Même sans CR9, le Portugal garde le melon

C’est la question à un million d’escudos : le Portugal peut-il éviter le piège bosniaque sans Cristiano Ronaldo, la cheville encore toute retournée par sa rencontre avec Souleymane Diawara ? Le problème tient dans la formulation de la question. Avec son Ballon d’Or, l’autre Selecçao a bien failli ne même pas accrocher les barrages. Au niveau buts et impact lors de cette pénible phase de non qualification, l’absence de l’imberbe de Madère pèse autant qu’un Luyindula oublié en route par Domenech. On exagère, mais il existe un fossé digne de la faille de San Andreas entre la façon dont CR9 vampirise le débat et son influence sur sa sélection.

Si les Portugais n’osent pas remettre en cause le talent de leur star, les crampons commencent à s’aiguiser pour tailler un joueur dont le rendement en sélection laisse à désirer depuis un moment (pas la queue d’un but en qualifs). Sans parler de ce brassard de capitaine qui serre au niveau des biceps et qui ne colle pas avec le caractère de cochon du garçon. « L’absence de Ronaldo est un faux problème. S’il n’est pas en forme et condition pour jouer un match décisif mieux vaut faire confiance à d’autres » , assure Sergio Conceição. L’ancien de l’ancien de l’Inter doit penser à Nani, plutôt à l’aise quand il a fallu remplacer Ronaldo contre la Hongrie et Malte. De là à dire que l’absence du Madrilène peut être une chance face à la Bosnie, il ne faut pas non plus pousser CR9 dans la surface.

Barragiste presque miracle, le Portugal se voit déjà un peu en Afrique du Sud et oublie un peu la case Sarajevo. Comme on ne se refait pas, Carlos Queiroz clame sa confiance presque aveugle dans la valeur de sa bande. « Si nous jouons au même niveau que ces derniers mois, nous avons de très bonnes chances. (…) Nous serons à la Coupe du Monde, j’en suis sûr à 100% » , plastronne l’ancien bras droit de Ferguson. Suffisance quand tu nous tiens…

Pour aller dans son sens, il faut admettre que les Portugais partent favoris contre des Bosniaques un poil survendus par rapport à une équipe comme la Slovénie, plus expérimentée et retorse dans l’exercice du barrage piégé. Vendue comme une belle petite bande de tripoteurs de ballon, la Bosnie de Dzeko et Pjanic peut-elle et doit-elle jouer le béton et attendre les Portugais ? Miroslav Blazevic, 74 ans et les neurones encore en état de marche, doit avoir un début de réponse. « On va chercher à jouer comme la Grèce en 2004, menace le sélectionneur croate de la Bosnie. L’idée c’est de fermer les espaces et d’essayer de marquer au moins un but » .

C’est con et prussien comme du Rehhagel, mais l’idée de onze Bosniaques recroquevillés devant leur surface suffit à renvoyer à cette foutue incapacité lusitanienne à faire quelque-chose de la possession de balle. La bonne nouvelle, c’est que le Portugal s’est dégoté un avant-centre. Pas un Torres ou un Drogba, mais un type que ses partenaires peuvent au moins regarder dans les yeux. Avec son physique de cure-dent, Liedson a fait baisser d’un ton ceux qui trouvaient que sa naturalisation jurait un peu avec l’identité nationale locale. Deux buts, trois matchs et une grosse activité plus tard, le Brésilien du Sporting a déjà tué la concurrence à son poste, pas bien épaisse, faut avouer. Reste la stat’ qui tue et ramène à un doigt de méfiance. Pendant les éliminatoires, le Portugal a tiré 166 fois et trouvé les filets seulement à 17 reprises. Sommet d’impuissance, le match retour contre le Danemark a vu les hommes de Queiroz combiner domination de tous les instants et maladresse quasi-grenobloise au moment de conclure. C’était quoi d’ailleurs le plan de Blazevic?