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Mouscron, l’autre naufrage de Gérard Lopez

Par Julien Rieffel et Pierre Vuillemot
Mouscron, l’autre naufrage de Gérard Lopez

Les Girondins de Bordeaux ne sont pas les seuls à subir les déboires de Gérard Lopez. Mouscron et son Royal Excel se sont également fait endormir par l’homme d’affaires hispano-luxembourgeois. Le club de seconde division belge a acté fin mai sa faillite et laisse derrière lui des centaines de personnes sur le carreau et toute une ville orpheline de sa vitrine sportive.

« On a décidé de prendre notre bâton de pèlerin et d’approcher des gens du LOSC pour voir si l’on ne pouvait pas refaire une histoire ensemble(de mai 2012 à juin 2015, l’Excel appartenait au LOSC de Michel Seydoux, NDLR). » C’est sur cette image que Patrick Declerck, président du Royal Excel Mouscron, commençait la conférence de presse officialisant le rachat du club par Gérard Lopez, le 20 juillet 2020. Après des années de soupçons entourant le club mouscronnois du temps de Pini Zahavi, l’homme d’affaires hispano-luxembourgeois affichait alors sa volonté de faire entrer l’Excel « dans les eaux calmes de la Pro League », tout en conservant « des ambitions » afin de faire de Mouscron « une plateforme qui permette d’attirer des jeunes joueurs belges ». Et de finir sur une note solennelle : « Ce ne sera pas étonnant de me voir ici regarder des matchs. » Dans les faits, aucun des interviewés ne se souvient l’avoir revu au club à la suite de cette conférence.

« On a appris par la presse que c’était Gérard Lopez qui reprenait le club, débute Philippe Brutsaert, directeur technique du Futurosport, le centre de formation de l’Excel. Il y avait un secret total autour de cette reprise, voire une fierté du président qui nous disait :« Vous savez, on a réussi à garder le secret pendant six mois ! »Eh bien, oui, c’est formidable ! Cela nous a amenés à une seconde faillite. » Au début de cette nouvelle aventure, Philippe Brutsaert, présent à l’Excel depuis 2016 après une première pige entre 2003 et la première faillite de 2010, espérait pourtant voir son club de cœur, qu’il soutient « depuis les années 1980 », repartir sur de nouvelles bases. « Je me disais que le projet pouvait tenir la route et que Lopez avait de l’argent. Un projet avec Lille, c’était un beau partenariat sur le long terme… Finalement, ça a duré un an. » La faute, notamment, au départ précipité de Gérard Lopez du LOSC, marquant la fin d’une convention de quatre millions d’euros par an entre les deux parties, à l’origine supposée des difficultés économiques mouscronnoises selon la direction belge.

Prononcée officiellement le 31 mai 2022, la faillite du Royal Excel Mouscron est la dernière note d’une saison de calvaire. Pêle-mêle : il y eut les retards de salaire dès octobre, un énième refus d’une licence professionnelle par la commission des licences de l’Union belge de football, mais aussi des relations quasi inexistantes entre la direction et les joueurs, le staff ou les différents salariés du club. « On ne voyait personne de la direction, se souvient amèrement Jérémy Taravel, défenseur central français arrivé au club en août 2021. Le président, Patrick Declerck, je l’ai vu une fois, cinq minutes, lors d’une réunion qui n’a servi à rien. » Une rencontre mémorable, à la suite d’une victoire à domicile face à Lierse, quelques semaines avant la trêve hivernale, qui marqua la première grève des joueurs, motivée par le peu de garanties quant à l’avenir du club. « À la fin du match, quand il est arrivé, nous nous disions qu’il nous annoncerait une bonne nouvelle, complète Christophe Lepoint, capitaine respecté, passé par Mouscron avant la première faillite, puis revenu en 2021 avec l’objectif d’y finir sa carrière malgré le peu de certitudes autour de l’Excel. Là, Declerck nous a informés qu’on toucherait nos salaires vers le 20 ou le 25, mais qu’il ne savait pas quand on allait les avoir le mois d’après. De là, la réunion est partie en sucette. Avec d’autres, j’ai commencé à hausser le ton. » De vrais Hurlus, en somme.

