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Petit à petit, Rodri fait son nid
Dans l'anonymat presque général, Rodri s'est imposé comme une pièce maîtresse du Manchester City de Pep Guardiola. Non pas que les 70 millions d'euros qu'il a coûtés soient passés à l'as, mais le futur champion d'Angleterre regorge de talents qui attirent mécaniquement la lumière. L'homme aux 19 capes avec la Roja leur laisse volontiers. Sans faire de bruit, mais en tirant toutes les ficelles.
Le radar a tendance à passer au-dessus, sans s’arrêter sur lui. Difficile de le manquer pourtant du haut de ses 191 centimètres, d’autant plus dans une équipe de formats de poche. Les buts sont rares, seulement deux cette saison. La faute à son poste, certainement, qui le cantonne à un travail de l’ombre. Mais il faut de tout pour faire un monde, et il faut de tout pour faire une équipe. Et dans son rôle, Rodri excelle. Manchester City n’a pas hésité à lâcher 70 millions d’euros pour l’arracher à l’Atlético en 2019, après seulement une saison à Madrid. Pour la simple et bonne raison que Pep Guardiola a vu en lui le joueur capable d’occuper le rôle qui était celui de Sergio Busquets dans son légendaire Barça. Le champion du monde 2010 fait évidemment partie de ses sources d’inspiration, comme Bruno Soriano, qu’il a côtoyé à Villarreal. Autant d’exemples qui bossent en coulisses afin que les stars bronzent sur le devant de la scène.
Rod Ze God
Guardiola s’était chargé des présentations il y a deux ans : « C’est un jeune milieu de terrain défensif qui pense très vite. J’espère qu’il sera là pour longtemps. Rodrigo est grand, ce qui est très bien pour une équipe comme la nôtre. » Ses 191 centimètres sont en effet précieux sur les phases arrêtées, en atteste le fait que trois de ses quatre derniers buts ont été marqués de la tête. Loin d’être la seule flèche dans son carquois. S’appuyant sur ses qualités de passe et son sens du jeu, le milieu de 24 ans a réduit Fernandinho à un second rôle, alors que le Brésilien était l’homme de base de l’entrejeu des Skyblues. Le garant de l’équilibre ciel et blanc se nomme désormais Rodrigo Hernández Cascante, et Guardiola l’a bien compris. Éclipsé par les caviars de Kevin De Bruyne ainsi que par les buts d’İlkay Gündoğan et Phil Foden, l’Espagnol est toutefois le deuxième joueur de champ le plus utilisé par Guardiola cette saison, seulement devancé par Rúben Dias.
Capable de casser les lignes, comme au Parc à la 82e minute, le numéro 16 est surtout une machine à laver qui lave bien. En février 2020, Rodri avait ainsi fait sauter le record du nombre de passes tentées (188) et de passes réussies (178) lors d’un seul match de Premier League contre West Ham. Une propreté qu’il n’a pas perdue depuis, à l’image de ses 94% de passes réussies en Ligue des champions cette saison. Parmi les joueurs ayant distribué plus de 600 ballons dans la compétition, seul Rúben Dias, encore, fait mieux (96%).
Presser pour essayer de l’enrayer
Distribuer, oui, mais en s’activant un tant soit peu, puisqu’il parcourt en moyenne 11,7 kilomètres par rencontre en C1. Nouvelle médaille d’argent, puisque son coéquipier Bernardo Silva est légèrement devant (11,8 km). Le moteur tourne, tout comme le programme. Même s’il ralentit parfois. Le consultant Micah Richards, ancien de la maison mancunienne, l’avait ainsi pointé du doigt après la débâcle contre Leicester sur Sky Sports : « Je ne rejette pas la faute uniquement sur Rodri, il y a eu beaucoup de mauvaises performances. Mais au milieu de terrain, il ne lit pas le danger comme Fernandinho le fait, et la ligne arrière est exposée. C’est arrivé encore et encore. Je ne sais pas combien de fois cela peut arriver à City avant qu’ils ne rectifient le tir. »
Visiblement, il est corrigé, puisque les Citizens n’ont concédé que 14 buts lors des 28 rencontres de Premier League qui ont suivi avec Rodri. Aussi propre soit-elle, le match de Paris a prouvé que la machine pouvait être (momentanément) contrecarrée. L’agressivité parisienne l’avait gênée, notamment lorsque le pressing d’Ángel Di María lui avait fait perdre la possession, jusqu’à offrir une position de frappe à Neymar. Les hommes de Mauricio Pochettino seraient bien inspirés de recommencer pour espérer rallier Istanbul.
Par Quentin Ballue