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Quand Ferguson Barry les autres pleurent
Le milieu de terrain de Birmingham City se torche, insulte, se bat et fait même virer quiconque ose lui chier dans les bottes. Mais le bougre sait aussi jouer au ballon. Et à l'occasion, il gagne même une petite Carling Cup. Alors ? Ben alors respect quand même.
Le FC Barcelone n’aura probablement pas besoin de ça pour dézinguer Arsenal mardi prochain. Il n’empêche, quand on n’est pas supra outillé comme les Blaugranas, il est vivement conseillé de compter une bonne paire de salopards pour démâter du Gunner. Ici l’infernal duo de brutasses épaisses Joey Barton – Kevin Nolan lors de l’incroyable Newcastle-Arsenal (4-4), là l’inénarrable tandem de petites catins Lee Bowyer-Barry Ferguson en finale de la Carling Cup grattée de façon improbable par Birmingham City (2-1) face à la bande à Wenger. Oui, pour s’opposer à la moins anglaise des équipes de Premier League, la recette gagnante semble se nicher quelque part dans les fondements même d’Albion. Mieux : de Britannia. Car le sémillant Barry Ferguson a tout du type insulaire, british, fier de l’être et à qui il ne faut pas venir chauffer les esgourdes avec les raffinements venus d’ailleurs, surtout de France.
Croqueur de Frogies
C’est en gros ce qu’avait essayé l’imprudent Paul Le Guen lors de son triste passage aux Glasgow Rangers. Faire venir quelques mecs de Ligue 1 pour foutre un peu de technique dans ce hourra football, le plan pourrait se tenir. Sauf quand on compte sur Brahim Hemdani et Jérémy Clément pour assurer cette mission, ce qui ressemble quand même à un immense foutage de gueule pour les pensionnaires d’Ibrox. Presqu’une provocation à bien y regarder. Un peu comme si l’on demandait à Benzema de venir faire une démo de fighting spirit. C’est ainsi, Paul Le Guen n’a jamais été très fin psychologue. Surtout quand le bougre se met en tête de mettre aux normes de la diététique les règles old school de la maison. En clair, Paulo avait voulu supprimer l’alcool dans le régime alimentaire des Rangers. Et pourquoi ne pas carrément leur demander d’arrêter de respirer, hein… Levée de boucliers, fronde menée par Barry Ferguson et le médecin du club, Ian McGuiness (ça ne s’invente pas). Et PLG de se hasarder au bras de fer en retirant le brassard de celui de Fergie. Fatal pour l’ancien Lyonnais qui se fait court-circuiter par le vestiaire tout acquis à la cause de son leader. Back to France et plus précisément au PSG pour Le Guen, vaincu par ce diable de Ferguson.
Au fait, ce type sait jouer au ballon
Mais réduire Barry Ferguson à une sorte de défenseur ultime de l’archaïsme britannique serait réducteur, forcément. On ne joue pas près de trois cent matches avec les Rangers, en faisant aussi des passages à Blackburn et donc à Birmingham, à chaque fois en assumant le capitanat, juste sur quelques aptitudes syndicalistes. Bon ok, des saloperies, il en collectionne quelques-unes. Des exemples ? Y’a qu’à se servir. De la mémorable baston avec des fans du Celtic après une dérouillée (2-6) des Rangers face à l’éternel rival en 2000 au cours de laquelle Ferguson était sorti sur expulsion en faisant un bras d’honneur aux deux sacs de glace pilée balancés sur le staff du Celtic après une autre déroute à Ibrox (0-2) l’année suivante, sans compter un sonore « Gros bâtard » asséné à son ex-entraîneur de Blackbrun Sam Allardyce pour les retrouvailles sous le maillot de Birmingham, ainsi qu’un bannissement de sa propre sélection pour avoir mis à mal les règles de vie interne. Reste que malgré ça, le malotru fait une solide carrière. Grâce à son adresse diabolique du gauche, son activité incessante malgré ses trente-trois ans bien tapés au malt et au houblon, sa réelle intelligence de jeu dans les intervalles qui permettent aux Blues de ne pas que chercher la tête de Zigic devant mais, à l’occasion, de poser un peu le ballon. Le tout bonifié bien évidemment par les provocations et un sens certain de l’intox. Surtout quand ça parle français dans les parages. A la place de Fortuné, Mulumbu ou Meïté, les francophones de West Bromwich Albion en visite à St Andrews samedi (13h45), on ferait gaffe quand même. N’est-ce pas Paul Le Guen…
Dave Appadoo
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