Ce sont nous, les joueurs, le staff, les intendants, les bénévoles, les gens du club, qui sommes restés debout jusqu’à la fin de la saison. Il y avait une vraie cohésion. À 37 ans, je n’avais jamais ressenti cela de toute ma carrière. Et je sais que je ne le vivrai plus jamais.

Bons cœurs contre mauvaise fortune

À la suite du licenciement d’Enzo Scifo, premier entraîneur de la saison aux résultats calamiteux (2 points sur 21, aucune victoire en championnat), puis l’arrivée de José Jeunechamps, l’ensemble du groupe se structure rapidement autour d’un noyau composé de formateurs historiques du Futurosport, nom donné au centre de formation de Mouscron. L’un d’eux, Olivier Croes, fut longtemps le pompier de service du club. Un homme tantôt entraîneur intérimaire, tantôt assistant, tantôt préparateur physique, tout en conservant des responsabilités au sein de l’organigramme du centre de formation et du football amateur local. De ces journées chargées, Olivier se souvient surtout de « ce staff soudé, qui venait pour le seul plaisir d’aider leur club, pour quasiment aucune contrepartie financière ». Face à l’absence de relations avec la direction, la nécessité de s’autogérer devient alors inévitable. Toutefois, loin du tumulte médiatisé, ces hommes vivent paradoxalement des moments d’amitié décrits comme rares dans le monde du football. « Ce fut une saison exceptionnelle, confirme Lepoint. Ce sont nous, les joueurs, le staff, les intendants, les bénévoles, les gens du club, qui sommes restés debout jusqu’à la fin de la saison. Il y avait une vraie cohésion. À 37 ans, je n’avais jamais ressenti cela de toute ma carrière. Et je sais que je ne le vivrai plus jamais. »

Christophe Lepoint

À cette autogestion s’ajoute, par ricochet, le dépassement de fonction d’une vieille garde particulièrement impliquée au sein d’un club vivant constamment avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Albert Semedo, présent au club depuis 20 ans en tant qu’éducateur, est l’un de ces hommes de l’ombre. Un passionné qui, à 52 ans, découvrait pour la première fois le monde professionnel. « Olivier m’avait demandé de le remplacer pour un match, à Virton. Ce fut notre première victoire de la saison. De là, le coach et les joueurs m’ont dit de rester par superstition.(Rires.)Tout amateur de football un peu taré aurait accepté. C’est ce que j’ai fait. » Une situation d’urgence probablement passée inaperçue dans les hautes sphères, aux dires des membres de ce staff made in Mouscron. « On a tout fait pour le club, mais je ne suis même pas sûr que Gérard Lopez nous connaisse  », affirme Olivier Croes, enfant de la région ayant entamé l’aventure Excel en 2010, après la première faillite du club.

On a tout fait pour le club, mais je ne suis même pas sûr que Gérard Lopez nous connaisse.

« Certains joueurs n’avaient même pas un euro à la fin du mois »

Dans l’intimité du vestiaire, Christophe Lepoint joue également le rôle de grand frère avec ses coéquipiers et de médiateur avec ses dirigeants. «  Cette saison, j’ai passé plus de temps à m’occuper de l’extrasportif que du sportif, déplore l’ancien international belge. Ça m’a pompé beaucoup d’énergie, mais je ne le regrette pas. J’étais le capitaine, c’était à moi de faire le relais. » Dès lors, les journées du milieu de terrain sont rythmées par les entraînements, les décrassages, mais aussi les tentatives de communication, par téléphone ou SMS, avec ces dirigeants invisibles. « Le dernier mois où l’on a reçu notre salaire, c’est février. Ils nous doivent mars, avril, mai et juin, ainsi que le 13e mois, informe Lepoint. Initialement, on devait passer par Benjamin Seillier(directeur général du club à la suite du départ de Paul Allaerts comme consultant pour les clubs détenus par le millionnaire, en août 2021, NDLR), qui devait passer par le président Declerck, qui devait passer par Lopez. À la fin du mois de mars, on contactait directement ce dernier. Pour les deux derniers salaires que l’on devait toucher, Lopez nous disait :« J’ai fait le versement. »On appelait Benjamin Seillier, qui appelait la banque et qui, elle, informait qu’aucun versement n’avait été fait, car il manquait des preuves de la provenance de l’argent. Ils se rejetaient tous la faute, ce n’était plus possible. »

