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Plus belle la vente

Par Alexandre Doskov
Plus belle la vente

Depuis quelques mois, Massilia vit au rythme de l'incroyable feuilleton de la vente de l'OM. Annonces, contre-annonces, trahisons, rumeurs, pétards mouillés... « On est vraiment rien sans elle, qu'on soit noir ou blanc. Si on tend la main pour elle, la vente est plus belle... »

Starring

La reine Marga’ – Margarita Louis-Dreyfus Don Vincenzo – Vincent Labrune Loco ‘Celo – Marcelo Bielsa La Miche – Coach Michel Passiznogoud – Franck Passi Le Forain – Gérard Lopez Le Suisse – Giovanni Ciccolunghi Amine Baba – Basile Boli Lass’ – Lassana Diarra


Dans les épisodes précédents

Accoudé à sa table de billard, dans le salon présidentiel du stade Vélodrome, Don Vincenzo calcule son prochain coup. C’est déjà le milieu de la nuit, et la fatigue, les nuages de fumée de cigarette et les verres de bourbon commencent à obscurcir sa vision. Ses amis attendent, patiemment, sans oser le déranger. En cette soirée du 10 avril, quelques heures seulement après le neuvième match consécutif de l’OM sans victoire en championnat, il ne devrait pas être là à jouer au billard, et tout le monde le sait. Dès le lendemain, la presse sera au courant, les journalistes se lâcheront, les fans le lyncheront, les dirigeants du club se fâcheront. Mais Don Vincenzo s’en fiche. Voilà cinq ans que son petit manège fonctionne, qu’il s’accroche à sa place de président, et que la reine Marga’ semble incapable de le déloger. Il en est persuadé, il possède un tel ascendant psychologique sur elle que ce ne sont pas quelques erreurs défensives de Rekik de plus ou de moins qui auront sa peau. Don Vincenzo a décidé, il va rentrer la boule numéro 10. Un numéro qui lui porte chance depuis qu’il a réussi à faire venir ce bon vieux Lass’, une réussite qu’il agite dans tous les sens pour prouver à tous son sens du recrutement.

Trois jours plus tard, la reine Marga’ est, elle aussi, accoudée, mais à son bureau. Après tant d’années passées à se battre, à encaisser les coups, les mauvais résultats, le décès de son époux, à supporter les magouilles, les pressions politiques, les associations de supporters, et à regarder du football à la qualité aléatoire, elle n’a plus la force. Vidée, lessivée, résignée, elle sort sa plus belle plume pour rédiger la lettre de rupture. Depuis quelque temps déjà, les rumeurs allaient bon train sur le Vieux-Port, mais cette fois, c’est définitif : la boutique est à vendre. Une info évidemment officialisée par BFM, qui a une nouvelle fois donné la priorité au direct, et qui a surtout récupéré la missive. « Je comprends la frustration de ne pas voir l’OM pouvoir être compétitif à ce niveau et je vous informe que j’ai pris la décision de céder le club au meilleur investisseur possible pour le long terme.(…)Le prix n’est pas ma préoccupation première. En revanche, la capacité du nouvel actionnaire à construire une équipe qui gagne au plus haut niveau est essentielle. J’ai demandé à mon équipe de conseillers de s’en occuper. À l’instant où l’acheteur sera sélectionné, j’en informerai Monsieur le maire et les supporters » , peut-on y lire. Pour fêter ça, l’OM perd à Monaco trois jours plus tard.

Mais avant de céder les murs, il s’agit de les laver. Alors la reine Marga’ lance son grand nettoyage de printemps. Adios la Miche, qui avait récupéré les clés suite au claquage de porte invraisemblable de Loco ‘Celo. Et après tant d’années à végéter au poste d’adjoint ou à assurer les intérims, Passiznogoud, qui a toujours voulu devenir calife à la place du calife, prend enfin le pouvoir. Assisté d’Amine Baba, mystérieux « coordinateur sportif » , Passiznogoud doit assurer la fin de saison. Traduction, sauver les meubles en championnat, et tenter de remporter la Coupe de France. Une quinzième place et une défaite en finale plus tard, le grand cirque de l’été peut enfin commencer.

