Salut Nicolas, qu’est-ce que tu deviens ?
Je suis responsable technique des U7 aux U19 dans le club amateur d’Amphion-les-Bains, à côté de Thonon. J’avais terminé ma carrière à l’ETG, donc je suis resté dans la région. Ça va faire bientôt sept ans que je suis ici… C’est pas mal. Avec les lacs et les montagnes, il y a de quoi s’occuper !
Aujourd’hui, c’est Nantes-Troyes. Deux équipes que tu as bien connues dans ta carrière, à des périodes bien différentes…
Quand je suis arrivé à Troyes, je venais de Metz. Je n’avais pas été bon à Metz, c’était mon premier transfert avec un prix d’achat. J’avais peut-être un peu de pression par rapport à ça, j’avais pas trop assumé… Troyes m’avait déjà contacté pour venir à l’intersaison, mais je suis finalement arrivé l’été d’après. Alain Perrin à l’époque, c’était le numéro un au club, il était omniprésent. J’ai découvert un club en construction un chantier énorme au départ, mais avec de bons défis. Nantes, c’était en Ligue 2. Je sortais d’une pubalgie avec Istres où j’avais arrêté pendant 10 mois, j’avais dû passer par l’UNFP. Xavier Gravelaine m’avait dit : « Écoute, je crois que Nantes te veux. » Pour moi, c’était le club rêvé, parce que j’habitais à une heure. Après, je savais qu’en arrivant là-bas, ce ne serait pas simple : c’était la première année que le club descendait, il fallait remonter tout de suite… Juste après mon arrivée, Kita prenait les rênes du club, donc pas mal de choses changeaient.
Ton premier gros match avec Troyes, c’est contre Bordeaux où tu marques un doublé. Ensuite, vous gagnez à domicile 5-3 contre Paris. Il y avait une équipe capable d’aller chercher l’Europe…
C’est vrai que beaucoup de joueurs étaient arrivés en même temps que moi. Je me souviens qu’on se retrouvait tous à l’hôtel à cette époque ! Il y avait Fabio Celestini, Jérôme Rothen, mais aussi Sladjan Djukic, Samuel Boutal, Mamadou Niang qui sortait de la réserve en cours de saison… Ouais, y avait une belle équipe ! Et l’Europe, on était allés la chercher justement : en 2001, on gagne l’Intertoto contre Newcastle avec un match énorme à St James’ Park. On était un petit club, mais on produisait du jeu. Sur la saison, je prenais beaucoup de plaisir avec Perrin, c’était un jeu simple, direct… Un petit peu à la nantaise même (rires) !
Ta première rencontre contre Nantes sous les couleurs troyennes, c’est une défaite à la Beaujoire 4-0. Tu passes la rencontre sur le banc des remplaçants… Tu t’en souviens ?
C’est vieux, mais j’ai quelques souvenirs. Je me souviens qu’on perdait déjà 4-0 à la mi-temps, et que Perrin avait pété un plomb. Mehdi Meniri avait reçu sa première convocation en équipe d’Algérie, le coach l’avait incendié, il en avait pris pour son grade. On avait pris un bouillon monstre… Mais en même temps, c’était le futur champion de France. Et quand tu commences à prendre une raclée à La Beaujoire, tu le sens passer.
Ce match aller/retour contre Leeds United l’année suivante, tu penses que la dimension du club peut changer si vous passez ?
L’année d’avant, Leeds avait fait une demi-finale de C1, c’était une très grosse équipe. Après, changer de dimension, je ne sais pas. Ça nous aurait permis de recruter des joueurs avec encore plus de talent peut-être. C’étaient des vrais paris que Perrin avait faits, Celestini jouait en Suisse, Rothen jouait à Caen… De mon côté, je finis quatrième meilleur buteur de L1 (derrière Cissé, Pauleta et Darcheville, ndlr). Perrin avait eu beaucoup de flair.
Qu’est-ce qui vous fait plonger totalement la saison suivante ?
Déjà, le départ d’Alain a fait beaucoup de mal. Ensuite, pour tout vous dire, j’avais été contacté par Auxerre où Guy Roux voulait me faire venir. Eux, ils jouaient le tour préliminaire de la Ligue des champions. Il m’avait dit qu’il aimerait bien avoir un deuxième attaquant, pour seconder Cissé. J’étais intéressé parce qu’Auxerre, c’était un bon club. Mais Jacky Bonnevay m’a retenu contre mon gré. Je ne suis pas allé au clash, mais d’autres l’ont fait, Celestini a fini par aller à Marseille par exemple, Rothen était déjà parti à Monaco l’hiver dernier… Je pense que le moral de l’équipe en a pris un coup. En plus, les dirigeants avaient merdé en Intertoto : on se qualifie contre Villarreal sur le terrain, et on perd sur tapis vert (David Vairelles non enregistré auprès de l’UEFA, ndlr). J’avais marqué six buts en début de saison, mais derrière, le choc était plus psychologique que physique.