Declerck et Lopez

Les intendants et salariés du club (femmes de ménage, jardiniers, personnels de bureau, etc.), eux, ont vu leur situation se clarifier grâce à la mobilisation du groupe professionnel en général, et de Christophe Lepoint en particulier : « J’ai demandé à Benjamin Seillier de payer les salariés s’il y avait les fonds nécessaires. C’était normal que ces gens soient payés en priorité. Ils ont des enfants, des maisons et des voitures à payer. » Depuis lors, joueurs et membres du staff puisent dans leurs réserves personnelles, au risque de voir rouge à la fin du mois. « Dans la réalité du vestiaire, certains joueurs n’avaient même pas un euro à la fin du mois, mais ils n’osaient pas le dire », relate avec tristesse Christophe Lepoint qui, dans cette saison galère, « la plus dure de[sa]carrière, sincèrement », ramenait parfois ses problèmes à la maison. « Quand je rentrais chez moi, j’étais sur les nerfs. Je tirais la gueule, je ne parlais pas. On en avait tous gros sur la patate, et ça se répercutait dans nos foyers. De temps en temps, moi, j’étais dans ma cuisine, la télévision éteinte, à regarder mon jardin pendant une heure, à réfléchir et ressasser. Et je sais que je n’étais pas le seul. »

Tu essayes de trouver des solutions jusqu’au bout, mais tu n’y arrives pas. Sans que toi, tu sois le responsable du mal. Tu subis. C’est ça l’expression adéquate : subir.

Restent les souvenirs d’une saison singulière. D’un groupe d’hommes qui, dans l’intimité, se serraient les coudes et restaient après les matchs pour discuter, décompresser et boire des verres. Ensemble. Entre Hurlus. Des instants précieux où surgissent les regrets de voir une direction offrir « une confiance aveugle à Lopez, alors que tout le monde savait que Mouscron n’était plus sa priorité après son départ de Lille ». Une fois parti du côté des Girondins, les relations se sont inévitablement distendues. Philippe Brutsaert l’illustre : « J’ai demandé à visiter le centre de formation de Bordeaux. Comme j’en ai déjà visité quelques-uns, ça m’intéressait. On aurait pu faire un travail avec Boavista et Bordeaux, mais je pense que ce n’était pas dans les volontés des dirigeants de faire rencontrer les gens de ces clubs et qu’ils s’aperçoivent que de mêmes problèmes existaient chez les uns et les autres. » Les regrets, aussi, d’hommes et de femmes qui, jusqu’à l’officialisation de la faillite, se sont battus afin de trouver de possibles repreneurs. Et continuent à le faire « dans le but de reconstruire un projet mouscronnois », annonce Philippe Brutsaert, la passion du football et de l’éducation comme moteur. Lui qui, comme d’autres, revit « le cauchemar de la première faillite de 2010. Tu essayes de trouver des solutions jusqu’au bout, mais tu n’y arrives pas. Sans que toi, tu sois le responsable du mal. Tu subis. C’est ça l’expression adéquate : subir. » L’objectif, désormais : sauver ce qui peut encore l’être. « On s’accroche aux petites lueurs d’espoir, c’est-à-dire le Futurosport et notre équipe féminine », conclut Philippe Brutsaert.

