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Perbet : « Comme attaquant, je suis né 20 ans trop tard ! »

Propos recueillis par Adrien de Marneffe
Perbet : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Comme attaquant, je suis né 20 ans trop tard !<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Jérémy Perbet s’éclate chez le promu belge, Mons. A 27 ans et après plusieurs saisons de galère, le Clermontois écrase le classement des buteurs de Jupiler League, avec 17 réalisations. Rencontre avec un attaquant à l’ancienne.

Jérémy, tu es vraiment en feu en ce moment: meilleur buteur de Belgique, 17 buts. C’est la première fois de ta carrière que tu inscris des buts aussi facilement ?Pas vraiment. En France, à l’AS Moulins (en National à l’époque, ndlr), j’avais marqué plus de 30 buts en une saison. Et puis, un attaquant comme moi dépend beaucoup des joueurs qui l’entourent. Ici à Mons, on joue un football offensif. Je suis entouré à ma droite de Tim Mathijs, meilleur passeur du championnat, ou Zola Matumona, le meneur de jeu de l’équipe Congo, très déroutant, avec un super crochet.

Tu espères quoi pour la suite de ta saison? Et pour celle de ton club Mons ?Qu’on gagne la Coupe de Belgique ! On est en demi-finale. Mons est un club très familial, avec énormément de joueurs français dans le noyau, un public très chaleureux et enthousiaste. On est 8ème (10ème depuis les matchs disputés cette semaine, ndlr), un exploit. J’espère qu’on ne va pas se démobiliser. D’un point de vue personnel, je réalise une super saison et je ne peux pas me permettre d’arrêter de marquer. J’espère terminer meilleur buteur.

Quand on regarde ta carrière, on remarque que tu as pas mal galéré, quand même ?Déjà, je suis arrivé dans le milieu pro, un peu par hasard. Mes parents ont toujours privilégié les études. Mais à 18 ans, j’ai passé un test à Clermont, en Ligue 2 et ils m’ont fait signer. Je ne suis pas passé par un centre de formation ! Là-bas, en une cinquantaine de matchs, je marque 10 fois. Pour moi, c’était déjà exceptionnel. Puis j’ai choisi de reculer en National, pour engranger davantage de temps de jeu, et j’ai terminé meilleur buteur du championnat. Ensuite, je signe à Strasbourg, qui descendait tout juste de Ligue 1. Un club compliqué, avec 35 joueurs sous contrat, de la pression. Le coach, Jean-Pierre Papin m’appréciait. Il me disait que je lui faisais penser à lui, à ses débuts, un vrai buteur. Mais le club voulait remonter immédiatement, alors Papin a choisi de faire jouer des mecs expérimentés. Je ne lui en veux pas, puisque le club a rejoint la Ligue 1 au terme de la saison. Après il y a eu Charleroi, Angers, Tubize, Lokeren et enfin Mons.

Ne pas avoir fréquenté de centre de formation, ça t’a pénalisé ?En France, on a la chance de disposer d’une excellente formation des jeunes joueurs. En comparaison, celle de la Belgique est catastrophique. Forcément, le pays utilise beaucoup de joueurs français. Je souffre de lacunes que j’aurais pu gommer dans un centre de formation, comme améliorer mon explosivité ou ma détente.

« Il me dit qu’il ne recherchait pas un attaquant qui marque des buts »

D’un autre côté, tu n’es pas un joueur « formaté » . Des buteurs dans ton style, les centres de formations n’en sortent plus…C’est vrai que ça aurait pu me dégoûter du foot. J’ai plein d’amis qui sont partis au centre à 13, 14 ans. Maintenant, ils galèrent en CFA ou en DH. Ils ont tout donnés pour le foot, très jeunes et en sont un peu dégoûtés aujourd’hui.

Et comment expliques-tu qu’à 27 ans, subitement, tu exploses ?J’avais déjà réalisé une bonne saison en D1 belge, avec Tubize en 2009, avec 13 buts mais le club a été rétrogradé. J’ai alors été contraint d’évoluer une saison complète en D2, la direction s’était montrée trop gourmande sur mon transfert… Maintenant, c’est vrai qu’avec l’expérience, je commence à connaitre mon corps, à savoir comment me soigner, comment être performant chaque week-end. J’avais besoin de m’habituer au professionnalisme, je suis passé de 2 entrainements par semaine, à 2 par jour, sans transition. Et puis, j’ai été pas mal retardé par les blessures depuis mon arrivée en Belgique.

