Tom Binet


