Futurosport, parc d’aversion

Fondé à la fin des années 1990, composé d’une dizaine de terrains, d’une salle de musculation, d’une salle indoor et abritant une trentaine d’équipes réparties en deux pôles (l’un en Élite 2, pour les futurs joueurs professionnels et l’autre, en provincial, pour les jeunes footballeurs amateurs de la région), le Futurosport est l’un des centres de formation d’excellence du pays, brassant les jeunes talents du bassin lillois et de toute la Wallonie. «  Historiquement, l’idée était de faire côtoyer le football élite et le football provincial-régional. C’est ce qui fait encore l’ADN de notre centre de formation », explique Brutsaert. Socle stable d’une structure professionnelle profondément instable, le Futurosport se reconstruisait doucement après la première faillite de 2010. Longtemps, la réalité du centre de formation était de perdre ses meilleurs éléments faute de perspectives en équipe première. La succession d’actionnaires et d’entraîneurs étrangers ne laissait que peu de place à ce qui faisait pourtant la force du club : la qualité de ses formateurs, de ses installations et de ses jeunes. «  L’ancrage local était important pour nous. Au centre de formation, cela n’a jamais changé. On a conservé de purs Mouscronnois, des gens qui travaillent pour le club et la ville, aime dire Olivier Croes, présent à l’Excel depuis 12 ans et en charge des U15-U21. Mais au niveau du groupe professionnel, nous avons eu des personnes qui ne prêtaient pas attention au projet mouscronnois. Certains venaient pour faire leur travail, d’autres pour prendre uniquement de l’argent et repartir. »

Paradoxalement, cette saison 2021-2022 fut marquée par la réussite du projet dans la quasi-totalité des promotions avec sept équipes sacrées championnes et trois à la seconde place de leur championnat respectif. « On a peiné après la première faillite pour retrouver des joueurs de qualité, mais là, on avait une génération phénoménale, complète Croes. On était champions quasiment partout, les gens étaient contents de venir au Futurosport, et beaucoup ont attendu le dernier moment pour s’en aller. » Sur les 600 élèves inscrits, quasiment l’ensemble du Pôle Élite a plié bagages. 200 à 300 élèves ont déjà trouvé un point de chute, aidé au besoin par les formateurs du Futurosport. Des départs de jeunes joueurs anticipés pour certains, prévus pour d’autres, mais précipités et forcés pour la majeure partie. « Malgré toutes les rumeurs, on ne se sentait pas affecté au Futuro, détaille Sitane, mère de Bernardo, U13 élite à l’Excel. On n’a jamais été alerté ou tenu au courant de la suite. On n’a rien pu prévoir en avance. » Un constat partagé par l’ensemble des formateurs, eux-mêmes heurtés par le silence de la direction et le flou d’une situation économique éloignée de leurs préoccupations footballistiques et éducatives quotidiennes. « [Avec l’arrivée d’actionnaires étrangers], nous avons perdu un aspect : le fait qu’il y ait une personne à la tête du club. Une personne capable de donner une orientation, des directives, voire des obligations pour conserver ce lien avec les citoyens  », complète Albert Semedo.

Nous avons perdu un aspect : le fait qu’il y ait une personne à la tête du club. Une personne capable de donner une orientation, des directives, voire des obligations pour conserver ce lien avec les citoyens.

Depuis l’annonce officielle de la faillite, les groupes Facebook des différentes équipes de jeunes du Futuro regorgent de messages poignants. « Un projet de vie se termine de la pire des manières. Après avoir privé mes parents de ma présence plus de deux ans, me voilà obligé de rentrer chez moi avec moins que ce que j’avais en partant. Triste ! Reculer si loin malgré tout ce qu’ils ont fait pour moi, comme se priver de leurs enfants pour leur permettre de vivre leurs rêves », peut-on ainsi lire de la part d’un de ces jeunes, touché par le douloureux sentiment de culpabilité́. Chez Sitane, c’est l’inquiétude qui prédomine. « L’Excel, c’est le club de Bernardo, livre-t-elle. Il y a tapé son premier ballon à 6 ans. On habite en ville, avec mon conjoint, nous allions le déposer tous les soirs au centre. » Durant plus d’un mois, dès l’annonce de la perte de la licence pro du club, à la mi-mai, la mère de Bernardo enchaîne les mails, les candidatures, les coups de fil. « Beaucoup nous ont répondu qu’on était venus trop tard, explique-t-elle. Les détections étaient passées, les équipes déjà faites. Je n’en dormais plus. Je voyais mon fils rentrer tous les jours, me demander si un club nous avait répondu… et je n’avais rien à lui répondre. Lui était déterminé et moi sans réponse. J’en souffrais fortement. » Il y a quelques jours, tout est rentré dans l’ordre. Bernardo a pu montrer ce qu’il avait dans les pieds lors d’une détection organisée par le KV Ostende, qui a décidé de l’enrôler pour la saison prochaine. Un bémol toutefois : «  Nous n’avons pas d’autres choix que de le mettre à l’internat du centre, confie Sitane. Ostende, c’est à environ 60 km de chez nous. C’est la première fois qu’il partira de la maison. » Olivier Croes, lui, s’il se réjouit pour ces jeunes, l’a tout de même en travers de la gorge : « Très peu partent pour le plaisir. On aurait aimé continuer ce travail avec eux, mais ça reste une fierté de les voir signer dans les grands clubs belges. On est surtout déçus de ne pas voir ces jeunes porter le maillot de Mouscron avec les professionnels, avec cette impression d’avoir travaillé pour les autres. »