Au cours de ta carrière, tu as aussi joué pendant un mois dans la section Nord de l’UNFP. Tu peux nous raconter un peu ton expérience dans cette sélection ?
Ce n’est pas évident, ce genre de situations… Je venais de subir une opération aux adducteurs, donc j’avais souvent mal. Quand tu es au chômage, tu te dis que les clubs vont se renseigner, que ton passé va jouer pour toi. Et en fait, tu n’as pas grand-chose. L’UNFP en revanche, c’est toujours bien de mon point de vue. Certains ne le font pas, mais pour garder le rythme et rester en activité, c’est positif. Tu joues des équipes de Ligue 1 et Ligue 2 en préparation, c’est intéressant. Mais tu te poses des questions, c’est clair. Je venais de faire une dizaine d’années de football professionnel, quand tu es dedans, tu as envie de continuer. Ça te touche toujours dans ton orgueil. En famille, tu as l’habitude de parler de foot, parce que tu fais partie de ce monde, on te voit à la télé. Mais quand ça s’arrête, tu te rends compte que la célébrité, c’est fini. Je n’ai pas envisagé d’arrêter le football parce que j’ai vite trouvé un autre club, mais tu en as d’autres qui mettent bien plus longtemps.
Heureusement, tu trouves rapidement un point d’entente avec le FC Nantes. Qu’est-ce qui t’a poussé à signer chez les Canaris ?
Xavier Gravelaine m’a bien aidé sur ce transfert. C’était le directeur sportif de mon dernier club, Istres, et il avait dû parler de mon cas avec Michel Der Zakarian, en bien j’imagine (rires) ! C’est comme ça que les choses se passent parfois… Je ne pense pas avoir mis la merde dans les clubs où je suis passé, et je sais que mon dernier coach, Jean-Louis Gasset, m’appréciait beaucoup. Ensuite, je me suis pas trop posé la question, une fois que j’avais cette offre, j’ai signé !
En 2007-2008, on a encore un Nantes-Troyes, mais en Ligue 2. Tu as changé d’équipe, tu joues et tu marques en célébrant ton but. C’était spécial pour toi comme rencontre ?
Il y avait encore des gens que je connaissais au club, oui. En général, les joueurs changent beaucoup, mais tu retrouves les kinés, les médecins… J’avais pratiquement marqué tous mes buts à La Beaujoire, et la connexion avec le public était forte. Après bon, je ne me suis pas retenu, c’est vrai… C’est peut-être maladroit, mais si j’ai exprimé ma joie, c’est juste que j’étais content !
Tu finis meilleur buteur du club cette saison-là, puis tu joues rarement l’année suivante avec la remontée… Le club descend en fin de saison. Comment as-tu vécu la chose ?
Mal. J’ai toujours des regrets par rapport à ça. Sans y penser tous les jours, mais bon… Quand je suis arrivé à Nantes, j’étais heureux, mais je me suis défoncé pour me mettre au niveau. Les supporters ne m’attendaient pas spécialement parce que j’arrivais de l’UNFP. Ils devaient se dire « Putain, mais c’est pas avec lui qu’on va arriver à remonter… » (rires) Donc je me suis bougé le cul pour avoir ma place à Nantes déjà, et puis j’ai rendu la confiance qu’on m’avait donnée une fois sur le terrain. Forcément, quand à la fin de l’année, on te prolonge de deux ans, t’es hyper content. Je pensais finir ma carrière à Nantes. Et pendant le stage d’été au Maroc, je ne joue pas un match. La raison, c’était que Kita avait demandé à Der Zakarian que je sois transféré. Et si je restais à Nantes, je n’avais pas la possibilité de jouer, parce que Klasnić arrivait. On m’avait fait comprendre que je devais partir… J’ai eu des sollicitations de Ligue 2, mais je voulais rester à Nantes. Donc les six derniers mois avant mon départ, j’ai joué avec la réserve de Laurent Guyot. J’étais déçu de cette fin, mais je pense que cette expérience aura été bénéfique pour le président, parce que changer l’ossature de l’équipe, c’était un tort. Avec juste deux ou trois retouches, il y avait matière pour rester en Ligue 1.
Quel sera ton plus beau souvenir, tes années troyennes ou la remontée en Ligue 1 avec le FC Nantes ?
C’est difficile ! À Troyes, j’aurai vécu la Ligue 1, donc la médiatisation était plus importante. Après à Nantes, j’ai tout de suite senti que j’arrivais dans un club avec une grosse histoire. Huit titres de champion de France, des Coupes de France… Mais le gros souvenir que je garde dans ces deux clubs, ce sont les belles rencontres que j’ai pu avoir.
Qu’est-ce qu’on doit en déduire pour ton pronostic sur le match ce soir ?
Match nul, ça ira bien pour tout le monde ! Après, je veux voir des buts, on va dire 2-2.
Marcus Thuram doublement récompensé lors des trophées du football italien