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On était à Le Bouscat-Nantes

Par Mathias Edwards, à le Bouscat
On était à Le Bouscat-Nantes

Ce samedi soir aux alentours de 20h15, les Nantais ont validé leur ticket pour le 8ème tour de la Coupe de France en éliminant Le Bouscat (3-1), club de division d'honneur régional de la banlieue bordelaise qui leur a tenu tête jusqu'en prolongation. Au grand dam des 3 500 supporters girondins, de Philippe Fargeon, et de quelques maquilleuses.

Le stade Sainte Germaine du Bouscat, initialement prévu pour recevoir la rencontre et n’ayant pas été homologué pour recevoir une telle affiche, c’est au stade Robert Brettes de Mérignac que la très respectable population bouscataise s’était donné rendez-vous pour encourager son équipe. Si le club omnisport de la banlieue bourgeoise de Bordeaux est bien connu des soccer-moms locales, c’est à l’annonce du tirage au sort du 7ème tour de la Coupe de France que la plupart des Bouscatais ont découvert qu’une équipe de football, une vraie, défendait leurs couleurs. Et même qu’elle était rouge et bleue. Parce qu’à dire vrai, le seul classement qui préoccupe vraiment les Bouscatais, c’est celui du taux d’imposition sur la fortune. Et ça, ils maîtrisent, squattant même la première place du palmarès aquitain depuis maintenant plusieurs saisons. Donc le football, hein…

Une demi-heure avant le début de la rencontre programmée à 18h00, les parkings aux alentours de l’enceinte mérignacaise sont pleins et la file d’attente pour se procurer les derniers billets est consistante. En bas de l’unique tribune, le stand maquillage et vente d’écharpes collector aux couleurs des deux équipes tourne à plein, tenu par celles qui se révéleront être les principales animatrices du kop bouscatais. Pas de doute, on est en plein dans la fameuse « magie de la Coupe de France » si souvent décrite dans Stade 2. Ça fait plaisir.

Accréditation en poche, l’installation se fait dans la cabine du speaker, en compagnie du liveur du site officiel du FC Nantes. A ses côtés, Claude, président d’honneur depuis 48 ans du SA Mérignac, l’habituel club résident, est également chargé d’ambiancer la soirée. Et à première vue, ce n’est pas gagné. « J’comprends pas, ça marchait ce matin pendant les essais ! » , s’énerve notre DJ sexagénaire en accusant la sono. Le tube de NERD finira tout de même par raisonner dans les travées, juste avant que Claude s’empare du micro pour annoncer les compositions des deux équipes. Les noms des visiteurs s’égrènent dans l’indifférence générale, hormis un léger frémissement à l’évocation de la présence de Sylvain Wiltord quand chaque joueur local est lui acclamé. Les maquilleuses / vendeuses d’écharpes ont pris place au centre de la tribune, équipées d’un mégaphone, d’un drapeau, et d’un répertoire de chants qu’on devine répétés durant la semaine. La trentaine d’ultras nantais ayant fait le déplacement est quant à elle grossièrement parquée à l’extrême gauche de la tribune. Le temps pour Philippe Fargeon, conseiller municipal délégué aux sports à la mairie du Bouscat, de donner un coup d’envoi fictif et la partie va enfin pouvoir démarrer.

