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On a vécu le sacre de Liverpool dans les rues de Madrid

Par Florian Lefèvre, à Madrid
6 minutes
On a vécu le sacre de Liverpool dans les rues de Madrid

Venus à Madrid en masse vivre la finale de la Ligue des champions au stade ou dans un bar, les fans des Spurs et surtout des Reds ont enflammé la capitale espagnole. On y était.

Sur le terrain, on ne l’a presque pas vu, pourtant, son nom a résonné jusqu’au bout de la nuit. Lui, c’est Roberto Firmino. Des tribunes du Wanda Metropolitano aux bars du vieux Madrid, de la fan zone rue de Goya aux rames du métro, c’est un air entraînant repris encore et encore par les fans des Reds : « There’s something that the Kop wants you to know… The best in the world his name is Bobby Firmino / Our number nineee ! Give him the ball and he’ll score every timeee / Siiiii señooor ! Give the ball to Bobby and he will scoreee… » ( « Il y a quelque chose que le Kop veut que vous sachiez… Le meilleur joueur du monde s’appelle Bobby Firmino / Notre numéro neuf ! Donnez-lui la balle et il marquera à chaque fois / Oui Monsieur ! Donnez la balle à Bobby et il marquera… » ) Un an après la défaite de Kiev, les Reds sont venus en masse voir leur équipe ramener une sixième C1 à Liverpool. Oui, ce week-end, Madrid était rouge.

Prêt à claquer 5 000 euros pour un ticket du match

D’après une association des hôteliers madrilènes, au moins 70 000 supporters de Liverpool et Tottenham étaient attendus dans la capitale espagnole pour une finale 100 % anglaise, la quatrième de l’histoire des Coupes d’Europe après la finale de la Ligue Europa mercredi dernier, MU-Chelsea en 2008 en C1 et plus loin dans le rétro, la finale de la Coupe UEFA 1972 où l’on retrouvait déjà Tottenham à l’affiche (victoire 3-2 en aller-retour des Londoniens contre Wolverhampton). À peine franchies les portes du terminal de l’aéroport Adolfo-Suárez de Madrid-Barajas vendredi après-midi qu’apparaissaient déjà les premières pancartes des acheteurs de billets, des types prêts à payer une fortune pour être dans les tribunes du Wanda Metropolitano samedi soir. Venu d’Ankara, Kemam Kalkavar, un ingénieur turc, fan de Liverpool, était chaud de claquer 5 000 euros, rapporte l’AFP. Mais la majorité des supporters a surtout déjà craqué son budget pour venir à Madrid.

Les plus rapides ont mis une petite vingtaine d’heures depuis Londres en voiture. Owen, lui, un Scouserrencontré à la fan zone, a pris l’avion jusqu’à Benidorm, la station balnéaire, avant d’avaler encore près de 500km en car direction Madrid. L’avion ? Le train ? Le car ? La voiture ? Mieux que ça, Andrew est venu avec ses potes du Merseyside en caravane. « On est partis mardi à 6h du mat’, on est arrivés vendredi à 17h… Mec, le péage nous a coûté au moins 300 euros » , lâche-t-il sous le cagnard. À quatre stations de métro de la fan zone des Spurs, Plaza de Colón, le QG des fans de Liverpool, rue de Goya, est noir de monde. On croise aussi des Chiliens, des Brésiliens et même des Bordelais qui n’ont toujours pas digéré le départ de Pauleta. Le thermomètre câline les 33 degrés, une mission : trouver des bières.

Chat perché et Ben & Jerry’s

Dans une rue adjacente, un épicier tente, puis abandonne très vite l’idée de réguler l’entrée discontinue des clients dans sa supérette. Au milieu de la Plaza Dali investie par les Reds, un vendeur à la sauvette compte ses billets devant son caddie de canettes. Il prend cinq euros pour une San Miguel ou une Mahou même pas fraîche. Reste une alternative : traverser la foule pour entrer au El Corte Inglés, profiter de la clim’ et se diriger au rayon boissons. Les packs de douze qui partent et arrivent dans les frigos n’ont pas le temps de refroidir, mais qu’à cela ne tienne, les plus déterminés glissent leur houblon dans le congélateur des glaces Ben & Jerry’s.

Dehors, un vieux monsieur est perché sur un arbre, peinard à l’ombre des branches, quand d’autres prennent le soleil au-dessus des toilettes. Un gosse assis sur les épaules de son père agite un fumigène avec un grand sourire. Bref, une vraie bonne ambiance. Dans lequel se trouve sûrement celui qui, quelques heures (et beaucoup d’alcool) plus tard, se masturbera en public à la Puerta del Sol, puis, moins drôle, selon les médias espagnols, mettra la main sous la jupe d’une touriste italienne, se prendra une gifle, répliquera en frappant cette dernière à la tête, et finira par se faire arrêter par des policiers en cognant trois d’entre eux dans la mêlée. C’est tout pour lui.

17h30 sonne la fin de la musique et des festivités dans les fan zone. Pas d’écran géant pour regarder le match, donc. Le moment pour ceux qui ont leur sésame de prendre la ligne 2 du métro – la rouge, tiens donc – vers le stade de l’Atlético, à peine excentré à l’est de la capitale. Au centre-ville, plaza de l’Orient, un mélange de supporters et de touristes s’amuse à se faire prendre en photo en faisant semblant de brandir une coupe aux grandes oreilles géantes. On remonte à la Puerta del Sol, où un groupe de Colombiens invite à danser la salsa. Parmi eux figure un sosie de Radamel Falcao à moustache qui porte le maillot des Cafeteros, évidemment. Il est 20h, et tout le monde se demande encore où il va bien pouvoir regarder le match…

Des vessies pleines

Beaucoup de bières et beaucoup de transpiration : voilà le tableau du pub O’Reillys. L’endroit est bondé, les derniers arrivés tentent difficilement de mater l’un des deux écrans depuis l’extérieur du bar. Les chants, très largement acquis à la cause des Reds, sont boostés par le penalty transformé d’entrée par Mohamed Salah. Le match n’est pas terrible, on dirait une vulgaire finale de League Cup, mais tout le monde s’en fout. Une intervention virile, et les décibels raisonnent pour Virgil van Dijk ou Andy Robertson. Ovation unanime : la streaker vient d’apparaître sur la pelouse. Un gars a d’autres priorités que de trouver l’identité de Kinsey Wolanski, il joue des coudes pour se frayer un chemin au comptoir : « Je suis anglais, il faut que j’aille boire. »

Malgré le spectacle pauvre, le score (1-0) maintient la tension dans les deux camps. Ça sent la prolongation, mais l’immense Alisson Becker dégoûte les fans des Spurs. 87e minute, le dénouement. À l’affût d’un corner cafouillé dans la surface, Divock Origi décoche un direct du gauche qui met Tottenham aussi K.O. qu’Anthony Joshua un peu plus tard à New York. Liverpool FC remporte sa sixième C1, et le bordel peut continuer dans les ruelles éclairées de fumigènes. Les supporters des Reds continuent de chanter, les Spurs, tout aussi ivres, ne savent pas s’ils doivent sortir des doigts d’honneur de dépit ou répondre à l’accolade des vainqueurs pour se consoler. Ceux qui sont venus sans endroit où loger finiront allongés sur un banc au bout de la nuit. Forcément, pour Andrew et les autres, le retour en caravane sera moins long que prévu. C’est quoi trente heures de route quand on a attendu ce moment depuis quatorze ans ?

Par Florian Lefèvre, à Madrid

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