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Quagliarella, la fin d’un cauchemar

Par Antonio Moschella
Quagliarella, la fin d’un cauchemar

Six ans et demi après son passage du Napoli à la Juve, Fabio Quagliarella est enfin un homme libre et soulagé. Après la condamnation du policier qui l’avait harcelé pendant son séjour à Naples, l’attaquant de la Sampdoria a rendu publique sa joie en pleurant devant les caméras. Histoire d’un vrai Napolitain accusé à tort de trahison.

Il n’y a pas trente-six alternatives. Naples, tu l’aimes ou tu la détestes. La capitale du sud de l’Italie est un conglomérat de couleurs, de sensations et d’émotions. La ville est noire ou blanche, le gris n’existe pas et Fabio Quagliarella le sait mieux que n’importe qui. Le Napolitain de Castellammare di Stabia (petite ville à 40 km du stade San Paolo) avait abandonné sa terre natale, à 14 ans à peine, pour jouer au Torino et chercher ainsi un futur dans le football, même si loin de sa famille. Au cours de l’été 2009, le retour à Naples – le club de ses rêves –, semble être le point d’orgue de la carrière d’un mec qui peut enfin rejoindre ses proches, profiter d’une balade sur le bord de mer et voir le Vésuve de près. Mais ce ne fut pas le cas. Après une saison marquée par des performances moyennes et seulement 12 buts, Fabio laisse encore une fois la Campanie pour le Piémont, cette fois côté Juventus. Motif suffisant pour déclencher la colère des supporters du Napoli, qui bien avant de vivre l’adieu de Gonzalo Higuaín, avaient déjà jugé et condamné Quagliarella comme le plus grand traître au monde.

Un harcèlement constant

Ce que personne ne savait alors, c’est que pendant son année à Naples, Quagliarella a été impliqué dans une histoire effroyable et surréaliste. Un certain Raffaele Piccolo, inspecteur de la police postale qui l’avait aidé à résoudre un problème lié au piratage de son compte MSN Messenger, avait profité de l’occasion pour se rapprocher de lui et bouleverser totalement sa vie. À partir de ce moment, Piccolo entame un harcèlement constant allant jusqu’à envoyer des lettres anonymes à Quagliarella au centre d’entraînement de Castelvolturno. Ces lettres menacent de rendre publics les liens présumés entre le joueur et la Camorra et des histoires de pédophilie dans lesquelles le Napolitain aurait été impliqué. Ces menaces inquiètent très fortement le président Aurelio De Laurentiis, qui suggère alors à son joueur de rester dormir à l’hôtel près du centre sportif au lieu de rentrer chez sa famille pendant la semaine, pour rester au calme et ne pas créer de problèmes. Les accusations sont complètement fausses, mais impossible de démontrer le contraire pendant les enquêtes qui suivent la dénonciation de l’attaquant, qui préfère prendre le chemin du silence et passer pour un mercenaire plutôt que donner des soucis à ses proches. Après la condamnation de son « ami » , arrivé le vendredi passé, Quagliarella décide de se libérer d’un poids très lourd dans son âme. Tout ça après avoir marqué un but, le premier de sa nouvelle vie.

La défense du gardien

Gennaro Iezzo, coéquipier de l’attaquant lors de la saison 2009-10 à Napoli, revient aussi sur l’affaire : « Moi aussi j’ai reçu des menaces similaires, mais au bout d’un moment, tout s’est arrêté, tandis que pour Fabio, cela a été un bombardement constant qui lui donnait aussi peur de sortir de la maison. » Iezzo, aussi originaire de Castellammare, continue : « Avec Fabio, on allait toujours ensemble en voiture à l’entraînement, mais après les premières menaces, tout a changé. Fabio est allé à la Juventus à cause d’un harcèlement très stressant, un truc de fou. Ce fut le seul motif de son transfert à la Juve. Ce n’est pas vrai qu’il avait été écarté par le clan des Sud-Américains (composé de Lavezzi, Gargano et Denis, ndlr),ce sont des conneries inventées pour déstabiliser l’harmonie du groupe. » D’ailleurs, l’ex-gardien du Napoli signale le grand professionnalisme de son ami : « Je ne l’ai jamais vu se laisser influencer par ce souci sur le terrain. Fabio a tout caché à l’intérieur en tant que grand professionnel. »

La rédemption en retard

Antonio Floro Flores, qui avait joué deux ans à Udine avec Quagliarella et est constamment en contact avec lui, a toujours été convaincu que l’attaquant ne voulait pas laisser tomber le Napoli : « Fabio est un mec génial qui a fait beaucoup de sacrifices dans sa carrière pour finir par jouer au Napoli et dans des conditions normales, il ne serait jamais parti. » Les propos de l’attaquant qui évolue aujourd’hui à Bari sont la preuve de la passion que Quagliarella ressentait pour le maillot azzurro du Napoli, une affection dont ils ont toujours discuté pendant leur séjour à Udine, en rêvant de retourner dans leur ville et y jouer ensemble.

Le symbole ultime de cet amour est ce moment où l’attaquant de Castellammare a marqué son premier but avec le club de son cœur, le 30 août 2009 face à Livourne. La course vers les tifosi dans la Curva en embrassant le blason de l’équipe napolitaine était une scène de communion entre Quagliarella et les supporters du Napoli, mais aussi le dernier moment de bonheur. Le harcèlement et la folie ambiante ont fini pour influer sur son rendement. Et, malheureusement, le numéro 27 a fini par être trahi par ses propres concitoyens : d’abord par Raffaele Piccolo et puis par les supporters, qui l’ont vu injustement comme un traître pendant trop longtemps. Jusqu’à dimanche dernier, le jour où les larmes d’un vrai Napolitain ont raconté la vraie histoire d’un mec qui n’a jamais arrêté d’aimer sa ville et son club, même si cela s’est fini par un exil forcé.

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