North London le ton

Pourtant, à la mi-temps, que dalle. C’est vaguement plaisant, sans plus, on se fait limite chier en fait. Les Spurs multiplient les transmissions brouillées une fois en position d’attaque, Dimitar Berbatov en fait trop puis pas assez, Arsenal, un peu trop gentil, ne force pas son talent. Le véritable intérêt se situe pour l’instant dans les propos de Guy Roux.

Alors qu’il commente les qualités du foot anglais, on ne peut s’empêcher d’y déceler des tacles appuyés à l’encontre du français. Sur l’état de la pelouse, signalant que les gardiens anglais s’échauffent à l’aide de buts amovibles pour ne pas détériorer le gazon avant le match, mesure refusée en France, Guy n’oubliera pas de le signaler ; sur l’arbitrage, comme à la 18ème minute quand s’excuse l’homme en noir d’avoir merdé auprès des autres acteurs de la rencontre, « cela prouve qu’il fait partie du jeu » ; sur le rythme, à la 26è, quand personne ne met la balle en touche pendant que le plus grand talent bulgare depuis Hristo récupère des suites d’un accrochage, les joueurs continuant plus ou moins de jouer, avant, une fois Berbatov remis, de repartir pour de bon ; comme tout au long de cette première mi-temps où Guy insiste sur les moyens du championnat anglais, qui eux ont les moyens de conserver ces joueurs, ses ex-joueurs, comme Younès Kaboul, Teemu Tainio, Bacary Sagna et Abou Diaby. Bref, outre-Manche, le foot, c’est mieux, et même une mi-temps médiocre comme celle à laquelle on vient d’assister.

Appel dans l’axe de Cecs Fabregas, le voilà bien servi, il peut progresser dans la surface de réparation et trouver Adebayor d’une maligne talonnade, plat du gauche coté opposé, bing, Arsenal a accéléré dès la reprise. Et c’est tout le match qui va mieux dès lors. Les deux attaquants locaux, Hleb et Manu, se répartissent la besogne à merveille.
Vertical, le Biélorusse, électron libre, accélérateur de particules là où ça fait mal, dans l’axe, soutient le Togolais, horizontal, s’écartant aussi souvent que nécessaire pour proposer une solution sur l’aile, permettant ainsi à son équipe de progresser. Du bel ouvrage.

Les latéraux participent systématiquement au jeu, tout en étant bien en place, surtout Clichy, cela va sans dire. Sauf que sur ce coup-là, Aaron Lennon la traverse d’un amour de contrôle, fixe, centre au deuxième poteau pour la reprise de Robbie Keane, gros bing, la barre vibre encore. Le ralenti à peine achevé, Keane again, ligne de fond, talonne pour Dimitar. Dans un angle fermé, le Bulgare yaourte Almunia d’une mine très personnelle, extérieur coup de pied. BING. Le match s’accélère sa mère.

Simultanément, les coachs témoignent de leur envie d’en rajouter une couche, Bendtner et Defoe, au moment même où Berbatov feinte Kolo Touré. Fauché, il récolte un pénalty. Robbie Keane ne le frappe pas si bien, Manuel Almunia, du bon côté, en profite. Relance rapide, Niklas et Jermaine profitent, pour se joindre à la chouille, de ce corner en faveur des Gunners. Cinq secondes maxi sur le pré, et le jeune prodige danois de claquer une tête gagnante. Adebayor, en bon basketteur, lui avait il est vrai auparavant posé un amour d’écran en plein dans la course de son défenseur. Pick and Roll.

Au final, Arsenal l’emporte suite à une seconde mi-temps meilleure, et plus spectaculaire que la première. D’ailleurs lors de ces 45 dernières minutes, Guy Roux s’est abstenu de continuer à évoquer la Ligue 1 charentaise, c’eut été indécent. Toutefois, invité à conclure la retransmission, Guy n’a pu s’empêcher d’y revenir, et de décréter la première mi-temps de ce match digne des pires rencontres de L1, la seconde des meilleures. Son collègue a ri. Reste à savoir pourquoi…

Simon Capelli-Welter