Tu as un profil de vrai buteur, à l’ancienne, de renard comme un Trezeguet ou Crespo. Pourquoi on en trouve de moins en moins ?On n’en voit plus ! Depuis que je suis en Belgique, quand on voit mes statistiques, c’est très bon (35 buts en 70 matchs de D1 et 26 buts en 30 matchs de D2), mais aujourd’hui les coachs privilégient des joueurs qui prennent la profondeur, qui vont vite, qui sautent haut. Pas forcément des attaquants qui marquent des buts. Mon dernier exemple en date c’est à Lokeren, il y a 2 ans. Là, Peter Maes, un coach très défensif, me dit que je suis un formidable buteur, mais qu’il ne recherche pas un avant qui inscrit des buts. Plutôt un costaud qui effectue beaucoup de courses, prend la profondeur (Le titulaire actuel à la pointe de l’attaque de Lokeren, Benjamin Mokulu, une armoire à glace, n’a inscrit que 8 buts en 54 matchs, ndlr). Si j’avais joué il y a 20 ans, j’aurais sans doute réalisé une meilleure carrière.

Sinon, comment juges-tu le niveau de Mons et du championnat belge ?Je pense que Mons a le niveau de la Ligue 2. Et dans le haut de tableau, il y a pas mal d’équipes qui pourraient facilement évoluer en Ligue 1 française. D’un point de vue général, le niveau en Belgique est assez homogène et les matchs sont très disputés.

« A Charleroi, le président Bayat décidait presque de l’équipe »

En 2007, premier contact avec la Belgique, tu débarques à Charleroi, une ville un peu sinistré, un club difficile, une direction spéciale. Tu n’as pas été inquiet ?C’est sûr que ça changeait beaucoup par rapport à la France. Mais j’avais aussi envie de voir autre chose, de m’expatrier.

A Charleroi, à l’époque on achetait à tour de bras puis on jetait les joueurs comme des Kleenex…Je jouais, je marquais. Mais dès que j’ai émis l’idée de retourner en France, on m’a mis en tribune. D’ailleurs Brice Jovial qui s’éclate à Dijon ne jouait jamais. A Charleroi, c’était presque le président, Abbas Bayat et son neveu Mogi qui faisaient l’équipe, géraient tout. Les entraîneurs se faisaient virer tout les 10 matchs. Cette saison, les Zèbres évoluent en D2. C’est triste, mais en gérant un club de la sorte, vous finissez par subir un retour de manivelle.
Tu as connu la Flandre et la Wallonie. Est-ce vraiment différent ?Au niveau de la mentalité, en Flandre, c’est du chacun pour soi. En Wallonie, il y a quand même plus d’ambiance.

De toute ta carrière, quels sont les coachs qui t’ont marqués ?Albert Cartier, à Tubize (ancien coach du FC Metz). Un vrai para-commando, exigeant mais juste. Il était au club dès 6h du matin, jusque tard. Un soir de défaite 3 à 0 en Coupe, il nous a forcé à courir pendant 2 heures dans les rues de la ville, à minuit. J’ai vu des coéquipiers en pleurs, morts de fatigue après leur match. Ou ce stage d’hiver dans les Vosges. Une semaine sans voir un ballon, à faire du ski de fond. Sur le moment, on ne rigolait pas. Mais Cartier, ce n’est pas le genre de personne qu’on aurait osé défier. Surtout pas !

Ton pire entraineur ?Jean-Louis Garcia, à Angers. Il entraine aujourd’hui Lens.

Qui sont selon toi les meilleurs joueurs que tu aies côtoyé en Belgique ?A l’époque, il y a avait Oneywu au Standard, une montagne en défense, impossible à bouger. Et puis Witsel, un joueur très fin. Cette saison, j’aime bien Matias Suarez, très déroutant.

Ton club préféré en Belgique, à part Mons ?Le Standard de Liège. Son public me fait penser à celui de Marseille. Vraiment très chaud!

T’as pensé quoi de la France à la Coupe du Monde ?Je n’arrive pas à m’identifier à cette équipe, je ne suis pas un grand fan. Quand tu représentes un pays tu dois montrer l’exemple. Après y a des cons partout.

Tu imagines comment la suite de ta carrière ?Aucune idée. On verra comment évoluent les choses après cette saison. Mais c’est sûr qu’un titre de meilleur buteur, ce serait un vrai bonus.

La Ligue 1, ça t’attire ?Pourquoi pas ? Les saisons précédentes, je regardais les matchs, il n’y avait pas trop de buts, c’était vraiment très défensif ! Mais cette année, j’ai l’impression que ça évolue. Je serais évidement heureux de revenir en France, dans un club de Ligue 1.

Theo Hernandez, le prince de la vrille

Propos recueillis par Adrien de Marneffe

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