S’abonner au mag
  • Espagne
  • Málaga

Málaga, de cheikh en bois au bonnet d’âne de Liga

Par Robin Delorme, en Espagne
4 minutes
Málaga, de cheikh en bois au bonnet d’âne de Liga

Incapable de battre un Bilbao réduit à dix, Málaga s’est contenté d’un nul à San Mamés. Une piètre performance qui s’explique, en partie, par la grave crise institutionnelle qui gangrène le club. Ou comment Abdullah Al-Thani fait couler des Boquerones toujours plus prêts de la Liga Adelante.

Il y a de ça cinq jours, le conseil municipal de Málaga exauce le vœu de nombreux supporters des Boquerones. Unanime, à l’exception des élus du Partido Popular, il décide de retirer le nom d’Abdullah Al-Thani, propriétaire du fanion local, d’un rond-point de la ville. Une volonté qu’Alejandro Carballo, membre du parti Ciudadanos, justifie par le fait que « beaucoup de personnes dans cette ville méritent cela avant ce monsieur » . Arrivé en juin 2010 à la tête du Málaga CF, le cheikh se veut alors en sauveur du club andalou. Cinq ans plus tard, ce même propriétaire est raillé par tous les habitants et supporters malacitains. Dans cette gestion cataclysmique, qui a vu le club troquer sa place en Ligue des champions pour les galères du maintien, lui ne se remet jamais en cause. De fait, après une énième contre-performance, cette fois sur la pelouse d’un Athletic réduit à dix (0-0), il pousse Dani Gracia un peu plus près du précipice. Un licenciement dans l’air du temps qu’explique l’actuelle dix-septième place en Liga, mais aussi une crise institutionnelle qui pousse la Rosaleda au bord de la crise de nerf. Chronique d’une inexorable descente dans les abîmes du championnat. Avant une descente ?

Une cantera vendue au plus offrant

Pour nombre des supporters boquerones, le bilan de Javi Garcia reste pourtant positif. Après avoir pris la succession de Bernd Schuster, auteur d’une saison plus que tristounette, il ramène de la vie à la Rosaleda. Avec un effectif majoritairement composé de jeunes canteranos aux dents longues, le natif de Pampelune tutoie pendant de nombreuses journées les places européennes. Pour Antonio Benítez, alors conseiller sportif du club, « il fait le travail que nous souhaitions tous. Il travaille avec tous les canteranossans leur mettre une pression folle. De fait, ils s’épanouissent. » Une bouffée d’air frais qui se conclut par un neuvième strapontin synonyme d’espoir, que les prémices de l’été et les premières rumeurs du mercato viennent vite doucher. Tour à tour, Samu Castillejo, Samuel Garcia, Juanmi et Sergi Darder, fleurons du centre de formation andalou, sont vendus au plus offrant. Toutes ces ventes rapportent gros dans les caisses désespérément vides. Car Abdullah Al-Thani, loin de tenir ses promesses de grandeur de 2010, se la joue radin et n’injecte plus le moindre centime dans les finances de l’entité.

« J’étais amoureux du projet que je voyais. Avec cet effectif, je me projetais dans les deux, trois ans, et je me mettais à rêver. Mais la réalité nous a obligés à opérer à une multitude de changements. C’est ça, le travail actuel d’un directeur sportif dans un club espagnol. Il faut donc qu’avec l’entraîneur, nous soyons prêts à ces changements. » En octobre dernier, Mario Husillos, DT d’un Málaga en queue de peloton, se lance dans une tentative d’explication sur le marasme sportif que traverse le club. Un discours, plus réaliste que fataliste, qui ne trouve plus écho à partir de la mi-novembre : viré par le big boss du Qatar, il aperçoit de loin les malheurs de son Málaga. Car la crise sportive s’est aujourd’hui transformée en véritable crise institutionnelle. Les dirigeants du club soutiennent officiellement Husillos et se désolidarisent de la famille Al-Thani – le père étant président, le fils vice-président. Deux semaines après la destitution du directeur sportif, c’est donc au tour du directeur général, Vicente Casado, de prendre la porte. En cause, les affaires qu’il a menées avec un fond d’investissements du Panama.