Marseille adore les rumeurs et les bruits de couloir. Depuis l’annonce de la reine Marga’, un peu partout, on chuchote les noms des repreneurs potentiels. Qui est assez fou pour participer à la vente aux enchères ? Un matin, La Provence parle d’investisseurs russes. Puis Pablo Dana entre dans la danse, un homme d’affaires italo-suisse, qui serait soutenu par un fonds d’investissement d’Abu Dhabi. Les plus fous avancent que des Iraniens, puis des Chinois seraient sur le coup, avant que le fonds d’investissement américain, Guggenheim Partners, ne prenne la pole. Que des trognes dignes d’un mauvais film d’espionnage, que la reine Marga’ fait patienter en salle d’attente. Du haut de ses bureaux, elle contemple le spectacle. Sous ses fenêtres se jouent les énièmes scènes de cette comédie éternelle qu’est l’Olympique de Marseille, et au milieu de cette agitation, elle préfère prendre son temps, et choisir ses cartouches. À l’heure qu’il est, Don Vincenzo doit être en train de se dorer la pilule au bord d’une piscine, ou de tirer sur un cigare trop gros pour lui, ou alors il explique à un journaliste quelconque comment il va sauver le club, en lâchant des formules stupides du genre « Projet Dortmund » .

Elle le sait même capable de faire les trois à la fois, dans un sommet de vulgarité dont il est coutumier. Mais ce qu’elle sait surtout, c’est qu’il ferait mieux de profiter de ses dernières heures en tant que président de l’OM. Car très bientôt, les agents d’entretien viendront gratter les lettres de son nom sur la porte de son bureau pour les faire disparaître à tout jamais. Puis repeindre le plot de sa place de parking, celui où il était écrit que lui seul avait le droit d’y garer sa berline. Après son quinquennat d’esbroufe, Don Vincenzo pensait sans doute être devenu le maître des lieux, capable de faire oublier son incompétence grâce à sa grande gueule et à quelques trouvailles par-ci par-là présentées comme des coups de génie. Cet idiot a même réussi à finir en garde à vue pour parler de certains transferts douteux, et avait proposé au policier qui enregistrait sa déposition de l’embaucher comme directeur de la sécurité de l’OM. La reine Marga’ ferme ses stores vénitiens et reboutonne son chemisier. Il était temps d’en terminer.

Le 20 juillet, le couperet tombe. Par un communiqué, dans un premier temps. Don Vincenzo est éjecté, et laisse sa place au Suisse, un ami de longue date des Louis-Dreyfus. Une seule ligne est consacrée au partant, et pas pour le congratuler, simplement pour indiquer qu’il « sera libéré de toutes ses fonctions à l’OM à compter du 25 juillet 2016 » . Deux semaines plus tard, la reine tient une conférence de presse pour présenter le nouvel organigramme du club. Avec sa voix d’hôtesse de l’air de l’Aeroflot annonçant l’arrivée dans un aéroport en français, elle déroule : « Le processus de cession ne va pas déranger la saison. » L’OM veut redevenir un club de grande valeur, « et ceci indépendamment de qui sera le propriétaire » . Se concentrer sur le terrain pour laisser la reine s’occuper du reste, l’OM ne demande que ça, mais à peine trois semaines après son arrivée, le nouveau directeur sportif, Günter Jacob, est cambriolé chez lui, en plein Marseille. Plus de voiture, plus d’ordinateur, et toujours pas de nouveau propriétaire. Du flou, encore et toujours, alors que le mercato est en train de virer à l’hémorragie soignée par Mr Bricolage, entre départ de presque tous les cadres, et arrivées peu rutilantes de seconds couteaux n’ayant pas réussi à s’imposer ailleurs.


L’épisode du jour

Continuer d’agiter le drapeau de la vente du club, c’est bien beau. Mais depuis le mois d’avril, aucune information sérieuse n’est arrivée. Où en sont les dossiers ? Elle n’en dira rien. Pourquoi refuse-t-elle certaines candidatures ? Qui sont les candidats sérieux ? Que sort de ces discussions entre tous ces millionnaires quand ils viennent enquiller les petits fours au Vélodrome, en faisant mine de s’intéresser à une équipe qui porte des maillots Intersport ? Même le plus puissant des mistrals ne parvient pas à chasser le brouillard. Mais après tant d’amants éconduits, France Footballannonce fièrement que la perle rare a été trouvée. Le Forain est dans la place. Homme d’affaires un peu espagnol, un peu luxembourgeois, le Forain est un quadragénaire dégarni, mais à l’air sympathique et au compte en banque plutôt épais, qui s’est déjà offert un gros jouet avec l’écurie de Formule 1 Lotus Team il y a quelques années.

