OL-Barça : le destin frappe à la porte…

Rien n’a changé. Le Barça reste favori. La petite différence, c’est l’opinion des Catalans (joueurs, club, presse) qui a été un peu révisée. En décembre, c’était l’euphorie, côté blaugrana : du 80 % contre 20 % pour Barcelone. Alors qu’aujourd’hui ce serait plutôt du 60-40. Et l’OL ? Yes they can ? Yes they may… Quelques références peuvent inciter à l’optimisme : la première mi-temps à la Fiorentina (2-1) et la deuxième mi-temps contre le Bayern (2-3).

Au souvenir de ces deux périodes, quand Lyon pousse et marche littéralement sur ses adversaires, il devient alors irrésistible, y compris sans doute contre des équipes encore plus durailles comme Liverpool ou MU. La puissance collective des Lyonnais est alors infernale. Autre référence très intéressante : la victoire à Glasgow (3-0) contre les Rangers, l’an passé. Avec engagement, solidarité et concentration, l’OL avait épongé le jeu adverse en aspirant tous les ballons et en asséchant toutes les transmissions. Les Rangers n’étaient pas aussi forts techniquement et tactiquement que les Catalans, mais c’était quand même un exploit d’aller s’imposer chez eux, en Écosse. Détail important : à Glasgow, Lyon avait bien contenu les Rangers, mais en jouant relativement bas. Contre le Barça, le bloc lyonnais devra jouer plus haut (voir infra).

Voilà, ça c’est pour l’état d’esprit et la force collective de l’OL, dont on devine qu’il sera au top ce soir. Physiquement, la prépa de Duverne a été programmée pour être optimum fin février. Au vu des derniers résultats en L1, les Lyonnais sont dans les temps, a priori tous aptes au combat. Viennent ensuite les atouts lyonnais pour marquer des buts.

Les coups francs de Juninho. C’est tout con, mais un seul au fond pourrait suffire. Le jeu aérien, parce qu’on sait que le Barça n’excelle pas dans ce domaine ? C’est vite dit… Puyol et Marquez ne sont pas mauvais et puis surtout, les Lyonnais ne sont pas non plus excellents de la tête. Alors va peut-être pour Cris et Boumsong, sur coups de pied arrêtés ou sur des montées offensives mûrement choisies, mais c’est à peu près tout.

Quoi d’autre ? Exploiter les erreurs du gardien Valdès, pas à l’aise dans les sorties aériennes et pas génial dans son jeu au pied et surtout dans ses relances ? Yes. Exploiter le côté droit catalan, où crèche le binôme Messi-Alvès ? Ouais, y’a un coup à jouer pour un Benzéma rapide et rusé, celui qui aime escamoter son vis a vis dans le couloir gauche avant de praliner sous la barre. Il y aura des duels gagnables pour Big K, ou alors des contres bien lancés quand Alvès traîne un peu pour se replacer…

Sinon, quoi d’autre ? Jouer dans le dos des Catalans. Tout le bloc barcelonais est quasiment disposé dans le camp de son adversaire. A la récupération, chercher rapidement la profondeur avec un Juni, Kallström, Ederson, voire Grosso et jouer direct vers Benz, Keita, Delgado. C’est très jouable. Problème : c’est hyper hard de piquer le ballon au Barça… En tout cas, l’obligation de jouer long et profond pour faire reculer le Barça puis l’empêcher d’enclencher par Marquez (tout part souvent de lui), l’OL en a les moyens. D’autant plus que le Barça n’aime pas reculer et subir la pression dans son camp.

Quel système contre la Barça ? En coupe d’Europe, l’OL joue généralement en 4-3-3. On aurait donc Makoun, Juninho, Toulalan au milieu. Devant, Benzéma dans l’axe, avec Ederson à gauche et au choix Delgado, Keita sur les côtés. Et puis, il y a la possibilité d’un 4-2-3-1, devenu intéressant avec un Delgado au top dans l’axe, derrière Benz. Sur les côtés, un milieu travailleur Kallström à gauche et à droite, Keita ou Ederson.

Quelle que soit la stratégie adoptée par les Lyonnais, il leur faudra presser haut et ne pas attendre le Barça dans leurs 40 derniers mètres, sinon c’est mort parce que c’est exactement ce que les Blaugranas attendent. Avec leurs superbes techniciens, ils se trouvent les yeux fermés, à une touche et trouvent presque à tous les coups une faille patiemment ouverte…

Reste que l’OL offre peut-être le profil même de l’équipe qui peut faire déjouer le grand Barça, à cause de sa compacité, de sa pugnacité et de son courage. Un Barça qui a trop joué facile en Liga et en poule de C1 face à des équipes trop souvent résignées peut se dérégler face à des Lyonnais à la sauce Puel, sans doute moins talentueux que dans le passé mais prêts s’arracher avec humilité. Là aussi peut se faire la différence : Lyon sait encore souffrir pour vaincre, le Barça peut-être un peu moins…

Voilà. Tout reste très théorique quand on a en face de soi la terrible machine de guerre catalane. « Comment prendre Messi ? » C’te blague : y’a quasiment pas de solutions… Puel et Guardiola l’ont déclaré : les deux équipes joueront pour gagner. On peut donc présumer qu’il y aura des buts. Tout ce qu’on peut souhaiter à l’OL, c’est de ne pas hypothéquer la qualif à l’aller (défaite ou nul trop lourd, genre 2-2) : il n’y aurait pas de miracle au retour. Par contre, si la deuxième manche reste ouverte, on sent l’OL capable d’un exploit au Nou Camp. Ce ne sont pas des parlotes : on sait que Liverpool, Chelsea et MU savent gérer la pression sur un seul match de C1. Pour le Barça, on n’en est pas encore entièrement sûrs, alors…

Chérif Ghemmour