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Pierre Lemonnier : « En confinement, j’ai passé deux semaines sur un tracteur »

Propos recueillis par Sofiane Boumezbar
Pierre Lemonnier : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>En confinement, j’ai passé deux semaines sur un tracteur<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Rien ne prédestinait Pierre Lemonnier, fils d’agriculteurs sorti du club de Bazouges-la-Pérouse, à devenir footballeur professionnel. Mais entre sa formation à Rennes, ses passages à Dijon et Granville, son épopée au Mans et aujourd'hui la Ligue 2 à Guingamp, le défenseur récolte enfin ce qu'il a semé.

Le chemin a été long, mais à 28 ans, tu es maintenant bien installé dans un club pro, en l’occurrence à En Avant Guingamp. Tu étais encore en National l’an passé, alors comment t’es-tu fait une place dans ce club et à ce niveau ?L’intégration s’est très bien passée. Il y a une très bonne ambiance dans le groupe. Malgré le fait que je n’avais pas beaucoup de saisons en Ligue 2 en arrivant (dans le groupe pro avec Dijon en 2014-2015, mais sans apparaître sur le terrain, puis une saison avec Le Mans, NDLR), le club m’a tout de suite fait confiance en me donnant un rôle de cadre. On a une équipe très jeune, et ce rôle me va très bien. Le club correspond bien à mes valeurs. À la base, En Avant Guingamp, c’est un club qui vient de loin avec peu de moyens et qui, malgré tout, avec ses armes, arrive à faire de très belles choses. Ça colle plutôt bien à mon vécu.

À la base, En Avant Guingamp, c’est un club qui vient de loin avec peu de moyens et qui, malgré tout, avec ses armes, arrive à faire de très belles choses. Ça colle plutôt bien à mon vécu.

Vous êtes 12e de Ligue 2, à dix points des barrages… Quels sont vos objectifs de fin de saison ? La priorité de cette saison était de retrouver l’identité du club, de faire en sorte que les supporters se retrouvent dans leur équipe et je pense que pour le moment l’objectif est rempli. Cette saison, si on arrive à faire une série, c’est toujours possible d’accrocher le top 5. Et sur les prochaines, le club a bien l’ambition de remonter en Ligue 1 à plus ou moins court terme.

Tu parles d’identité de club et, ça tombe bien, tu es toi-même breton. Comment es-tu arrivé au foot ?J’ai commencé le foot à 4 ans, à l’US Bazouges-La-Pérouse (en Ille-et-Vilaine, NDLR) avec mon frère Antony qui a deux ans de plus que moi. J’étais un peu trop jeune pour intégrer un club en principe, mais comme ma tante était coach des poussins, j’ai bénéficié d’un petit passe-droit, on va dire ! (Rires.) J’ai d’abord joué gardien de but avant de passer joueur de champ. D’ailleurs, j’étais un bon buteur. À 10 ans, mon coach a conseillé à mes parents de nous emmener dans le club formateur du coin : le Stade rennais.

Comment s’est passée la transition de Bazouges-la-Pérouse au Stade rennais ?Rennes, c’est à environ 45 minutes de chez mes parents. Étant agriculteurs, ils ne pouvaient pas se permettre de faire plusieurs allers-retours dans la journée pour nous amener au foot. Du coup, ils ont dit dès le début, à mon frère et moi, qu’il fallait qu’on soit pris tous les deux. Je me souviens, je suis passé le matin, tout de suite, le coach a dit à mes parents que je pourrais intégrer l’équipe l’année suivante. Mais eux attendaient le test de mon frère l’après-midi, s’il n’avait pas été pris, ça n’aurait pas été possible. Petite pression pour lui à ce moment-là ! Finalement, on a été recrutés tous les deux. Au départ, je jouais attaquant, dans l’équipe B, et petit à petit, l’entraîneur m’a fait descendre pour me placer en défense centrale. L’année suivante, je suis passé dans l’équipe A à ce poste.

Il vaut mieux ne pas te retrouver dans une case avec un cochon de 120 kilos ! Tu peux très facilement te faire marcher dessus et te faire une entorse du genou, par exemple. Je me vois mal expliquer à mon entraîneur ou à mon président les circonstances de ma blessure !

Ça t’arrive encore de donner un coup de main à tes parents, quand tu rentres à la ferme familiale ? Étant plus jeune, je les aidais assez régulièrement avec mon frère et ma sœur. Aujourd’hui, je le fais de moins en moins. Mes parents cultivent des céréales et élèvent des porcs. Il vaut mieux ne pas te retrouver dans une case avec un cochon de 120 kilos ! Tu peux très facilement te faire marcher dessus et te faire une entorse du genou, par exemple. Je me vois mal expliquer à mon entraîneur ou à mon président les circonstances de ma blessure ! Petit, il m’est arrivé plus d’une fois de me faire mal. Il n’y a qu’à demander à mon père, les genoux prennent très cher avec les porcs ! Pour ce qui est du reste, ça m’arrive de leur donner un coup de main. J’ai passé le premier confinement chez eux, j’ai passé deux semaines sur un tracteur à retourner la terre…

