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Pays-Bas : vive le « dutch flair » !

Par Chérif Ghemmour
Pays-Bas : vive le «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>dutch flair<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>» !

Dans cet article, vous ne lirez pas une seule fois le mot « néerlandais », mais plutôt le mot « hollandais ». Parce que dans cet article, il sera question du football hollandais éternel. Le beau football, magnifique… et irrationnel ! Comme le french flair en rugby.

Tous les marins du monde vous raconteront cette expérience terrifiante vécue la première fois et qu’ils redoutent de vivre par la suite : il fait beau, le soleil est haut, pas un nuage, la mer est plate, la brise caresse le pont. Et puis en dix minutes, la houle fait tanguer la coque, le ciel s’obscurcit et un grand vent se lève. Un quart d’heure plus tard, le navire est plongé dans des creux de 10 mètres sous un déluge d’éclairs et de pluie battante ! Le foot hollandais, c’est un peu ça : une équipe sans éclat et sans saveur qui se met soudainement à jouer divinement et fait déferler des vagues orange sur l’adversaire emporté dans un trou noir. Revoyez les regards perdus des marins Ramos, Xabi Alonso et du capitaine Casillas contempler l’épave de leur goélette échouée sur les récifs… Historiquement, trois nations au monde possédaient ce pouvoir de désintégrer totalement leurs vis-a-vis sur des séquences foudroyantes : la Mannschaft d’antan, qui emportait tout dans des fins de matchs épiques ; la Seleção des années 1958-1970 (sauf 66), ainsi que celle de 1982 ; et enfin les Pays-Bas, depuis 1974. Mais seuls les Hollandais ont gardé cette faculté à se créer des purs moments de grâce où ils deviennent subitement irrésistibles, souvent après des phases où ils ont été menés au score, transparents, malmenés, dominés ou butant sans imagination sur une équipe qui leur résiste. Qui plus est, c’est dans ces moments d’euphorie dévastatrice que les Hollandais marquent des buts d’anthologie.

Outre le Pays-Bas – Espagne d’hier soir, les exemples sont légion (contre la RFA à l’Euro 1988, contre le Brésil au Mondial 1994 et au Mondial 2010, contre la France à l’Euro 2008). Même dans des matchs perdus, les Oranje se créent parfois des zones de turbulence à faire tomber des avions : à l’Euro 2012, leur réveil volcanique mais tardif contre l’Allemagne (1-2) avait bien failli leur apporter la victoire. Ces moments de pure folie se traduisent sur le terrain par des transmissions télépathiques ultra rapides (Sneijder vers Robben contre Espagne 2010), des angles de tir impossibles mais devenus hyper fastoches (Van Basten 1988), des frappes lointaines inouïes (Arie Haan 1978, Van Bronckhorst contre l’Uruguay 2010), des diagonales du fou insensées (Blind pour la tête de Van Persie, hier), des verticales létales (De Boer pour Bergkamp contre Argentine 98) ou des mouvements géniaux à 15 000 passes (tout l’Euro 2000, surtout contre la Yougoslavie-Serbie 6-0 et tout le premier tour de l’Euro 2008)… Ne cherchez pas ! Les Hollandais sont uniques en foot comme le sont les Français en rugby : french flair et dutch flair sont le bon génie dans la lampe. Une lampe qu’il suffit juste de frotter parfois pour que tout devienne momentanément merveilleux, irréel. Le problème, bien sûr, c’est que french et dutch flairs ne se commandent pas, ne marchent pas à tous les coups et ne donnent pas forcément la victoire… Tant mieux, quelque part. Calmos ! Remember 2008…

Hier, la Hollande était à la rue en première mi-temps : l’Espagne la faisait valser avec ses balles plongeantes dans le dos des défenseurs pas si rassurants que ça. Malgré un péno « limite » (0-1), la Roja contrôlait avec insolence au point que David Silva manquait d’achever la bête (comme Kaká avait manqué le 2-0 en 2010 !). Une minute plus tard, Van Persie marquait ce but insensé sur un long service laser de Blind. Un de ces fameux buts venus d’ailleurs que seuls (ou quasiment) les Hollandais savent construire et marquer… Ces buts-là ont en général la faculté d’anéantir psychiquement leurs adversaires, quels qu’ils soient. Car sur ces buts d’extra-terrestres, l’adversaire prend peur et SAIT qu’il va mourir. Au signal victorieux de Van Persie (une tête « planante » , nom de nom, pas « plongeante » !), la tempête s’est levée soudainement. La mi-temps a juste retardé d’un tout petit quart d’heure le tsunami orange qui s’est ensuite abattu sur la Roja. Le milieu espagnol a coulé à pic, laissant la pauvre défense de Casillas-Piqué-Ramos prendre des vagues à disloquer des falaises : 2-1, 3-1, 4-1, 5-1 ! La meilleure preuve de l’état de grâce ? Les pures volées cristallines : la reprise bazooka sur la transversale de Robin et la reprise dézinguante de Arjen repoussée par Iker. Même ça, c’était beau ! Direct, comme elle vient avec le bonheur, en première intention. Et cadrées en plus ! Accessoirement, les Hollandais ont encore raté deux ou trois occases assez nettes (Robben, Wijnaldum, Sneijder)…

Voilà. Le dutch flair explique pas mal la victoire tabassante d’hier soir. Une victoire que personne n’avait vu venir, même aux Pays-Bas. Les Oranje ont donc été divins à nouveau. Mais pas d’enflammade ! À l’Euro 2008, après un premier tour féérique, ils se voyaient champions d’Europe. Une Russie impitoyable avait su profiter des failles néerlandaises (une seule fois cité, hein !) pour briser net le beau rêve des Tulipes. Ce matin, tout le monde parle de la géniale trouvaille tactique de Van Gaal (3-5-2/5-3-2) : là aussi, il faut relativiser. L’axe défensif a souffert de ballons joués dans son dos et un Martin Indi apporte autant d’assurance qu’un extincteur dans un incendie de forêt. Les Hollandais ne font pas le jeu et ils risquent de le payer en subissant et en attendant trop les contres. Ceci dit, les deux premiers buts sont des attaques placées, pas des contres… Une équipe plus affutée physiquement et qui saura couper la transmission des milieux vers les trois attaquants (en les isolant) devrait pouvoir neutraliser le système de Louis van Gaal : pendant une heure, Sneijder a été étouffé, hors-circuit et pas assez impliqué dans la construction. C’est à 2-1 que le marquage est devenu plus lâche et que les espaces se sont ouverts… Le 5-1 d’hier était un délice pour les yeux, mais attendons de voir si ce fut le résultat d’un état de grâce ressuscité au bon moment (le dutch flair) ou bien si ce furent les prémices d’un jeu hyper élaboré et très au point qui va emmener les Oranje très loin. Hier matin, un Louis van Gaal totalement zen et souriant ( « je suis très, très heureux de disputer ce Mondial au Brésil » ) a surpris les journalistes hollandais. Pour la première fois, il a évoqué la force de son équipe et envisagé le dernier carré, voire la finale ! Pourquoi ? « Parce que mon équipe a très bien travaillé, qu’elle est au point et que tout se passe comme prévu. Notre système fonctionne à merveille et mes joueurs l’ont très bien adopté. » C’était vendredi matin et très peu de journalistes partageaient cet optimisme. Aujourd’hui, les Oranje ont déjà un pied en huitièmes…

Theo Hernandez, le prince de la vrille

Par Chérif Ghemmour

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