Tout un écosystème menacé

À chaque entretien, douleur, colère et indignation structurent ces témoignages. Philippe Brutsaert : « Ce football n’est plus entre les mains des gens du terrain. C’est désormais un business. Nous, nous ne sommes plus que des acteurs secondaires d’un jeu qui n’est pas le nôtre. Tout n’est qu’argent. » Chez les briscards Jérémy Taravel et Christophe Lepoint, même amertume : « Je suis un amoureux du football, moins du milieu du football. C’est devenu une entreprise », se désole le premier quand le second déclare que « les joueurs sont des numéros et ne sont plus considérés comme des humains ». Face à ces désillusions, une question demeure : pourquoi continuer dans ce milieu du football qui ne semble pas respecter le travail d’une vie ? « Ma femme me demandait tous les jours pourquoi je m’infligeais tout cela, mais j’aime Mouscron, répond Croes, la voix encore remuée par les récents évènements. C’est beaucoup de travail, beaucoup de sacrifices, mais le challenge sportif était intéressant. On ne pouvait pas laisser le club. C’est une passion pour le football, mais aussi pour cette ville et ce club. » Tout comme le staff, Nicolas a vécu cette saison singulière. Ce facteur français de 39 ans, DJ-sonoriste bénévole de l’Excel, est de ceux qui ont Mouscron chevillé au corps. Happé par l’Excelsior à 14 ans, « en octobre 1997 » précisément, alors qu’il étudiait en ville. À la suite d’un match, Nico décide de donner un coup de main à l’équipe en charge de la sono du stade. « Ce qui m’a tout de suite marqué dans le club, dès mon arrivée, c’est le côté familial et attachant, ajoute Nicolas. Quand on vient à Mouscron pour la première fois, on a le sentiment que cela fait dix ans qu’on y est, que cela fait dix ans que tout le monde nous connaît. »

Mouscron, ce n’est vraiment pas fou comme ville. Il n’y a pas grand-chose, on s’emmerde. Le club, c’est l’institution locale, la fierté de toutes et tous.

Tel est Mouscron : petite ville à taille humaine, marquée par son passé ouvrier et ses usines de textile, qui, par le football, a su se faire une place en Belgique et dans le cœur des Hurlus. « J’ai eu des propositions, livre Olivier Croes, mais je les ai refusées. J’aime le club. Mon projet est de rester ici et d’aider à nouveau. J’aime ce projet autant que l’École des sports. » Pour cause, en plus de ses activités au centre de formation et en équipe première, Olivier Croes est par ailleurs une figure du «  sport social  » mouscronnois, en tant que directeur sportif de l’École des sports, structure proposant une scolarité classique mêlée à un accompagnement sportif hebdomadaire, pour les enfants du primaire au secondaire. Un projet qui atteste des volontés sociales d’un club et de ses éducateurs. « L’École des sports et le club sont deux structures indépendantes et différentes, mais qui collaborent fortement, explique Olivier. On attire majoritairement les personnes par le football, mais même avec cette faillite, nous resterons présents. On gardera cette qualité d’enseignements et d’infrastructures, tout en restant ouvert à tous et toutes. » Non affectée financièrement par les déboires de l’Excel, l’École des sports perd toutefois un club phare servant de locomotive.

