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  • 90 ans de la Coupe du monde 1930

Lucien Laurent, à jamais le premier

Par Gaspard Manet
Lucien Laurent, à jamais le premier

En 2005, Lucien Laurent s'éteignait à l'âge de 97 ans. Sa légende, l'homme l'a écrite lorsqu'il marquait, en 1930, le premier but de l'histoire de la Coupe du monde. Du haut de ses 22 ans, le Français ne se doutait alors pas qu'il venait d'inscrire son blase dans l'histoire de la plus belle compétition du ballon rond.

Uruguay, 13 juillet 1930. La France et le Mexique s’affrontent pour ce qui est le premier match de la Coupe du monde, la compétition inventée par Jules Rimet, deux ans auparavant. Dans la froideur de Montevideo, les Français se montrent largement supérieurs à leurs homologues mexicains. C’est d’ailleurs très logiquement que les Bleus parviennent à prendre les devants dès la 19e minute de jeu. Sur le côté droit, Ernest Libérati accélère, élimine son défenseur, et parvient à centrer en retrait, dans l’axe, où Lucien Laurent, à l’affût, claque une superbe reprise de volée qui s’en va dans la lucarne adverse. La France vient d’ouvrir le score. Surtout, Lucien Laurent vient de marquer le premier but de l’histoire de la Coupe du monde. Un moment à part.

Footballeur-ouvrier

Sa rencontre avec l’histoire, Lucien Laurent ne l’avait pas vraiment prévue. Avant ce but qui forgea sa légende, celui qu’on surnommait Lulu n’avait rien du joueur bâti pour être la star du football français. À une époque où le ballon rond n’était pas encore un sport professionnel, Lucien Laurent alterne entre le football sous les couleurs du FC Sochaux et son travail à l’usine Peugeot, où il bénéficie d’horaires aménagés pour lui permettre de s’entraîner et de jouer les matchs du week-end. Il n’a que 22 ans, en 1930, lorsqu’il est sélectionné, avec quinze autres joueurs, dont son frère Jean, pour porter le maillot tricolore lors de la première Coupe du monde, organisée en Uruguay.

Une sélection à laquelle il ne s’attendait pas vraiment, lui qui n’avait découvert le maillot bleu que quelques mois auparavant à l’occasion d’un match amical face au Portugal, comme il le confiait à Football365 : « C’était une bonne surprise. Je ne pensais jamais qu’on disputerait la Coupe du monde à Montevideo en Uruguay ». Pourtant, Lucien va bien y aller, en Uruguay, après avoir obtenu un congé spécial de la part de son entreprise. Mais autre époque, autre moyen de transport. Et c’est donc par bateau que la délégation française se rend en Amérique du Sud. Un voyage de quinze jours, pendant lequel les Bleus s’entraînent comme ils peuvent, comme il le rappelait : « L’entraînement sur le bateau, ce n’était pas tellement facile, mais on avait la salle de culture physique. On faisait du contrôle de balle. Il y avait aussi le footing sur le pont du bateau ». Finalement, après une longue traversée de l’Atlantique, les Bleus posent le pied sur le sol uruguayen à temps pour disputer cette toute nouvelle compétition.

Une gloire à retardement

Tombés dans une poule avec le Mexique, l’Argentine et le Chili, les Bleus ne se font guère d’illusions quant à leur parcours dans la compétition. Pourtant, le premier match se passe bien, avec une large victoire face au Mexique, 4-1, grâce notamment à l’ouverture du score de Lucien Laurent, donc. Les deux autres matchs sont plus compliqués, et la France s’incline face à l’Argentine, puis face au Chili, toujours sur le score de 1-0. Finalement, après trois rencontres, les Bleus remontent dans le bateau direction la France. Pour Laurent, la vie continue. Le football devenu professionnel, le jeune homme s’en va du côté du Club français, à Paris. De moins en moins appelé avec la sélection, Lulu est quand même du groupe France pour la Coupe du monde 1934 où il doit se contenter d’un rôle de remplaçant. En 1935, il dispute son dixième et dernier match avec le maillot bleu sur les épaules.

Derrière, le garçon changera beaucoup de clubs, sept au total dans sa carrière, connaîtra la guerre, pendant laquelle il sera détenu trois années dans un camp de travail allemand, avant de terminer sa carrière de joueur à Besançon, au calme. À la suite de sa carrière, l’homme restera d’ailleurs à Besançon, où il deviendra entraîneur de l’équipe locale, avant d’ouvrir une brasserie qu’il tiendra jusqu’en 1972. Le tout dans l’anonymat le plus total. Car avant que son but ne soit remis en avant par les médias français à l’approche de la Coupe du monde 1998, tout le monde, ou presque, avait oublié ce jour de juillet 1930. Il lui aura donc fallu attendre plus de 60 ans pour vraiment faire parler de lui, comme il l’expliquait au Parisien, peu avant le Mondial français : « Je suis très sollicité en ce moment, cela me touche beaucoup. À l’époque, personne n’attachait d’importance à ce but. Pas même moi ! » De toute façon, la célébrité, Lucien Laurent s’en foutait, lui qui resta vivre à Besançon jusqu’à la fin de ses vieux jours. Une fin qui est donc survenue le 11 avril 2005. Lucien Laurent avait alors 97 ans. Comme quoi, les meilleurs ne partent pas toujours les premiers.

Par Gaspard Manet

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