Fond d’investissement au Panama et cabinet d’avocats

Pour remplacer ces dirigeants mis à la porte, Abdullah Al-Thani décide de placer à la tête du club un cabinet d’avocats. « Le propriétaire a perdu confiance en Casado pour une série de décisions qu’il a prises sans en avoir informé ni avoir reçu l’autorisation du señor Al-Thani. Par exemple, il n’a pas compris la vente des droits fédératifs des joueurs Samu Castillejo, Camacho et Darder à une société domiciliée au Panama. Elle n’était même pas connue par le président ni par le conseil d’administration » , relate Pedro Gonzalez, membre de cette équipe du barreau. Ces changements dans l’organigramme de Málaga prouvent, s’il le fallait encore, que la famille Al-Thani gère ce club comme un jouet. Un jouet aujourd’hui aux mains d’avocats sans connaissance du monde du football ni passion, qui pourrait également se retrouver sans entraîneur avec la possible destitution de Javi García. Comble de l’histoire, la mise à l’écart du directeur sportif et général de Málaga découle de leur volonté de virer le jeune entraîneur. Au lendemain de la 14e journée de Liga, c’est donc un Málaga sans véritable repère qui se retrouve en queue de peloton. La descente, elle, semble inexorable.

Málaga renonce à la Coupe du monde 2030

Par Robin Delorme, en Espagne

Tous propos tirés de conférence de presse sauf ceux de Mario Husillos, de Marca

À lire aussi
premier-league
MG - BELO HORIZONTE - 09/26/2024 - SOUTH AMERICAN CUP 2024, CRUZEIRO x LIBERTAD - Roque Santa Cruz, Libertad player during the match against Cruzeiro at the Mineirao stadium for the 2024 South American Cup championship. Photo: Gilson Lobo/AGIF (Photo by Gilson Lobo/AGIF/Sipa USA)   - Photo by Icon Sport
MG - BELO HORIZONTE - 09/26/2024 - SOUTH AMERICAN CUP 2024, CRUZEIRO x LIBERTAD - Roque Santa Cruz, Libertad player during the match against Cruzeiro at the Mineirao stadium for the 2024 South American Cup championship. Photo: Gilson Lobo/AGIF (Photo by Gilson Lobo/AGIF/Sipa USA) - Photo by Icon Sport
  • Paraguay
  • Club Libertad
Roque Santa Cruz : « Le 9 doit avant tout être intelligent »

Roque Santa Cruz : « Le 9 doit avant tout être intelligent »

Roque Santa Cruz : « Le 9 doit avant tout être intelligent »
Les grands récits de Society: Qui a tué Tupac Shakur?
  • Grand Récit
Les grands récits de Society: Qui a tué Tupac Shakur?

Les grands récits de Society: Qui a tué Tupac Shakur?

Le 7 septembre 1996, à Las Vegas, une Cadillac blanche avec quatre hommes à bord s'arrêtait à hauteur de la BMW de Tupac et tirait sur le rappeur star. Vingt-huit ans plus tard, alors que l'aura du musicien n'a jamais été aussi grande et que les théories les plus folles sur son meurtre continuent de tourner, qu'en reste-t-il? Pour le savoir, enquête sur le destin tragique des quatre suspects, à quelques mois du procès de l'un d'entre eux.

Les grands récits de Society: Qui a tué Tupac Shakur?
Articles en tendances

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

C'est une putain de bonne question !

Safonov doit-il devenir le gardien titulaire du PSG devant Chevalier ?

Oui
Non
Fin Dans 3j
100
43

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • La revue de presse foot des différents médias, radio et presse française/européenne, du lundi au vendredi en 3 à 4h!