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Nice-Monaco : De la grève aux incidents

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Nice-Monaco : De la grève aux incidents

Après avoir expliqué en quoi la répression actuelle à l'encontre des ultras français en général et niçois en particulier lui paraît abusive et comment la BSN a choisi d'y répondre en faisant grève lors de Nice-Monaco (cf. *Ultras, ennemis du football ?*), Renaud évoque maintenant le déroulement de cette grève et les incidents qui ont émaillé la fin du derby.

Deuxième volet de l’interview de Renaud, de la Brigade Sud Nice

Le “succès” de la grève

« Pour préparer l’action, on l’a martelée sur tous les forums niçois dans la semaine précédant le match. On a eu tout et son contraire comme réactions. Les ultras étaient à fond pour. Certains supporters qui avaient lu un article sur nos problèmes dans Nice-Matin –cette fois-ci, ils avaient fait un article plutôt objectif– ont compris que, là, la répression allait trop loin et se sont solidarisés. D’autres supporters nous ont dit : “Vous êtes des voyous, vous n’avez rien à faire dans un stade”. Il y a eu quelques polémiques. Des gens de la populaire la tribune sud, celle de la BSN –NDLR], nous ont dit : “On veut pouvoir rentrer au stade, on ne veut pas pénaliser le club”. Nous, on ne voulait pas faire de piquet de grève, on ne voulait pas bloquer la tribune, parce qu’on ne voulait surtout pas qu’il y ait des incidents.

Il se trouve qu’on a des bons contacts avec la direction du club, enfin avec l’ancien président Maurice Cohen [qui quitte cette semaine la présidence à cause de désaccords avec les actionnaires principaux du club –NDLR] et avec le responsable de la sécurité André Bloch, un homme intègre qui a fait une belle carrière dans la police. Les gens lui ont dit beaucoup de mal sur nous à ses débuts. Il a pourtant su nouer le dialogue. Le résultat est évident : il y a eu une amélioration nette de la situation, une forte baisse des incidents depuis son arrivée. Donc, on rencontre le club et ils nous disent : “OK, on va fermer la populaire, mais on ouvrira les tribunes latérales aux abonnés de la populaire qui voudraient voir le match”. On n’annonce pas cette disposition à l’avance pour éviter d’éventuels problèmes.

La manifestation est un succès. Sur les 2000 supporters de la tribune, on est 500 devant la populaire, 1000 restent chez eux et 500 se trouvent de bonnes excuses pour voir le match : ils vont en tribunes latérales notamment à l’extrémité sud de la présidentielle. Notre action est bien annoncée médiatiquement et bien relayée pendant le match notamment par les radios et même L’Equipe TV » .

Les incidents : « Il ne s’est pas passé grand-chose »

« Mais le problème, c’est que le soir-même, il y a l’histoire de Grenoble [des jets de fumigènes sur la pelouse ayant entraîné deux interruptions du match Grenoble-Rennes –NDLR]. Et, chez nous, depuis juin, il y a une grosse contestation des actionnaires du club, de la part de tous les supporters, pas seulement les ultras. On leur reproche de vouloir se faire du fric sur le dos du club. En plus, sportivement, c’est tendu, on vient de perdre trois matches d’affilée et là on se prend une quatrième défaite. A la fin du match, d’après les échos que nous avons eus, quelques gars, dont on peut se demander s’ils n’étaient pas téléguidés, commencent à bouger, puis sont relayés par des jeunes. Au même moment, en bas de la tribune, il y a une embrouille avec Nimani [joueur monégasque qui s’est plaint d’insultes racistes –NDLR], il y a quelques mouvements, quelques cris, quelques insultes, pas mal de noms d’oiseaux… Des élus niçois étaient au milieu : ils pourraient témoigner qu’il n’y a eu ni agression physique ni casse, juste un mouvement de foule. Les stadiers puis les policiers sont intervenus rapidement et en deux minutes, tout était fini.

Il ne s’est donc pas passé grand-chose. Sauf que les médias se sont mis à relayer les incidents puisqu’il y avait aussi ceux de Grenoble, à évoquer de “graves incidents à Nice”. Et voilà, tous les médias commencent à parler des incidents à Grenoble et Nice, Thiriez fait un communiqué, et ça y est, c’est lancé. Et puis il y a l’embrouille avec Nimani. A Nice, on a une image de racistes depuis qu’un journaliste de L’Equipe a dit que la BSN était truffée de fachos. Il n’est entré en contact qu’avec des identitaires qui fréquentent le stade. Ils lui ont raconté n’importe quoi et comme ça l’arrangeait, il a bien voulu gober tout ça. Il a sorti un papier en chargeant la mule, en disant “à Nice, il y a des nazis”. Donc, depuis, on est catalogués comme des fachos. Donc si Nimani dit qu’il a reçu des insultes racistes, pour les gens de l’extérieur, c’est forcément vrai. D’après nos échos, il y a bien eu des insultes, sévères même, mais pas à caractère raciste [d’autres témoignages que nous avons recueillis parlent de “probables insultes racistes” mais sans certitude puisque les personnes interrogées n’étaient pas présentes sur les lieux –NDLR]. Là-dessus, la LICRA pond un communiqué dénonçant les insultes contre Nimani, sans avoir rien vérifié du tout. Ils disent qu’on est des récidivistes, que le club cautionne le racisme de ses supporters, sans apporter aucun élément tangible.

Du coup, tout ça a complètement occulté l’aspect positif de la manif. Les médias avaient commencé à relayer nos revendications. On avait commencé à parler avec le cabinet du préfet, un adjoint au maire… Après les incidents, toutes ces avancées ont été occultées et on est revenus encore plus loin en arrière dans le négatif » .

Est-ce que des membres de la BSN étaient présents lors des incidents ?

Non. La BSN, c’est quoi ? C’est 1500 encartés, 500 membres actifs dont un noyau de 150-200 personnes. Aucun de ces 500 gars n’était dans le stade. Il est juste possible que, parmi les jeunes qui ont manifesté leur colère, certains étaient proches du groupe.

Vous dénoncez leur comportement ?

Complètement. Ils auront à s’expliquer avec nous. Ils ont doublement violé les consignes du groupe. On avait dit “boycott du match” et ils entrent dans le stade. On avait dit “aucun incident”, et ils se font bêtement remarquer. Non seulement, ils ne respectent pas les consignes du groupe mais ils desservent gravement son image et l’action entreprise. S’il s’avère qu’il y avait des BSN dans ces incidents, il devrait y avoir des sanctions.

Demain : Violences et jeux du cirque

Lire aussi : [Ultras, ennemis du football ?

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