Métal Furlan
Allons bon, Jean-Marc Furlan a insulté Fabio Grosso. Encore une affaire de «racisme». Sauf que cette fois, personne ou presque n'en cause. Deux poids deux mesures ?
Samedi, Strasbourg a perdu à domicile contre Lyon. La faute à Fabio Grosso. Le compatriote de Claude Barzotti a fait exclure un adversaire strasbourgeois, l’attaquant Eric Mouloungui, et marqué le second but aulassien, synonyme de victoire.
Furlan l’avait en travers la gorge, évidemment, mauvais perdant. « Italien de merde, macaroni » ont capté les caméras de Canal plus sur le coup. Puis Jean-Marc refuse une interview d’après-match expliquant alors: « Je vais dire une connerie » . Bingo : à l’issue de la conférence de presse, certains journalistes l’entendront ajouter : « On ne peut pas dire que l’Italien a renié ses gènes ou sa race » .
Bon, ben c’est pas du meilleur goût, et puis c’est pas trop le moment. Jean-Marc Furlan s’est donc rapidement excusé. « Je m’inscris donc en faux face à cette tentative de dérive. Le mot racisme m’est totalement étranger et, ayant des origines directes italiennes, je ne peux accepter que certains puissent mettre en cause mon attachement à l’égard de ce pays. (…) Citoyen d’honneur de la ville de Cinto-Camagione en Italie et élevé par une famille paternelle italienne, j’éprouve le plus grand respect et une réelle admiration pour cette nation. Je tiens à présenter mes excuses auprès du joueur Fabio Grosso si mes propos l’ont blessé » .
La Licra a condamné les propos de Furlan lundi. « Pour les scientifiques, les races humaines n’existent pas, explique la Licra. A écouter Jean-Marc Furlan, l’entraîneur du RC Strasbourg, la théorie fausse du ‘racialisme’ continue de faire son chemin. L’association est étonnée du peu d’émotion suscitée par les propos de Jean-Marc Furlan, symptomatique de la banalisation de ce type de discours » .
En effet, le peu d’émotion suscitée par ces propos est étonnant, tous les médias semblent s’en cogner. Ils étaient pourtant au taquet concernant le supporter messin ou la banderole parisienne.
Cette fois, que dalle, les journalistes ne se sont pas emballés. Cette affaire semble bien moins bousculer que les précédentes, et c’est peut-être cette réaction la plus saine.
On ne parle pas de points de pénalité pour Strasbourg (ce n’est pas si idiot, quand on a voulu faire payer Metz pour un de ses supporters, on pourrait bien faire payer Strasbourg pour son coach) ou de dissolution d’associations de supporters (ben ouais, si l’entraîneur alsacien est capable de dire macaroni, imaginez les injures qui doivent émaner de la bouche des supporters).
Bernard Laporte n’est pas allé voir comment ça se passait au domicile de Fabio Grosso et notre président n’a pas proposé de dissoudre Jean-Marc Furlan. La seule conséquence pour le coach alsacien, il n’entraînera sans doute pas l’OL la saison prochaine. Alors pourquoi la garde bien pensante s’est-elle abstenue de monter au créneau ?
On peut se le demander. Surtout que l’affaire Boulogne Boys est encore fraîche, l’agenda médiatique à point. Au vrai, si Furlan s’était attaqué de la sorte à un noir ou un arabe, c’eut été la débandade. Sauf que Grosso est champion du Monde, Rital, ex-coéquipier de Marco Materazzi, et gominé. Le traiter de macaroni, c’est pas vraiment du racisme. Ben non, c’est pas vraiment du racisme, c’est un Italien. Qui n’a pas sorti ce genre de bassesses devant les troupes à pento ou une publicité Dolce Gabbana ? Franchement ?
Surtout, le vrai problème ici, c’est le départ de Thierry Roland. Si si. C’était une sorte de garde-fou, un paratonnerre ; ses sorties aériennes permettaient de ne jamais oublier la vulgarité propre au football. Tant qu’il était là, tout était facile, on savait où étaient les dérapages.
C’eût été tout de même particulièrement tendu de condamner un supporter beuglant « Sale négro » ou de dissoudre les Boulogne Boys tant que Thierry sévissait sur la première chaîne nationale. Jean-Louis Murat avait tout compris : « Le départ de Thierry Roland est une grande perte ! Quand il dit ‘Monsieur Foote, vous êtes un salaud’ ou sa sortie sur l’arbitre tunisien, c’est le sommet du commentaire sportif. Sauf qu’il faudrait que le public soit bien éduqué pour supporter ce genre de conneries » .
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