OL : Essaie encore…
Lyon a un problème viscéral avec l'élimination directe, un problème qui doit se situer sous le ventre. D'accord face à Manchester, l'OL n'a pas démérité. Lyon n'en a pas pris sept comme la Roma, Perrin peut être content. Lyon essayera encore l'année prochaine. L'élimination de Lyon en mars, c'est comme le Tour de France en juillet : toujours la même histoire, mais on ne peut pas s'empêcher de regarder.
Ce soir, le football français est rentré chez lui gentiment. Il s’est dit qu’il y avait un coup à jouer, il se repasse le match aller et se dit que niveau foot « Manchester, ils ne nous ont rien appris » . Le football français a essuyé une nouvelle défaite logique. Il s’est dit qu’il n’était pas loin. Peut-être qu’il aurait pu se lâcher un peu plus. Peut-être ?
Mais à Old Trafford, le plan consistait à avancer prudent. D’ailleurs, l’idéal aurait été de ne pas marquer trop tôt, histoire de ne pas réveiller la bête. Le plan marchait pas mal. Le plan se tenait, on attend et on laisse Benzema et Ben Arfa se payer la défense de MU, ou alors on guette un coup franc. Parce que Juninho, on l’aime bien, il a rendu des services à la maison, mais là ça commence à se voir qu’il prend de l’âge. Le Brésilien ne pèse plus du tout sur le milieu lyonnais. Toulalan est monumental mais jamais à plus de cinquante mètres de Coupet. Kallstrom, lui, commence à perdre de la couleur au lavage.
On pourrait dire que Lyon a perdu la bataille du milieu. Si vous voulez ? Pour contrer la supériorité numérique du 4-5-1 lyonnais, Ferguson laissait Tevez en cage pour abattre son Fletcher. Fletcher ça sent l’Ecosse, le genre de type qui vous prend haut, vous met une boîte pour le principe, et à la fin c’est toujours le Français qui perd. A côté, il y a ce Brésilien et son nom de sauveur lyonnais. Anderson court partout, il court bien et ses transversales méritent à elles seules l’invention du ralenti instantané.
Dans le genre jeune Turc qui n’entend plus lâcher sa place, Nani n’a pas démérité. Percussion, récupération, vitesse, il lui manque juste un zeste d’inspiration dans la finition et on pourra commencer à édifier la statue de Giggs l’esprit libre du côté de Manchester.
Lyon laisse passer l’orage de début de match et essaye de sortir le ballon poliment. A deux ou trois, jamais plus, les Lyonnais trouvent quelques décalages intéressants. Benzema tout en minimalisme et conduite de balle ouvre des embryons d’occasions. Du calme, restons groupés, le planning indique que ça ne serait pas approprié de marquer trop tôt.
Après arrive ce qui devait arriver. Un remake. Une mine de Maniche, Nilmar fauché par un Batave pas vu pas pris, une erreur de placement d’Abidal, une tête de Totti : cette année on aura droit à l’opportunisme de Ronaldo. Un ballon caché dans les jambes de Clerc – qui ne le voit pas vu qu’il est caché – et le Portugais tout en souplesse trompe Coupet du gauche. Devant sa télé, Landreau se dit qu’il aurait au moins essayé de mettre les mains pour voir. Sinon Cristiano Ronaldo est bien le meilleur avant-centre portugais, le seul vous me direz.
Après on connaît la série, la trame tient depuis six ans, Lyon pousse sans trop se découvrir quand même, le temps passe, Ben Arfa irrite mais au moins il a peut-être compris qu’il s’agissait d’un match couperet. Alors il surjoue, en demande trop à sa technique, perd le ballon où il ne faut pas. Sur un bon décalage de Benzema, Keita est à un poteau de rentabiliser son transfert, ou au moins de rembourser sa prime à la signature.
Lyon attend, attend et attend. A aucun moment, on sent une équipe capable de sortir d’elle-même, d’oublier ses habitudes de premier de classe. La Coupe d’Europe exige parfois de la folie, d’être prise sans ménagement. L’OL cherche à l’emballer avec de la rationalité, alors forcément elle préfère aller voir ailleurs. Même à l’usure, tu ne choperas pas Jean-Michel ! Et ce n’est ni un problème d’haleine ni de fiscalité, juste une incompatibilité de caractère entre ton club et la dame aux grandes oreilles.
Alexandre Pedro
Par