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Pinilla, l’Amara Simba du Chili
L'attaquant de l'Atalanta s'est découvert une spécialité et régale les foules par ses multiples retournés qui font très souvent mouche. Une bonne façon d'archiver la malchance du dernier Mondial et l'occasion de rappeler qu'il est un des meilleurs avants-centres de la Serie A.
Et si ces bicyclettes étaient un moyen d’exorciser cette fameuse barre transversale contre le Brésil en 8e de finale de la dernière Coupe du monde avec le Chili. Un fait de jeu qui a fini sur la peau de Mauricio Pinilla et qui l’a rendu célèbre bien malgré lui. Mais c’est désormais pour ses multiples acrobaties que l’on parle de l’attaquant de l’Atalanta, 14e club d’une carrière complètement folle qui l’a vu sombrer, puis renaître de ses cendres lors de son second passage dans la Botte. Le premier, c’était en 2003, un contrat à l’Inter, un prêt infructueux au Chievo, un long chemin de croix qui l’a vu fréquenter l’Écosse, l’Espagne, le Portugal, le Brésil et même Chypre avant le retour dans la péninsule. En retour par la petite porte, à Grosseto, en Serie B.
Voir Grosseto et revivre
C’est dans ce club de Toscane que tout a vraiment commencé, comme raconte coach Elio Gustinetti : « Il était arrivé à la toute fin de la préparation et j’avais une semaine pour le juger. Mauricio était dans une condition physique précaire, mais il avait tout de suite montré qu’il était un joueur « atypique » pour le championnat de Serie B. » Et effectivement, très vite, le moustachu se rend compte que le Chilien n’a rien à faire ici : « Il a survolé le championnat en inscrivant 24 buts en 24 journées dont au moins un durant 13 journées consécutives, malheureusement, il a loupé le sprint final à cause d’une blessure. » Une fragilité physique, mais aussi une réputation de tête brûlée qui le poursuit : « C’est une étiquette qu’on lui a collée et c’est l’idée que j’avais de lui avant de le connaître. Seulement, Grosseto est une petite ville et il y avait très peu de distractions, donc ça l’a aidé pour se relancer. Il avait vraiment envie de se remettre en question pour reconquérir la sélection chilienne. »
Et déjà, à l’époque, saison 2009-10, Pinilla se distingue pour ses gestes sortis de nulle part : « C’est bien simple, le tout premier match qu’il a joué à Grosseto, c’était un amical contre les U19, seulement un jour après son arrivée. Il est entré en jeu et a claqué un retourné après seulement trois minutes. Alors le voir tenter ce geste très souvent ne me surprend pas du tout ! Chez nous, il en avait fait quelques-uns et avait même touché le poteau par deux fois. » Après cette saison exceptionnelle, Mauricio regoûte donc à la Serie A en filant à Palermo avant d’enchaîner sur Cagliari, le Genoa et enfin l’Atalanta. Pas toujours titulaire ou disponible, il possède un bilan honorable de 43 buts en 133 matchs de Serie A qui correspond pile à un but tous les deux rencontres en se basant sur le temps de jeu effectif. Des stats que de nombreux avants-centres aimeraient posséder.
Bicyclettes en entrée et tacles en dessert
À ce rythme-là, les bicyclettes de Pinilla égaleront la notoriété des « casonsei » au rayon des spécialités de la ville de Bergame. En effet, le Chilien a inscrit 8 buts depuis janvier avec les Bergamasques, dont pas moins de la moitié sur retourné acrobatique ! La première, c’était pour son premier but sous ses nouvelles couleurs, et synonyme de victoire contre Cagliari, dans les arrêts de jeu qui plus est. La seconde fut à la fois la plus belle, mais aussi la plus inutile, puisque l’Atalanta s’inclina 2-1 contre le Torino. La troisième était synonyme de maintien virtuel contre Cesena et enfin la quatrième la semaine dernière. L’ancien Parisien Boukary Dramé est son coéquipier, mais aussi un spectateur privilégié : « Il n’y a pas de hasard quand tu as de telles proportions de réussite, c’est un geste qu’il maîtrise parfaitement, même s’il ne passe pas des heures à l’entraînement à le travailler. En tant qu’arrière latéral, on pourrait penser que j’ai pour consignes de centrer un peu plus en arrière, mais non, c’est lui qui arrive toujours à se positionner comme il le faut. »
Des buts de malades souvent gâchés par une indiscipline chronique, et pas forcément pour les raisons auxquelles on pense, comme l’explique le Sénégalais : « Son match contre Sassuolo le résume très bien, le deuxième jaune, et donc le rouge, il en écope pour avoir tenté de défendre dans la moitié de terrain adverse, bon ben, il maîtrise moins bien le tacle, hein. Mais pour l’avoir souvent affronté en tant qu’adversaire, je peux certifier que c’est un mec très chiant à jouer, il ne lâche rien et ne te laisse pas relancer tranquillement. Son côté provoc’ ? C’est l’impression qu’il donne, car c’est surtout un travail de sape. » Un discours confirmé par Elio Gustinetti : « Mauricio met le pied, il ne sait pas retirer sa jambe lorsqu’il va au duel, alors ça lui cause des blessures, mais aussi quelques sanctions de trop. » Le tacle n’étant finalement qu’une bicyclette à ras du sol.
Par Valentin Pauluzzi