La donne devrait être similaire pour le Royal Excel Refugee, initiative née en 2019 entre l’Excel et le centre d’accueil des demandeurs d’asile Fedasil de Mouscron. Tête pensante du projet, Mouâd Salhi est un Mouscronnois pur jus qui, fut un temps, arpenta les terrains du Futurosport jusqu’à ses 18 ans, « mais les croisés, tu connais ». « Au culot », il démarche alors le Royal Excel avec l’idée de « créer une équipe de foot pour les résidents du centre qui profiterait des infrastructures et du matériel de l’Excel ». Très vite, le club accepte. Depuis, l’équipe des résidents s’entraîne une fois par semaine au Futurosport et participe à des matchs et tournois amicaux, couleurs de l’Excel sur le dos. Aujourd’hui, celle-ci est entre les mains de Yohann. Le chargé de com’ du centre a remplacé Mouâd, promu directeur adjoint. Le Pep du Fedasil se livre : « Certains nous ont déjà avoué que le fait d’être reconnus de cette manière par un club pro a eu un impact positif dans leur épanouissement et leur bien-être personnel, raconte le coach actuel. Mouscron… ce n’est vraiment pas fou comme ville. Il n’y a pas grand-chose, on s’emmerde. Le club, c’est l’institution locale, la fierté de toutes et tous. Alors quand nos résidents sont accueillis de la sorte et peuvent s’entraîner à deux pas des professionnels, ils se sentent valorisés. Le Royal Excel Refugee a créé des amitiés, des sourires et un sentiment d’appartenance fort au club et à la ville. »

 En P4, il y aura toujours de la musique à passer. Les supporters seront moins nombreux, mais ceux qui seront là viendront pour s’éclater. En plus, ils auront le droit de craquer de fumigènes ! Ça sera une ambiance dingue ! Puis moi, j’aurai peut-être plus de libertés pour mettre certaines musiques.

« On ne lâchera jamais le club »

Malgré des doutes brumeux de part et d’autre, la tendance est au combat. Repartir, encore ; avec pour seule certitude le fait que cette ville, « c’est avant tout une mentalité », raconte Albert Semedo, arrivé à Mouscron après une carrière de footballeur effectuée à Roubaix. « Ce qui ressort de ce club, c’est son aspect familial. Et c’est pour cela que je souhaite rester : je ne suis pas sûr de retrouver ça ailleurs. » « On œuvre depuis des années, relaie, dans le même état d’esprit, Nicolas, le sonoriste du Canonnier. On ne lâchera jamais le club. J’ai le sentiment de devoir rendre au club ce qu’il m’a apporté. » Et d’annoncer, déjà, la couleur pour la saison prochaine : « En P4, il y aura toujours de la musique à passer. Les supporters seront moins nombreux, mais ceux qui seront là viendront pour s’éclater. En plus, ils auront le droit de craquer de fumigènes ! Ça sera une ambiance dingue ! Puis moi, j’aurai peut-être plus de libertés pour mettre certaines musiques. » Objectif : « La Bamba » , de Ritchie Valens. «  C’est le genre de musique festive qu’on entend souvent dans certains bars de Mouscron. » De sa classe ouvrière aux gueulards des tribunes, Mouscron reste une ville différente des autres, marquée par des valeurs humaines et une passion réelle des siens pour leur club de cœur. Telle est l’identité mouscronnoise, entre solidarité chaleureuse et amour du travail bien fait. À ces « actionnaires étrangers » qui souhaitent y investir dans le futur, un dernier mot de ce Mouscronnois d’adoption qu’est Albert Semedo : « Ne venez pas détruire mon club une troisième fois. »

Dans cet article :
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Par Julien Rieffel et Pierre Vuillemot

Tous propos recueillis par JR et PV sauf mentions.

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