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Que restera-t-il de Mascherano en Argentine ?

Par Georges Quirino Chaves
Que restera-t-il de Mascherano en Argentine ?

Après une défaite lors d’un banal match de coupe argentine, le Jefecito, 36 ans, a décidé de raccrocher les crampons ce dimanche. Une sortie par la petite porte pour celui que beaucoup considèrent encore comme le dernier grand leader de l’Albiceleste. Ou comme le chef d’une génération de losers ?

Dix-sept saisons comme footballeur professionnel. Vingt et un trophées remportés en club dont deux Ligue des champions avec le FC Barcelone. Deux titres olympiques. Une finale de Coupe du monde, quatre de Copa América. Le point final de tout ça ? Un match de la troisième journée de l’ennuyeuse Coupe de la Ligue professionnelle argentine disputé à huis clos à l’Estadio Jorge Luis Hirschi de la Plata. Avec son équipe d’Estudiantes, Javier Mascherano, 36 ans, vient de perdre face à Argentinos Juniors (0-1) en cette fin d’après-midi chaude et ensoleillée. Sur la pelouse, à l’issue de la rencontre, le Jefecito*, souriant malgré la déroute, échange sa tunique dorée avec la verte de Lucas Chaves, le gardien de but adverse. Le portier ne le sait pas encore, mais il vient de récupérer une relique : le dernier maillot de la carrière du joueur le plus capé de l’histoire de la sélection argentine (147 sélections).

Un dernier plaisir

Après la rencontre vient l’annonce, soudaine. « Je voudrais dire rapidement que j’arrête ma carrière professionnelle », lâche froidement Masche, voix blanche et visage fermé, quelques minutes plus tard face à une salle de presse vide : « En plus de mes sensations, beaucoup de choses me sont arrivées ces derniers mois à titre personnel. Ça fait quelque temps que c’est compliqué, et je ne veux manquer de respect à personne. J’ai vécu ma profession à 100%. J’ai donné tout ce que je pouvais. Le plus correct, c’est de terminer aujourd’hui. » Rideau.

Après une étape chinoise, l’enfant de River Plate était revenu en Argentine au début de l’année pour un dernier plaisir au sein du club dirigé par Juan Sebastián Verón. Cela n’aura duré que dix matchs. Les tribunes désertes, une compétition sans grand intérêt après huit mois d’arrêt et une équipe sans ambition auront sans doute eu raison de sa motivation. « Ce garçon méritait une meilleure sortie. Avec un stade plein et des feux d’artifices », regrette à l’antenne Oscar Ruggieri, champion du monde 1986 et consultant vedette sur la chaîne ESPN.

« Un leader né »

« Aujourd’hui, tu te convertis en légende », titre le lendemain le quotidien sportif Olé. Un hommage à cette phrase devenue mythique en Argentine lancée par le milieu de terrain – lui avait utilisé le terme « héros » – à son gardien Sergio Romero pour le motiver avant la séance de tirs au but remportée face aux Pays-Bas en demi-finales du Mondial 2014.

Malgré les deux titres olympiques en 2004 et 2008 ou encore le cycle du Maradona sélectionneur qui composait son équipe avec « Mascherano plus dix autres joueurs », ce sont les images de ce Jefecito au Brésil qui tournaient en boucle ce lundi sur les chaînes sportives. Celui qui, du haut de son mètre soixante-quatorze, tenait tête aux géants belges Witsel et Fellaini et qui se « déchirait l’anus » d’un tacle glissé à la 90e minute pour empêcher Robben de priver l’Albiceleste d’une finale espérée depuis 24 ans. « Il a été fondamental pour nous dès le premier moment », se rappelle Julián Camino, adjoint du sélectionneur de l’époque Alejandro Sabella : « Javier, c’était un leader né. C’était toujours le gars positif qui encourageait l’équipe à aller de l’avant, que l’on gagne ou que l’on perde. Quand il y avait un discours de motivation à faire, il était toujours là. Le tempérament qu’il montrait sur le terrain, il l’avait aussi dans le vestiaire. »

L’image d’un guerrier ultime entré dans la culture populaire au point d’inspirer les #Maschefacts façon Chuck Norris ou encore ce « On a toujours besoin d’un Mascherano » qu’aiment parfois lancer les Argentins et même certains politiques. Un gladiateur symbole d’un pays qui se bat jusqu’au dernier souffle. Le problème, c’est qu’il perd souvent à la fin.

