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Rester européen à Tel-Aviv

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Rester européen à Tel-Aviv

Le déplacement chez l'Hapoël de Romain Rocchi tiendrait presque de l'aubaine pour l'OL au moment où il faut renvoyer au loin les turpitudes d'un début de saison tout pourri. A condition de ne pas ramener à la surface les doutes aperçus samedi sur sa capacité à rester la meilleure équipe européenne de L1...

« On se serait cru en Ligue des Champions » . Si Blaise Matuidi avait voulu rassurer les Lyonnais après les avoir plongés un peu plus dans la tourmente en championnat, il ne s’y serait certainement pas pris autrement. Preuve sans doute que les Stéphanois ne sont pas si pressés que ça de voir complètement sombrer leurs voisins. Samedi dernier à Gerland, avec leurs trois poteaux et presque autant de sauvetages sur la ligne, les Lyonnais ont au moins rassuré quant à leur capacité à disputer un match de dimension européenne. Pas franchement une nouvelle depuis qu’on les a vus à l’œuvre pour l’ouverture de leur saison en Ligue des Champions dix jours plus tôt face à Schalke. De toute évidence, cette équipe sait mettre du cœur à l’ouvrage pour ce genre de matchs à haute intensité qui se profilent en milieu de semaine et ces quelques autres qu’il faut disputer face à des concurrents au titre de meilleure équipe européenne de Ligue 1 (OM, LOSC, PSG, Stade Rennais) ou à l’occasion d’un Derby plus électrique que jamais.

Comme Blaise Matuidi n’est pas loin d’être un chic type, il a bien pris soin d’oublier un détail, celui-là même qui a permis aux Verts d’emporter la mise au final pour la 100ème du Derby : sans buteur capable de planter au moins une fois sur les 28 tirs envoyés par l’OL en direction de la cage de Jérémy Janot, une équipe toute européenne soit-elle n’est déjà plus franchement la même. Certes, la morosité d’un club qui crame son début de saison en jouant sur un rythme de relégable –quatre petits buts marqués et cinq points au compteur– y est sans doute pour quelque chose. Reste que Lyon a passé trop de temps ces dernières saisons à dépendre d’un fuoriclasse dans le registre offensif pour que la seule faille mentale du moment explique tout.

Comment naît une étoile…

Façon de dire qu’il faut retourner voir ce qu’il se joue aussi du côté de Lisandro à l’heure où le sort de Puel est l’objet de toutes les attentions. Le coach lyonnais peut bien être rassuré par l’état d’esprit de ses joueurs, irréprochables dans l’engagement affiché samedi soir et coupant court aux rumeurs de lâchage –genre de conduite qu’on ne peut s’empêcher de deviner à la première mauvaise série qui s’enchaîne–, il ne peut reprendre le fil de son histoire lyonnaise l’esprit tranquille pour autant. La faute à Licha qui donne dans les pépins physiques avec la même constance que la lassitude affichée depuis son retour entre Saône et Rhône au cœur de l’été. Après avoir traîné la patte et quelques bourrelets en trop tout au long de la préparation estivale, pesté tout ce qu’il pouvait contre ses ballons qui ne lui arrivaient jamais lors de ses trois titularisations, réveillé une douleur au tendon au mitant d’un match contre les Girondins salement engagé, le Gaucho à tête d’Abbé Pierre hiver 54 n’a certainement pas lâché Puel. Non, il s’est juste contenté de rappeler à son petit monde le statut que lui conférait sa première saison lyonnaise, bouclée avec une place de demi-finaliste de Ligue des Champions, une qualification directe pour la session suivante, un titre de meilleur joueur de L1 et la dimension du type suffisamment charismatique pour vous soulever tout un vestiaire en quelques aphorismes bien sentis –on repense à ceux affichés notamment la veille du retour décisif face au Real en huitièmes.

