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Questions pour des champions
Cet après-midi (17h), tous les titres depuis 2004 seront sur la pelouse d'Old Trafford. Mais Manchester United, le champion sortant, est si impressionnant qu'on en oublierait presque que Chelsea fait tranquillement son petit bonhomme de chemin, bien calé dans la roue des deux Manchester.
C’est un phénomène rare qui confirme bien que Manchester United est un club à part. Là-bas, le continuum espace-temps se veut très singulier : les années n’ont aucune prise sur Ryan Giggs (buteur à Lisbonne cette semaine en C1), Wayne Rooney retrouve des cheveux et sir Alex Ferguson n’a jamais paru aussi guilleret. C’est simple le manager écossais est carrément en lévitation actuellement. Fier de ses boys qui n’en finissent plus de mettre des branlées au tout-venant. C’est simple, MU lui paraît tellement fort que Fergie la joue grand seigneur. « Mon équipe est au complet, je n’ai que l’embarras du choix » . L’écossais au teint rubicond oublie que son escouade sera juste privée de Tom Cleverley, la révélation du début de saison, Rafael, celle de l’an dernier, Danny Welbeck, l’étoile de demain, et Nemanja Vidic, tout simplement le capitaine. Une paille, quoi ! On en connaît qui gueulent dès qu’il leur manque un simple coupeur de citron. Mais c’est vrai qu’actuellement rien ne semble pouvoir arrêter le train mancunien lancé à toute berzingue depuis le mois d’août : 4 matches, 4 victoires, 18 buts inscrits, 3 seulement encaissés. Et ce qui est vrai actuellement l’est doublement en général dès que Manchester file rancard à Old Trafford : ça fait tout simplement 32 matches de rang que les Red Devils plantent at home pour un bilan sans appel de trente victoires, un nul et une seule minuscule défaite. L’heure de revenir un peu sur terre après cette balade dans la stratosphère. Car ladite unique défaite en question des locaux dans le « Théâtre des rêves » , c’est précisément le visiteur du jour qui leur avait infligé…
Fernando Torres, le révélateur
Oui, c’était un jour d’avril 2010 et les Blues en avaient alors profité pour chiper la couronne sur la tête même des champions en titre de l’époque. Et ne surtout pas croire à un exploit isolé car historiquement Chelsea réussit plutôt bien avec seulement quatre défaites à Old Trafford sur ces douze dernières saisons. Mais voilà, si le temps ne semble pas avoir de prise sur Manchester, il semble s’être soudainement accéléré du côté de Chelsea. L’an passé, les joueurs alors cornaqués par Carlo Ancelotti avaient tous l’air de s’être échappés d’une maison de retraite face aux jambes insolentes de Nani et consorts, notamment lors du double affrontement en quart de finale de Ligue des champions. Le hic pour les Londoniens, c’est que, depuis, Manchester semble aller encore plus vite alors qu’eux paraissent se traîner encore plus lentement. On médit ? Dans ce cas-là, Fernando Torres est carrément une langue de pute car l’attaquant espagnol n’a pas épargné ses partenaires sur le sujet: « Parmi toutes les équipes anglaises, Chelsea est la moins anglaise. Et cela en raison du genre de joueurs que Chelsea a : vieux, qui jouent lentement et qui gardent beaucoup le ballon » . Prend ça Frank Lampard !
Bien sûr qu’il a raison, El Nino, mais on lui conseillerait bien de commencer le ménage devant son propre palier car l’argument de l’âge mis à part, Torres appartient lui aussi au cortège des caravanes que trimballe Chelsea. Un constat qui compte double en l’absence de Didier Drogba, l’un des rares à troubler la quiétude mancunienne l’an dernier. Reste que les jeux ne sont pas complètement faits, au-delà de la proverbiale mais trop pratique « glorieuse incertitude du sport » . Car Chelsea a un nouvel atout dans sa manche en la personne d’André Villas-Boas. Un jeune prodige du banc qui aurait dû être sous les feux des projecteurs mais qui se retrouve confortablement rejeté dans l’ombre par les débuts affolants des deux Manchester. Et on le sait, rien de tel qu’un peu d’ombrage pour régénérer une bande de vieillards…
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