« Le chef des perdants »

Cette image de Poulidor avec la sélection lui colle à la peau. « Peut-être que j’aurais dû arrêter après la finale perdue contre l’Allemagne. Tout aurait été rose », confessait-il l’an passé lors d’un entretien donné à la chaîne Fox. En plus de la défaite à la Coupe du monde, son Albiceleste a perdu quatre finales de Copa América. « Le chef des perdants », titrait le quotidien La Nación à son sujet en 2015 comme un symbole de cette génération Higuaín, Di María, Messi qui bute toujours sur la dernière marche. « Je n’ai pas d’explications. Peut-être que c’est moi le problème », finissait-il presque par se convaincre, dépité après la finale continentale perdue cette année-là contre le Chili.

Les critiques de certains médias accompagneront son dernier cycle en sélection jusqu’à sa retraite internationale après le Mondial russe. « C’est complètement injuste », s’indigne aujourd’hui Camino : « Les sélectionneurs qui nous ont suivi ont continué de le convoquer parce qu’il n’y avait pas meilleur que Mascherano ! Ces commentaires m’ont fait mal parce que je sais ce que Javier ressentait pour la sélection. » Pour en témoigner, l’ancien adjoint se souvient d’une scène. C’était après une partie de cartes à l’hôtel à la suite de la victoire face aux Pays-Bas au Brésil. Mascherano et Messi sont avec lui. Le premier lui demande : « Et maintenant Julián ? » Le bras droit de Sabella répond : « Tous les deux, vous êtes habitués à jouer ce genre de matchs ! » Le Jefecito rétorque. « La sélection, ce n’est pas pareil ! C’est au-dessus de tout. »

Un futur dans la sélection ?

Les mauvaises langues se font bien discrètes depuis l’annonce de la retraite. Les hommages pleuvent. De Messi à Iniesta. De Gabriela Sabatini à Manu Ginobili. « Parce qu’il a tout laissé sur le terrain, parce que la lutte fut son ADN, parce que des joueurs comme lui n’apparaissent pas souvent, nous n’oublierons pas Mascherano ! » clame le présentateur de Tyc Sports Gastón Recondo. Un joueur d’autant plus difficile à oublier que l’actuelle sélection de Lionel Scaloni n’a pas encore trouvé son leader de rechange. Le milieu de terrain Paredes-De Paul-Lo Celso aligné ce mardi au Pérou doit encore convaincre. « Je crois que la sélection va avoir du mal à retrouver un milieu de terrain avec le niveau et la complémentarité de Mascherano-Biglia », pense Camino.

Le Jefecito, lui, se prépare déjà à la suite. En plus de s’occuper de son académie, il pense très sérieusement à devenir entraîneur. L’ancien joueur du Barça a même été diplômé alors qu’il évoluait encore à Estudiantes. Pourquoi pas un rôle en sélection dans un avenir proche ? « Les portes de notre terrain lui seront toujours ouvertes », expliquait ce lundi Scaloni : « On verra ce qu’il veut faire dans le futur, mais nous parlons ensemble parce qu’en plus d’être un emblème du football argentin, c’est un ami. » D’abord dans le staff, avant peut-être de prendre les rênes un jour. « Je l’imagine sans problème gérer un groupe », assure l’ancien adjoint de Sabella : « Il a joué 14 ans avec la sélection. Il ne tremblera pas s’il doit l’entraîner ! »

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Par Georges Quirino Chaves

Tous propos recueillis par GQC sauf mentions

*surnommé ainsi après avoir pris la succession du Jefe Leonardo Astrada, légende de River Plate

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