Puisqu’on parle d’exploitation familiale, tu as donc joué avec ton frère à Rennes. Comment s’est passée cette « cohabitation » ? C’était en première ou deuxième année au centre de formation. Il y avait une troisième équipe en DSE ou DSR, l’équivalent de la R2. Mon frère jouait dans cette équipe, alors que j’étais dans le groupe au-dessus. Mais comme quelques joueurs descendaient chaque week-end, j’ai dû faire une dizaine de matchs avec mon frère, lui sur le côté, moi dans l’axe de la défense. (Aujourd’hui, Antony est retourné vers l’agriculture, il cultive le maïs et élève des porcs, comme ses parents, NDLR.)

Comment s’est passée ton intégration au centre de formation du Stade rennais ?Après deux ans dans les équipes de jeunes, je n’ai pas intégré tout de suite le centre de formation. J’ai passé une saison dans l’équipe qui évoluait à l’époque en DH. Jamais le club n’avait pris un joueur amateur pour le mettre au centre de formation. Grâce à l’appui de Franck Haise et de Pierre-Emmanuel Bourdeau, le club a fait une exception et j’ai pu entrer au centre. Je n’ai pas douté, j’avais l’appui de mes parents et de Pierre-Emmanuel Bourdeau qui m’a toujours dit qu’il essaierait de me faire passer un palier.

C’est ensuite pourtant au Mans qu’on t’a réellement donné ta chance au haut niveau, avec deux montées successives avec Le Mans FC de National 2 à Ligue 2. Qu’y as-tu trouvé ?Déjà une ambiance de fou ! Tout était fait pour que le groupe vive bien. Cet état d’esprit est, je pense, l’une des clés de ces montées. On avait tous envie de se donner à fond les uns pour les autres. Je me souviens d’un tour de Coupe de France qu’on devait aller jouer à La Réunion, lorsqu’on était encore en National 2. On ne pouvait pas partir tous ensemble pour des raisons financières. Dans le vestiaire, on nous a demandé si on était prêts à se cotiser pour payer le voyage de ceux qui ne devaient pas venir et on a répondu oui, sans hésitation et à l’unanimité. Finalement, le président a dit que pour récompenser cette solidarité, il prendrait en charge leur voyage lui-même. Je trouve que cette anecdote montre bien la volonté qu’on avait de vivre des choses tous ensemble. C’est l’une des équipes avec laquelle j’ai passé le plus de temps en dehors du foot.

Cette double montée est-elle ton meilleur souvenir de footballeur jusqu’à présent ?Même si j’ai connu un quart de finale de Coupe de France face à Marseille au Vélodrome avec Granville, le meilleur souvenir, c’est la montée en Ligue 2. Après une super année en N2 conclue par la montée, on a commencé sur les mêmes bases en National avec le même noyau de joueurs, une vingtaine environ. On réalise de bons débuts, avant de connaître une période de huit matchs sans victoire et on repasse à cinq points de Laval, grand rival du Mans, qui était quatrième. Pourtant, on gagne les cinq derniers matchs et on accroche les barrages contre le Gazélec Ajaccio. Là aussi, il y a un sacré scénario. Après avoir perdu 2-1 à l’aller, au retour, il y a un penalty pour eux alors qu’on gagne 1-0. Notre gardien l’arrête, et à la 97e minute, notre attaquant Mamadou Soro marque sur un retourné acrobatique, et ça se termine là-dessus. Incroyable !

Jean-Kévin Augustin est celui qui m’a posé le plus de problèmes. Je l’ai affronté en CFA et il était déjà incroyable, un poison.

Tu as joué à différents échelons. Quelles sont les principales différences que tu as notées entre les divisions ?En CFA 2 ou en CFA, on peut rattraper des coups, par la vitesse, par exemple. Les duels sont aussi moins intenses, si on compare à la Ligue 2. Entre le National et la Ligue 2, la chose qui m’a le plus marqué, c’est l’efficacité. Si tu te rates, derrière, c’est but !

Au cours de ta carrière, quel attaquant t’a posé le plus de problèmes ?J’ai déjà joué contre Mbappé, en Coupe de la Ligue et il était très compliqué à prendre, mais je dirais que Jean-Kévin Augustin est celui qui m’a posé le plus de problèmes. Je l’ai affronté en CFA, et il était déjà incroyable, un poison : il part toujours dans la profondeur, il fait ses appels au bon moment et surtout, il va à 2000 à l’heure…

Quels sont tes objectifs personnels pour la suite de ta carrière ?Mon objectif a toujours été de jouer en Ligue 1. J’espère sincèrement que ça sera avec Guingamp. Pour le moment, je n’ai pas encore envisagé l’étranger, je sais que beaucoup de joueurs vont en MLS ces dernières années, mais je n’y ai pas vraiment réfléchi pour le moment.

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