London crying
Tout fout le camp ! Le derby le plus emballant d'Angleterre entre Tottenham et Arsenal a accouché d'un (0-0) chiant comme la pluie londonienne. Retour.
Arsène Wenger a bien fait les comptes. Le claquage d’Emmanuel Adebayor porte à six le nombre blessés majeurs à Arsenal après Diaby (cuisse), Fabregas (genou), Rosicky (cuisse), Walcott (épaule), Eduardo (cheville). Sympa à quelques encablures des huitièmes de Ligue des champions face à la Roma. Et puisque Wenger tient la calculette, il peut aussi mesurer l’écart qui sépare désormais ses Gunners de la première place : 12 points de retard sur Manchester United, qui compte encore un match de retard. Bon, on ne va pas faire semblant, le titre c’est mort. Mais le pire, c’est que pour les trois places suivantes, ça paraît à peine moins cuit. Liverpool s’accroche comme un rat derrière MU, Aston Villa paraît plus solide que jamais, la quatrième place pourrait donc se jouer entre Arsenal et Chelsea : qui l’eut cru ?
Clichy va souffrir mercredi face à Messi
Mais bizarrement, dans ce match, les Canonniers pourraient presque se féliciter de ce point pris chez l’ennemi. Car trois minutes après la sortie sur blessure d’Adebayor, Arsenal eu aussi le malheur de perdre Emmanuel Eboué sur expulsion pour un deuxième jaune récolté suite une intervention très poilue sur le pauvre Luka Modric. Mais les Spurs ne sont pas une énormité près. À onze contre dix, les hommes de Harry Redknapp balbutièrent bien davantage leur football qu’à égalité numérique. Car il faut bien avouer que si Arsenal se montra héroïque après l’expulsion d’Eboué, il fut assez près de boire le bouillon.
Dans un White Hart Lane incandescent, Tottenham a pris tout de suite le jeu à son compte. Gros pressing à l’ancienne, très tonique mais un peu désordonné, jeu très direct vers la boîte histoire de gagner du temps : les Gunners ne faisaient pas les fiers. D’ailleurs, dès la 4e minute, Robbie Keane, revenu au bercail six mois à peine après son départ, se signalait en prenant de vitesse Williams Gallas qui laissait traîner la papatte pour faucher l’Irlandais. Nothing selon l’arbitre. À droite, l’intenable Aaron Lennon mettait Gaël Clichy au supplice comme un avant-goût très mineur du traitement que lui devrait lui proposer Lionel Messi mercredi au Vélodrome pour Argentine-France.
Et Tottenham redevint Tottenham
Bonne nouvelle côté Tottenham, on retrouvait aussi Modric, sa technique en mouvement, sa vision du jeu, et son élégance dans le geste. Le jeune Croate, un peu égaré depuis le début de saison, semble renouer peu à peu avec l’étoile aperçue au dernier Euro. Sur un de ses coup-francs aux petits oignons, la grande gigue Roman Pavlyuchenko s’élevait au-dessus de la mêlée pour claquer une bonne tête un peu trop croisée. Quasiment le résumé du match pour le Russe, souvent dans les bons coups, systématiquement maladroit. Face à tant de maladresses, Modric décidait d’y aller lui-même, comme sur cette frappe bien brossée après un amour de contrôle en pivot.
Et puis, et puis… Blessure d’Adebayor : aïe ! Expulsion d’Eboué : re-aïe ! Entrée de Nicklas Bendtner : bon, ok, là c’est vraiment foutu pour Arsenal. D’autant que le premier quart d’heure au retour des vestiaires fut encore plus tranchant que la première période.
Echappée de Pavlyuchenko totalement bazardée en duel avec Almunia, percussion saignante de Lennon, tête de Keane. Et puis, Tottenham redevint Tottenham. Les Spurs se mirent à jouer n’importe comment, à espacer les lignes pour ne plus être une seule fois dangereux face à des Cannoniers qui avaient depuis longtemps rangé leur flingue pour s’arc-bouter devant leur cage. Arsenal défend, Tottenham n’en cadre pas une : oui, il y avait bien d’autres choses à foutre en ce dimanche après-midi.
Dave Appadoo
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