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Musacchio, jeune et jaune

Par Antoine Donnarieix
Musacchio, jeune et jaune

Ce week-end, Marcelino a préservé ses cadres pour se donner toutes les chances de renverser le Barça en demi-finale retour de Coupe du Roi, au Madrigal. Parmi eux, Mateo Musacchio. Depuis deux saisons, l'Argentin est la pierre angulaire de Villarreal. Un homme assez détaché des médias, mais toujours bien accroché aux crampons des attaquants.

De façon simpliste, il est facile de mettre en avant les qualités d’un bon attaquant. Avoir du style, claquer quelques passes décisives et surtout marquer un maximum de buts : voici le credo des renards des surfaces. Pour un défenseur en revanche, il est toujours plus difficile de faire briller son patronyme. Une mauvaise relance menant à un but, et c’est tout de suite l’ennemi public numéro un. Un tacle pas assez contrôlé, un carton rouge, et le rugueux stoppeur passe pour un boucher. Pour se forger une vraie notoriété de mur infranchissable, le public ne tolère aucun écart, aucun mot de travers et quoi qu’il arrive, rester guerrier sans dépasser les limites de l’art du combat. Cette mentalité, c’est celle suivie par Mateo Musacchio depuis maintenant plus de trois ans à Villarreal. Trois années sans blessure, en enchaînant 30 matchs de Liga en 2011/2012, puis 39 matchs de Liga Adelante en 2012/2013, et enfin 32 nouveaux matchs de Liga BBVA en 2013/2014. Trois années au cours desquelles Musacchio a forcément placé des coups d’épaule, mais n’a pas pris le moindre carton rouge. Sa méthode : rester maître dans ses duels et s’appliquer dans la première relance. Homme fort de son entraîneur Marcelino, le natif de Rosario est un symbole du club et aspire désormais à une destinée dorée.

Talent, rigueur et fidélité

Arrivé dans la communauté de Valence, Mateo débarque sur la pointe des pieds de River Plate en janvier 2010, où il n’a joué que six matchs officiels pour la Banda Roja. Pourtant, le garçon avait prouvé son potentiel à Buenos Aires. Intégrer le groupe pro des Millonarios à 16 ans n’est pas donné à n’importe quel gamin. Jouer son premier match officiel sous la houlette de Daniel Pasarella, ancien libéro champion du monde 1986, ce n’est pas non plus un simple hasard. Néanmoins, Mateo Musacchio ressent très vite une envie de découvrir l’Europe. À seulement 19 ans, il met les voiles de son Argentine natale pour aller peaufiner sa formation en Espagne, dans l’équipe B de Villarreal. Peu avant le match aller contre le Barça, le joueur était revenu sur cette décision importante dans la suite de sa carrière devant la presse. « Ça fait maintenant six ans que je suis arrivé ici, le temps est passé comme une fusée, avoue Musacchio. Bien sûr, ma famille et mes amis me manquent, mais je me sens vraiment très bien ici. Villarreal, c’est ma maison. » Pour faire du sous-marin jaune son palais, Mateo a dû se fixer un rythme de vie bien spécifique. Réveil, entraînement, déjeuner, entraînement, dîner, coucher. Un travail de fond obligatoire dans un des meilleurs clubs ibériques de l’époque. Lors de sa dernière année de contrat avec Villarreal, Robert Pirès a eu l’opportunité de s’entraîner avec l’actuel capitaine des Amarillos. « On était en pleine saison, se souvient l’ancien Bleu. À l’époque, l’entraîneur était Juan Carlos Garrido et il avait décidé que Mateo devait s’entraîner avec le groupe professionnel. L’intégration s’est faite rapidement, parce que Villarreal possède cette empreinte sud-américaine. Diego Forlán, Diego Godín, Marcos Senna… Ils se sont tous révélés dans ce club. »

À ce moment, les deux défenseurs centraux titulaires sont Gonzalo Rodríguez, ancien stoppeur de San Lorenzo, et Diego Godín. Aux côtés de ces deux pointures, Mateo écoute chaque conseil de ces exemples à suivre. « On sentait vraiment qu’il avait envie d’apprendre, de s’investir et de réussir, analyse Pirès. Pour l’avoir vu ses premiers mois, je peux te dire que c’était un élève très attentif, tu n’avais pas besoin de lui dire les choses deux fois. En dehors du terrain, c’était quelqu’un de réservé, mais ça se comprenait bien vu son jeune âge et d’où il venait. » Mateo n’est pas là pour faire la fête, il est là pour construire sa carrière et dédie son temps à Villarreal. Dans les bons comme les mauvais moments. Pourtant qualifié en C1 lors de la saison 2011-2012, Villarreal est condamné à la Segunda B en fin d’exercice, avec un duo d’attaque Nilmar-Giuseppe Rossi. Un séisme pour le club, qui voit plusieurs de ses stars quitter le navire. En bon soldat, Musacchio décide de rester. Il participe à la remontée directe en Liga et obtient le respect définitif de tous les supporters jaunes. Devenu une icône pour les siens, l’Argentin peut laisser éclater tout son potentiel au grand jour. « C’est un gars fidèle, sûr de lui, renchérit Bob Pirès. On le voit bien dans ses relances toujours rigoureuses. C’est un beau défenseur à voir jouer, propre dans tout ce qu’il fait. Faire de Mateo le capitaine de cette équipe, ça prouve toute la confiance que le staff a en lui. »

La chance de Gabriel

S’il portera le brassard ce mercredi soir du fait de la longue blessure de Bruno Soriano, l’ancienne pépite de River aurait pu intéresser les Gunners d’Arsenal à la recherche d’un défenseur central durant le mercato hivernal. Malencontreusement, Musacchio a souffert de quelques problèmes musculaires en fin d’année, l’éloignant des pelouses pendant trois mois. Pendant ce temps, Gabriel Paulista s’est montré comme le fer de lance de la défense valencienne. De quoi convaincre Arsène Wenger de faire signer le Brésilien pour 20 millions d’euros. Villarreal accepte la transaction, et sait qu’il ne perd pas là le meilleur défenseur de son équipe. Aujourd’hui très admiratif de la carrière menée par Sergio Ramos, Musacchio sait que sa carrière est encore longue, à seulement 24 ans. Au-delà d’une possible finale de Coupe du Roi, d’une possible belle épopée en Ligue Europa cette saison, le brun hipster doit encore viser deux objectifs : signer chez une plus grosse cylindrée au moment propice, et démarrer une carrière internationale avec Tata Martino. « Je ne me fais aucun souci là-dessus, tranche Pirès. Le sélectionneur national va bien finir par lui offrir du temps de jeu. Et quand il va lui donner sa confiance, il deviendra rapidement un défenseur central indiscutable en Argentine. Il a tout : la jeunesse, le talent et le caractère nécessaire. Très honnêtement, depuis ses premiers pas avec les pros, j’ai senti qu’il avait un énorme potentiel. » L’avenir est à lui.

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Par Antoine Donnarieix

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