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Milan, une C1 et au lit ?
Après avoir décroché le titre national, le Milan AC se pose un unique objectif : la Ligue des Champions. Pour ce, toute la vieille garde a décidé de prolonger son contrat d'un an, histoire de finir en beauté. Oui, mais après ?
Milan a réussi la première étape. Remporter le Scudetto. Voilà sept ans que la bande à “Berlu” ruminait dans son coin, en regardant l’Inter rafler titre sur titre, du Scudetto à la Ligue des Champions, en passant par la Coupe d’Italie ou le Mondial des Clubs. Milan s’était consolé avec une Ligue des Champions en 2007. Puis plus rien. Trois années d’errance, de jalousie, de silence. Les tentatives Ronaldinho, Schevchenko bis, Borriello ter, Senderos, Huntelaar, Onyewu ou Amantino Mancini se sont révélées de sombres échecs.
“Vieillissant”, voilà l’adjectif qui revenait le plus souvent pour qualifier le Milan AC de cette fin de décennie. Et cet adjectif-là, Berlusconi le déteste. Lui qui, à coups de liftings et de soirées bunga-bunga, tente de conserver son éternelle fraîcheur malgré ses 74 printemps. Alors, pendant l’été 2010, alors que l’Inter se sépare de Mourinho, le “Cavaliere” passe aux actes. Le dernier jour du mercato, il réalise un coup double en faisant signer Ibrahimovic et Robinho, qui viennent s’ajouter aux déjà recrutés Boateng, Yepes et Sokratis. Le jour de son arrivée, Zlatan se la joue Madame Irma (Madame Ibra ?). « J’arrive ici pour tout gagner, à commencer par le Scudetto » affirme-t-il à Milanello. Les tifosi de l’Inter rigolent. Jaune.
Vieille jeunesse et jeune vieillesse
Après un début laborieux, où les critiquent pleuvent encore, le Milan AC impose son rythme et son jeu. Une défense solide, formée par la charnière Nesta-Thiago Silva, un milieu hargneux où la révélation Boateng prend vite le pli, et une attaque explosive emmenée par Ibrahimovic et Pato. Dès le mois de janvier, on comprend que Milan n’aura pas de rival. L’Inter prend trop de retard, la Juve vacille, la Roma est schizophrène et seul le Napoli semble, un temps, pouvoir suivre le rythme. Le Milan d’Allegri fait valoir sa puissance lors des confrontations directes. 3-0 face à l’Inter. 3-0 face au Napoli. Merci, au revoir. Sur la fin de saison, les joueurs les plus capés retrouvent leurs jambes et propulsent Milan vers son dix-huitième sacre national. Seedorf, longtemps boudé par le public rossonero, prend en mains les clefs du jeu, Abbiati s’impose en assurance tous risques et Gattuso, malgré quelques pépins physiques, sort les griffes dès qu’il en a l’occasion.
A cela s’ajoute une jeunesse argentée (Pato, Thiago Silva, les mystères Emanuelson et Vilà) qui n’attend que quelques recrues pour être véritablement dorée. Le Scudetto en poche, Galliani, l’administrateur délégué du club, annonce déjà la couleur. « Nous voulons à nouveau être souverains en Europe. Après avoir remporté le championnat, nous allons essayer de gagner la Champions’. Cette année, face à Tottenham, nous n’avons pas eu de chance. Une chose est sûre : notre prochain mercato sera digne de la Ligue des Champions, un objectif plus que jamais dans nos priorités » martèle-t-il. Un objectif à tel point prioritaire qu’il en devient l’arme principale de la campagne de recrutement milanaise.
Quatre piliers et une C1
De fait, dès la fin de la saison, les dirigeants rossoneri se penchent sur l’épineux problème des joueurs en fin de contrat. Après l’annonce d’Andrea Pirlo de quitter le club pour la Juventus, pas question de laisser filer un autre pilier. La Ligue des Champions devient un argument de vente, comme un bonbec promis à un gosse qui aurait eu une bonne note à son contrôle de maths. Et comme les joueurs milanais aiment visiblement les sucreries, cela fonctionne. Nesta prolonge d’un an. Inzaghi, tout juste revenu de blessure, aussi. Puis viennent Ambrosini, et enfin Seedorf, pourtant donné partant vers le Brésil. Quatre mousquetaires, avec un seul credo : “Un pour tous, tous pour la C1”. Une stratégie périlleuse, qui pourrait entraîner les mêmes conséquences que celles subies par la Squadra Azzurra après la Coupe du Monde 2006 : un grand succès apothéotique, la fin d’une génération, puis un fiasco. Un risque couru et assumé ?
Taïwo et Ronaldo sur un bateau
Oui et non. Car dans leur coin, Galliani et Berlusconi, les inséparables, préparent l’après. Eux veulent un Grande Milan. Comme avant. Avant même le début de l’ouverture du marché des transferts, ils font donc signer Philippe Mexès, 29 ans (l’après-Nesta), Taye Taïwo, 26 ans, et lèvent l’option d’achat pour Boateng. Pas encore “un mercato digne de la Ligue des Champions”, mais déjà un très bon début. A présent, Milan veut honorer son blase de Champion d’Italie pour pêcher un gros poisson.
La Ligue des Champions, c’est un beau pari. Planifier la suite, c’en est un autre, peut-être plus important encore. Le Brésilien Ganso (21 ans) et l’Argentin Lamela (19 ans) étaient en pôle pour symboliser cette nouvelle ère, mais les dernières rumeurs parlent des plus expérimentés Adebayor et Drogba. A moins que, comme à leur habitude, les Dupont et Dupond du Milan AC ne prennent tout le monde de cours et engagent une pépite du ghota international. Pour la flambe. Pour la gagne. Un Hamsik, un Coentrao, un Fabregas, un Bale, ou, complètement fou, un Cristiano Ronaldo. Berlusconi vient de subir une cuisante défaite sur le terrain politique, en voyant passer sa ville de Milan de droite à gauche lors des dernières élections municipales. Pas sûr que lui, l’autoproclamé « président le plus titré de l’histoire du football » , ait envie de perdre un autre pari, sur un autre terrain. Celui où il gagne.
Par Eric Maggiori
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