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Jhon Durán, jeune chercheur d’or
Jhon Durán a signé en prêt à Fenerbahçe début juillet. À seulement 21 ans, il va découvrir son cinquième championnat, après avoir été acheté pas moins de 77 millions d’euros par Al-Nassr l’hiver dernier. Alors pourquoi ce jeune attaquant attire-t-il les sommes faramineuses ? Récit de son début de carrière.

21 ans et déjà des sommes énormes investies dans ses pieds. Jhon Durán a été prêté à Fenerbahçe par Al-Nassr, qui l’a acquis six mois plus tôt pour 77 millions d’euros, un énième rebondissement dans un début de carrière déjà très riche, au sens propre du terme. En janvier 2022, la vie du jeune Colombien prend un tournant lorsque Chicago le recrute pour 1,7 million d’euros, à la faveur d’un recruteur sur place bien avisé. Si le club américain met autant d’argent, c’est qu’il a senti un très fort potentiel, « un diamant brut, souligne Cédric Cattenoy, directeur du centre de formation à l’époque. C’était un joueur avec un potentiel athlétique énorme, avec une patte gauche. Il mettait des buts du gauche, avec une tendance à frapper fort. »
Il joue les ballons à fond, plein d’engagement, donc à un moment donné, peut-être qu’il va laisser traîner le pied, c’était ça Jhon Durán.
Pour le Colombien, le changement de vie est radical. Jhon Durán vient de Zaragoza, une petite cité minière, où son père, Regino, s’est échiné les vertèbres en cherchant de l’or. Ce dernier racontait au média World soccer son quotidien de labeur, destiné à son fils : « C’était toujours un défi de trouver ce dont il avait besoin pour la nourriture, le transport et les nombreuses paires de crampons qu’il usait. » Il parle à peine anglais et le voilà dans l’une des plus grandes villes des États-Unis. Son intégration est facilitée par les quelques hispaniques de l’équipe. Une fois son adaptation effectuée, Cédric Cattenoy se souvient de son engagement total sur la pelouse : « Il faisait mal aux défenseurs, il s’arrachait sur tout. Il joue les ballons à fond, plein d’engagement, donc à un moment donné, peut-être qu’il va laisser traîner le pied, c’était ça Jhon Durán. »
D’un record en MLS aux millions de l’Arabie saoudite
Forcément, ce style de jeu sans concession apporte son lot de cartons jaunes, cinq lors de cette saison en MLS. Mais surtout, il lui permet de réaliser des statistiques très solides, à tel point qu’il inscrit huit buts et distribue cinq passes décisives, le tout dans un rôle de remplaçant. Assez pour convaincre Aston Villa de sortir le chéquier, et de réaliser la plus grosse transaction de l’histoire de la ligue américaine, avec un achat à hauteur de 29,5 millions d’euros. « En une année, c’est énorme », souligne Cédric Cattenoy, dont le club de l’époque réalise une sacrée plus-value.
Kulübümüz, Al Nassr FC forması giyen Jhon Duran’ın, 1 yıllığına kiralık olarak kadromuza katılması konusunda hem kulübüyle hem de oyuncuyla anlaşmaya varmıştır. Futbolcumuza, çubuklu formamız altında başarılarla dolu bir sezon dileriz. Fenerbahçe Spor Kulübü pic.twitter.com/0e2tSE5ayy
— Fenerbahçe SK (@Fenerbahce) July 6, 2025
En Premier League, et même en Ligue des champions, Jhon Durán confirme les attentes. Très peu titulaire, il continue à être tranchant, à prendre la profondeur, et marque sur le peu de minutes que son coach lui accorde. Al-Nassr le repère lors de la saison 2024-2025, et claque 77 millions d’euros, rien que ça, pour acquérir ce buteur en devenir. Dans la transaction, le club de Chicago récupère 15% du montant. Le fils de chercheur d’or suit la destinée de son père, et empoche un salaire de 19 millions d’euros à l’année. Soit environ le même montant qu’Ousmane Dembélé, joueur le mieux payé de Ligue 1 la saison passée. Si John Durán débarque à Al-Nassr avec un certain statut, il arrive surtout dans l’équipe de Cristiano Ronaldo et ses près de 200 millions d’euros l’année, bien au-dessus de la mêlée.
Une cohabitation difficile avec CR7
Peut-être même trop, au point d’imposer ses règles, d’après le Telegraph. Selon le média britannique, CR7 aurait eu le droit à un certain nombre de passe-droits, comme changer l’heure des entraînements, choisir les horaires de voyage, les repas ou même les droits à l’image. Jhon Durán en aurait souffert et se serait donc plaint de ces conditions injustes selon lui, limitant « ses perspectives de développement ». D’autres sources mentionnent, elles, un manque de professionnalisme de l’international colombien. Des rumeurs, démenties par le club, annonçaient qu’il vivait à Bahreïn pour être avec sa petite amie et contourner les lois d’Arabie saoudite.
Résultat, il s’est retrouvé indésirable sous les couleurs jaune et bleu d’Al-Nassr. Direction Fenerbahçe, en prêt, avec le salaire pris en charge par le club turc. Du côté stambouliote, on s’attend à un joueur au caractère houleux, mais les supporters se réjouissent de voir une recrue encore loin de la retraite. « On est excité par ce transfert, souligne Taha, membre des Genç Fenerbahçe, le principal groupe de fans. On a fait une indigestion de joueurs âgés, comme Džeko ou Tadić (les deux ont quitté le club cet été, NDLR). »
Le destin du jeune Jhon Durán est désormais dans les mains d’un certain José Mourinho. Et Fenerbahçe a dû batailler pour attirer le natif de Medellín, d’abord réticent à s’installer du côté du Bosphore. Le club est allé jusqu’à se déplacer sur son lieu de villégiature, dans sa Colombie natale, pour le convaincre. L’opération payante, très chère, puisque Fener’ va devoir assurer le contrat signé avec Al-Nassr. Jhon Durán, lui, va continuer à jouer sous des couleurs jaunes, peut-être un clin d’œil à son père, le chercheur d’or.
Jhon Durán file en TurquiePar Victor Fièvre
Tous propos recueillis par VF, sauf mention