L’affaire aurait pu en rester là si la drôle de tourmente dans laquelle semble s’être engagé l’OL n’était à mettre sur le compte d’une inefficacité devant le but poussée par moments jusqu’à l’absurde. Et si Jean-Michel Aulas ne s’était aventuré à mêler malgré lui le destin de son coach et de son attaquant vedette le temps d’une série d’annonces sur les plateaux d’OL TV il y a un peu plus d’une semaine. La vague mise en sursis adressée à cette occasion à Puel a occulté une autre annonce qu’on ne peut prendre à la légère dans un club qui n’a pas eu pour habitude de s’embarrasser des masses avec les ego surdimensionnés auxquels il a pu avoir affaire dans un passé récent –Fred, puis Juninho et Benzema dans une moindre mesure ont pu en faire les frais. Cette fois, le tycoon lyonnais a affirmé prendre acte du statut de “star” de son barbu de n°9 et de la gestion toute particulière que cela implique. Comme pour rappeler au passage à Puel qu’il vaut mieux éviter d’infliger à Lisandro ces petites humiliations qu’il a coutume d’envoyer à tout ce qui ressemble à un attaquant au-dessus du lot –séances vidéo à base de DVD compilant les plus beaux appels de Pauleta, tacles engagés dans les fameux jeux dont raffole le coach lyonnais en fin d’entraînement, échappée en solitaire dès les premiers lacets de la montée vers Tignes lors de la préparation d’avant-saison.

Garder Puel pour mieux s’en passer ?

Et histoire de bien faire passer le message, Aulas ne s’est pas privé de préciser au passage que « les 3 ou 4 millions d’euros qui pourraient résulter de la séparation d’un entraîneur sont ridicules par rapport aux 50 ou 80 millions de pertes que l’on peut avoir en fonction du classement » . Rien non plus comparé aux 26 millions lâchés pour que Lisandro tienne le rôle de grand attaquant dont a besoin l’OL pour tenir son rang en championnat ou en Ligue des Champions. Preuve qu’à Lyon comme partout ailleurs, on en revient à cette échelle des valeurs du football d’aujourd’hui qui veut que le pouvoir de nuisance se situe définitivement moins du côté de l’entraîneur que de celui des joueurs.

Autrement dit, au moment où l’on s’emploie à trouver une sortie suffisamment digne permettant de sauver le soldat Puel plutôt que de renier un “choix stratégique” partagé par l’ensemble de la direction lyonnais –de JMA à Lacombe en passant par les membres les plus influents du Conseil d’administration comme Jérôme Seydoux–, on croit deviner un retour à la case Perrin pour le coach lyonnais. Celle du pilote de Formule 1 éprouvée en leurs temps par Le Guen et Houllier. Avec Lacombe jamais loin pour y aller de son avis sur la stratégie de course –du retour de la Toule au milieu au maintien d’une ossature aux allures de onze type pour retrouver le rythme– et la petite République des joueurs entre les deux dont on veut bien reprendre l’avis en considération.

Une forme de gouvernance où chacun peut retrouver ses repères en plus d’envisager une séparation en plutôt bons termes avec le coach du moment. Pour ça, avant de s’en aller respirer un peu l’air de la Ligue des Champions à Tel-Aviv, Aulas a pris soin de fixer un cahier des charges intenable à celui dont il louait il y a encore peu les qualités de “manager du foot” : « L’OL doit redevenir une équipe qui fait rêver ses supporters pour ses résultats d’abord, mais aussi pour sa qualité de jeu » . Avec un effectif à haute valeur ajoutée (120 millions d’euros investis ces deux dernières saisons), le président lyonnais est en droit de relayer de la sorte la principale des doléances de supporters chagrins. A première vue, Aulas ne prend pas beaucoup de risques à placer cet impératif d’ordre esthétique pile avant le moins risqué des déplacements de l’OL dans sa campagne de premier tour. A condition toutefois que son équipe remette la main sur ces quelques savoir-faire qui semblent la fuir désespérément depuis on ne sait plus trop quand : efficacité sur coups de pied arrêtés –bientôt huit mois que l’OL n’a plus planté sur coup-franc–, capacité à prolonger les temps forts et l’intensité au-delà de quelques occasions perlées, sentiment de pouvoir dominer son sujet et surtout l’adversaire du jour, quitte à y aller au “bleu de chauffe” que n’hésitaient pas à invoquer Malouda et les autres lorsqu’il fallait se replonger dans le quotidien de la Ligue 1 après la parenthèse européenne.

Encore sous le coup d’une défaite traumatisante qui ne devrait pas manquer de raviver un peu plus les doutes d’un groupe en souffrance –il n’y avait qu’à voir les mines paumées des quelques joueurs qui se sont aventurés près des micros samedi soir–, Puel et ses Gones doivent malgré tout se dire qu’ils tiennent une drôle de chance avec ce détour par chez l’Hapoël. Celle qui consiste à donner l’illusion à tous, des supporters à Blaise Matuidi, que l’OL reste bien une équipe avec laquelle on se croit en Ligue des Champions.

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Romain Rocchi