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Mais qui es-tu le cycle-balle ?

Ce dimanche, c'est l'arrivée sur les Champs-Élysées. L'occasion de s'intéresser à des mecs indécis, des sportifs qui n'ont pas su choisir entre leurs deux passions : le vélo et le football. Mais qui es-tu le cycle-balle ?
Certainement inspirés par les fusions dans Dragon Ball Z, de nombreux sports naissent d’un mariage improbable entre deux pratiques sportives. De là, le foot a obtenu une belle ribambelle de cousins. Le footvolley, le tennis ballon, et donc le cycle-balle. Michel Maillavin est un ancien joueur international. En regardant derrière lui, on peut dire qu’il a eu une carrière à la Maldini : « J’ai commencé vers 13 ans. Au début, c’était juste comme ça. Et puis j’ai commencé à jouer à haut niveau… 27 ans de pratique quand même ! » Ce qui l’a poussé à rester si longtemps dans les gymnases, « c’est surtout l’ambiance des salles. Exceptionnelle ! Je vais souvent voir des matchs de foot ou de basket, mais ça n’a rien à voir. Les premiers championnats du monde que je suis allé voir, c’était un match entre la Suisse et l’Allemagne, c’était fou ! Les Allemands ont amené une sirène de pompier et je peux vous dire qu’on ne s’entendait plus parler. » Aujourd’hui, il est trésorier du club de Feurs, en Rhône-Alpes, et forme les jeunes à taper dans un ballon avec la roue avant.
Pignon fixe, K.O. et faute technique
À l’écouter, ce ne sont pas les règles qui sont compliquées : deux coéquipiers, un joueur de champ et un « gardien volant parce que sinon les attaques seraient bien tristes » , pas le droit de poser les pieds à terre « parce qu’il faut apprendre à tenir en équilibre sur place et pour le gardien, il faut même apprendre à lâcher les mains pour prendre les ballons en l’air » . Le terrain fait quatorze mètres de long, onze de large, et les cages deux par deux : « Sur les côtés il y a des planches un peu inclinées pour éviter que le ballon ne sorte tout le temps. » Non, ce qui est vraiment compliqué, c’est d’apprendre à jouer : « Il faut environ quinze ans pour former un jeune de haut niveau. Un an et demi pour qu’ils apprennent simplement à rouler avec le vélo. Et ensuite ils peuvent commencer à faire des passes. C’est particulier, le pignon fixe. » Hipsters avant tout le monde, les cycle-balleurs.
Autre particularité, la balle : « Elle fait 600 grammes. Elle est bourrée, elle est pleine, elle est dure. Elle fait mal quoi. Et quand on tire, ça peut partir très fort et ça peut faire très mal. » À ce sujet et contrairement à son coéquipier, Michel se souvient très bien d’un match de Coupe du monde contre l’Autriche où ça a failli mal tourner : « Une frappe folle dans la tête. Mon partenaire est tombé directement dans les pommes. K.O. pendant dix minutes. Comme s’il avait pris une grosse droite. Pas de remplacement possible. Le match a été interrompu. Au bout d’un moment, il a repris connaissance et il a rejoué. On a fini le match, il ne restait pas grand-chose. On a perdu. » Le métier qui rentre, comme on dit, « mais bon sinon, on ne roule pas très vite. C’est juste qu’on a une grosse accélération. Ce n’est pas trop dangereux. Et puis, à haut niveau, tu tombes rarement. Et puis quand tu tombes, tu préfères entraîner le joueur adverse avec toi. C’est mieux ça, que de subir un coup franc. Ce n’est pas anti fair-play, c’est juste une faute stratégique. » Exactement ce que disait Gattuso quand il accrochait un maillot dans les dernières minutes de jeu au milieu de terrain, mais bon…
Passements de roue, Panenka et longévité
Une chose est sûre en tout cas, c’est que la technique de roulage est primordiale : « Y a pas vraiment de stars, pas de Zidane. Vu que c’est du deux-contre-deux, on ne peut pas faire grand-chose tout seul. Personne n’a une technique vraiment supérieure. Mais il faut être complet pour jouer à haut niveau. Les demi-tours, les feintes, les passements de roue, la marche arrière, pour pouvoir développer le jeu plus vite que la normale. » L’équivalent de ZZ sur le terrain n’existe peut-être pas, mais certains empruntent son audace. Dont Michel : « Match de Coupe du monde contre les Tchèques. Pénalty. C’est moi qui tire. Le gardien croyait que j’allais tirer fort en lucarne, il a levé la roue arrière, j’ai tiré devant à ras de terre tout doucement. Les gardiens, comme au foot, ils partent avant que le mec ne tire. Ce n’est pas vraiment une Panenka, mais ça y ressemble. C’est une feinte. »
Pas peu fier, Michel sait pourtant qu’il reste du chemin à parcourir en France pour atteindre les sommets mondiaux. Peu ou pas de budget, peu ou pas de sponsors, ils sont loin des pays de l’Est qui dominent la planète cycle-balle : « Y a surtout quatre grosses nations que sont l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse et la Tchéquie. L’Autriche est actuellement championne du monde. La Tchéquie a longtemps dominé. Et ensuite, y a la Belgique et la France. » L’une des principales raisons de ce retard ? Le cycle-balle a été créé et développé par les Allemands, les Tchèques et les Autrichiens : « Ça a plus de 100 ans. Y a des clubs en France qui ont aussi cet âge-là, mais bon, on n’est pas beaucoup. En tout cas, ce n’est pas un sport qui date d’hier comme on pourrait le croire. » De 1893 exactement. Dix bonnes années avant la première arrivée sur les Champs-Élysées donc.
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