Les joueurs bouscatais tentent de mettre du rythme d’entrée, effectuant un gros pressing sous les vivas de la tribune ambiancée par les maquilleuses. Les « Bouscatais allez ! » d’abord repris en chœur par les 3500 spectateurs s’éteignent assez rapidement, le Bouscatais en goguette n’étant pas enclin à hurler les mêmes rimes pauvres pendant plus de cinq minutes. Sur le pré, les amateurs font jeu égal avec les professionnels jusqu’au quart d’heure et le premier temps fort nantais qui se conclura à la 23ème minute par l’ouverture du score de Djordjevic, qui trouvera enfin le chemin des filets après avoir échoué par trois fois. C’est le moment que choisit le public pour entonner le fameux « Cui-cui-cui ! Les Canaris sont cuits ! » . « La magie de la Coupe de France » , qu’on vous dit… Le but plus le chant improbable en de telles circonstances ont comme dommage collatéral de réveiller les fans nantais qui entonnent le premier « Bordeaux on t’encule ! » d’une longue série. Les parents font mine de ne rien entendre, ni les chants, ni les questions posées par leurs enfants. Côté pelouse, les homme de Landry Chauvin jouent à leur main depuis l’ouverture du score, sans pour autant se procurer d’occasions. Les Bouscatais emmenés par Jean-Michel Do Amaral, leur virevoltant meneur de jeu, ne font pas d’erreurs tactiques et continuent légitimement à croire en leurs chances.

Dans la cabine, Claude en est à sa cinquième clope lorsqu’un premier fumigène lancé depuis le parcage nantais vient s’écraser sur la pelouse. Deux autres suivront avant que la police intervienne à grands coups de bombes à gaz lacrymogène. Claude a attrapé ses jumelles, c’est maintenant en tribune que le spectacle a lieu. Enfants et parents dévalent les gradins pour trouver un peu d’air respirable, la jeunesse bouscataise décide de rivaliser d’intelligence avec son homologue nantaise en entonnant un classique « Nantais on t’encule ! » qui a maintes fois fait ses preuves du côté du Parc Lescure. On n’entend plus les maquilleuses. Alors que Claude, ses jumelles toujours vissées au visage, ne rate pas une miette du show, un agent municipal du Bouscat déboule dans la cabine : « Vous pourriez faire une annonce pour faire revenir le calme, expliquer que c’est une fête ? » . Claude acquiesce, puis une fois la porte refermée, nous affirme que « faire une annonce ne ferait qu’envenimer les choses » . Ah, d’accord. C’est dans cette ambiance nettement moins « magie de la Coupe de France » qu’intervient la mi-temps.

La reprise des hostilités se fait à quelques encablures de Patrick Bobet, le maire du Bouscat, et de ses adjoints survoltés, Philippe Fargeon en tête. Les Nantais font le forcing dans un légitime souci de se mettre à l’abri, et sont à deux doigts d’y parvenir lorsque Wiltord voit sa reprise à bout portant s’écraser sur la barre. Rien de tel pour réveiller la tribune qui sent que c’est le moment de pousser son équipe. Dans les minutes qui suivent, le duo d’attaquants de l’USB, Delos et Lemoine, part à l’assaut de Zelazny, le gardien nantais, jusqu’à le pousser à la faute. Le portier laisse échapper le ballon et Delos, 37 ans et une licence de vétéran, marque dans le but vide. Le stade Robert Brettes est en délire, les maquilleuses retrouvent de la voix et les joueurs exhortent le public à les pousser jusqu’au bout. Ne commettant aucune erreur tactique, les joueurs de DHR subissent les assauts nantais sans trembler jusqu’à ce qu’interviennent les premières crampes, autour de la 70ème minute. Mais les tentatives de Pancrate, Lee et Djordjevic échouent lamentablement quand ce n’est pas Alonso, le goal bouscatais, qui fait parler ses réflexes. Les amateurs tiennent bon jusqu’à la prolongation, comme lors des deux tours précédents. Mais Nantes n’est ni Luy de Béarn, ni Eysines, et les six divisions séparant les deux équipes creusent un fossé infranchissable, une différence de condition physique fatale aux amateurs qui encaisseront deux buts de Veigneau et Bessat aux 105e et 112e minutes. Et si une lueur d’espoir persistait chez les banlieusards bordelais, les maquilleuses se sont chargées de les achever en entonnant sans discontinuer durant les dix dernières minutes un funèbre « Merci Bouscat » . On mettra ça sur le compte de la « magie de la Coupe de France » .

Par Mathias Edwards, à le Bouscat

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