Et alors que les Français sont en train de vivre le début de la prochaine présidentielle, avec son florilège de propositions farfelues et d’idées grotesques, les Marseillais ne mettent pas longtemps avant de comprendre que le Forain s’y connaît aussi niveau promesses de campagne. Car dans le 13, mais aussi partout dans l’Hexagone, les smartphones se sont mis à vibrer au fond des poches. Des push, des alertes, venant de tout ce que le pays connaît de médias sérieux, pour annoncer la grande nouvelle : si le Forain devient propriétaire du club, il arrive avec Loco ‘Celo dans ses valises. Heureusement, les fans de l’OM ont pris l’habitude de ne pas déboucher le champagne trop tôt. Effarée, la reine Marga’ a jeté tous ses journaux à terre pour se précipiter sur son fax, et envoyer ce communiqué où elle jure qu’elle « dément formellement les informations publiées par France Football indiquant que le club aurait été vendu » . Un retour à la case départ sec, brut, violent. Seul satisfait de l’histoire, Passiznogoud, qui caressait sa reine dans le sens du poil en conférence de presse pour garder son poste : « Elle pense aux supporters pour ne pas amener un charlatan. Il faut la laisser travailler. Sur la vente, je ne peux pas vous répondre. Je m’occupe du foot, pas du business. »


Dans le prochain épisode

Après avoir dit au revoir à plus de la moitié de son onze de départ de la saison dernière, et ouvert ses portes à quelques revanchards qu’on a arrimés de façon un peu précipitée au projet sportif marseillais, l’OM peut enfin se mettre la tête dans le guidon et entrer dans sa saison. Pas question de répondre aux questions des journaleux sur la vente, les joueurs et le staff ont reçu une consigne claire. La seule réponse, comme au capitaine Haddock dans Tintin et le temple du soleil, c’est « No sé ! » , on ne sait rien ! Mais en coulisses, la reine Marga’ ne peut plus résister très longtemps aux avances du Forain. Ce dernier est en position de force, et sait qu’il peut obtenir un prix au rabais en poussant le lobbying à son paroxysme. La politique du mur abattu à l’usure a souvent fait ses preuves, et en bon patron d’écurie de Formule 1, le Forain veut aller vite. La réunion est organisée à la fin septembre, dans les salons du Vélodrome. Comme prévu, le Forain arrive dans la salle accompagné de Loco ‘Celo. De ses yeux possédés, ce dernier fixe le contrat, puis les stylos, en attendant qu’on lui ordonne de parapher. Les traits tirés, la reine Marga’ ressemble à ceux que l’on vient de faire monter sur l’échafaud. Le sourire jusqu’aux oreilles, le Forain lance une dernière blague avant de consommer l’union : « Si quelqu’un a quelque raison que ce soit de s’opposer à ce mariage, qu’il parle maintenant, ou se taise à jamais. »

Manifestement fier de lui et de cette boutade préparée de longue date, il pose la bille du stylo sur le papier, quand un vacarme retentit dans la pièce d’à côté. Affolée, la bande ouvre la porte, s’offrant une vue sur le spectacle de Don Vincenzo qui vient de frapper brutalement dans sa boule blanche pour casser bruyamment et ouvrir sa partie de billard. Ne réagissant même pas à l’arrivée de la troupe dans la salle, il se dirige nonchalamment vers le coin pour tendre la queue à son partenaire de jeu. « Vas-y, c’est ton tour, patron. » Horrifié, le Forain hurle : « C’est quoi ce cirque ? Qu’est-ce que tu fous encore ici, toi ? Et c’est qui, patron ? Y a qu’un seul patron ici, c’est moi ! » Sortant de l’ombre qui le dissimulait, l’acolyte de Don Vincenzo s’avance alors, glaçant le sang de tout le monde. D’une voix puissante, au débit rapide et à la gouaille légendaire, il annonce : « Salut petit. Tu me connais, t’as déjà dû me voir à la télé, ou sur le Tour de France, ou au Conseil des ministres, sur des affiches électorales peut-être, ou alors en train de soulever la Ligue des champions. Tu m’as peut-être même acheté des survêts’ Adidas si t’as bon goût, ou alors t’es venu me voir au tribunal si t’es un brin vicieux. Bref. Laisse-moi terminer ma partie, et j’arrive pour signer ton contrat et récupérer mon club. Allez, je te sers quand même la main. Salut. Moi, c’est Nanar. »

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