Paris Saint-Germain de maître…

Le roi de la bulle, “l’homme qué s’apellorio Cayzac”, est un génie. Ca n’a pas l’air comme ça mais voyez plutôt : une absence de résultats avec à peine la tête en dehors de l’eau au classement, et l’échec au roi à domicile qui lui vaut une médiocre 13e place. Pourtant, le Parc n’a jamais été aussi docile. Silence dans les rangs. Armand, Pauleta, Yepes en stage remplaçants longue durée. Silence sur le banc. Il n’y a pas si longtemps, un scénario de cette durée et de cette teneur aurait conduit à une révolution de palais.

La nouvelle devise du club est donc Wait and see. Alors que les journalistes essayent de mettre de l’huile sur le feu et de placer le mot crise, comme chaque année mais cette fois dès le début de saison, l’incendie ne prend pas. Pauleta est harcelé pour lui faire balancer ses aigreurs à l’encontre de Le Guen. Mais au lieu de se répandre dans la presse qui n’attend que ça, pas de vagues. Un petit coup de saudade certes, mais rien de plus. Pas de déclarations à l’emporte-pièce, pas de coups de pression. L’Aigle des Açores est un garçon poli. Pas d’esclandre donc. Idem pour Super Mario qui ravale son orgueil et sa déception de se faire griller sa place par des demi-sels comme Bourillon ou Camara. PLG bosse tranquille, soutenu à 100% par un président qui répète jusqu’à plus soif sa confiance en son coach.

Et le plus fort, c’est que le fameux C de Euro RSCG, répond à un maximum de sollicitations. Une disponibilité exemplaire. Même Pape Diouf, expert en la matière, peut aller se rhabiller. Tous les quinze jours sur Infosport dans le Journal des clubs, sur RMC chez Luis, L’Equipe TV. Même si c’est pour cinq minutes. Alain, en bon communiquant (sans doute l’expérience de la pub) assure le service après-vente. Là où un Aulas joue la carte de la provoc’, Cayzac occupe le terrain sur un mode convivial. Quelque part entre le débonnaire Jean-Claude Plessis et un comptable style Triaud. Sa démarche depuis le début, faire comprendre que le PSG d’aujourd’hui n’a plus les moyens de l’époque Canal. La preuve, Jacques Rousselot, président d’un “petit” club comme Nancy, lui prête un destin de « futur grand dirigeant » . Le club de la capitale redevient fréquentable, modeste, bref rentre dans le rang. Fin des années d’errements.

A chaque intervention, on a désormais droit au discours de la méthode. Non, non, y’a pas le feu. Oui, les résultats son mauvais. Et alors ? L’excuse : on a un projet. Ou plutôt un modèle de développement. Pour Cayzac, la référence est « Arsenal, un mélange de jeunes et de joueurs confirmés qui assure une pérennité, une stabilité » . Donc fermez-la et laissez-nous bosser. Circulez, y’a rien à voir ! On pourrait y voir de l’enfumage, de l’esbrouffe, mais le résultat est là. Le PSG n’a jamais présenté autant de jeunes sur le terrain. A la foi pour dynamiser le groupe et provoquer une réaction d’orgueil chez les soi-disant tauliers de l’équipe. Un début de malaise ? Et hop, un saut au Camp des Loges pour rappeler la philosophie du Paris new-look.
Sa plus grande fierté ? Avoir « tenu le coup l’année dernière, ce fut terrible même, et fier d’avoir convaincu Le Guen et aussi d’avoir un stade pacifié » . Jusqu’à quand ? « Je quitterai ce club soit quand les actionnaires me le demanderont, c’est la règle comme dans n’importe quelle entreprise, soit quand ce seront les supporters. Ce n’est pas l’un et l’autre, ça sera l’un ou l’autre » . Sébastien Bazin, PDG de Colony Capital et l’un des actionnaires du club, assure de son côté : « Choisis ton club (celui de la pub où Cayzac opère depuis 20 ans, ndlr) car en ce qui me concerne, tu ne quitteras jamais le PSG » .

Et histoire de calmer ceux qui n’auraient pas encore succombé, il promet une bonne surprise au mercato. Sans doute l’arrivée de Gouffran, évoquée depuis l’été, s’en tenant à son projet sur cinq ans. Faut reconnaître que l’eau gazeuse, ça facilite quand même sacrément la digestion.

Pierre-Yves Le Gonadec