L’OM, juste un accident ?

Il fallait que ça arrive. L’OM devait perdre une première fois cette saison. À moins d’être né dans une calanque, ce n’est finalement pas surprenant. Sauf que l’OM a choisi le mauvais jour pour déjouer. Pas une question d’adversaire, non, le PSG n’ayant pas les objectifs de l’OM. Plutôt une affaire de timing.

La semaine dernière, les Olympiens ont amorcé un hara-kiri en Ligue des Champions et ont bazardé, dimanche soir, un match qui devait les porter sur les cimes de la Ligue 1. Ils peuvent certes accuser le coup, mais il va falloir l’encaisser fissa. Car depuis la sixième journée et un match nul 0-0 à domicile face à Monaco comme on ne veut pas en voir, les encourageantes promesses exhibées par l’OM se sont pour le moins estompées. Un nul au Mans, une victoire peu convaincante face à Caen, trois points empochés face à de trop faibles Valenciennois et un camouflet infligé par Paris. Correct sur le plan comptable certes, mais c’est dans le jeu que le onze blanc et bleu a inquiété dernièrement.

Si Mandanda se fait autant fusiller en dehors que sur le terrain, sa défense l’a souvent mené au piquet. Alors qu’Hilton commence de temps à autre à retrouver de vrais gestes de défenseur, Eric Gerets roule de nuit phares éteints en ce qui concerne le deuxième axial. Erbate ? Erreur de casting. Zubar ? Désert tactique. Lorik Cana ? Un milieu, comme Bodmer à Lyon. Illustration de ce micmac : sur Canal +, Gerets, flippé par les lacunes de Zubar dans le placement et le jeu de tête, aligne l’Albanais qui revenait bien dernièrement à son vrai poste. L’OM prend donc des buts, souvent les mêmes, mais en marque.

Vitesse mais précipitation

Et pourtant… Le front olympien est loin d’être exempt de tout reproche. Niang et Koné s’en sortent avec des stats raisonnables, bien qu’en vrai ils soient dans une méforme patente. Le Sénégalais n’est pas au top de ses appels comme de ses provocations balle au pied, alors que l’éléphanteau Ivoirien fait pester le Vieux Port sur ses occasions décadrées et ses dribbles hâtifs. Sans précision, la vitesse n’est rien. Une question se pose et la réponse pourrait amener de la clémence au procès : Baky a-t-il subi une ablation du pied gauche à la naissance ?

Au milieu, Eric Gerets a un faible pour Charles Kaboré. Mais parfois, la faiblesse tend au péché mignon. De même pour Mathieu Valbuena, qui malgré sa capacité de percussion fait parfois, depuis son retour de blessure, dans la précipitation. Le Belge a voulu faire de l’ancien de Libourne son leader sur le pré. Mais le costume jadis porté par Drogba, puis Ribéry, puis Nasri, est taillé XXL. Valbuena mesure 1m63 pour moins de 60 kg, les manches sont trop longues. Véritable motif de satisfaction, Benoît Cheyrou surplombe l’entrejeu. L’ancien auxerrois n’est ni Fabregas, ni Xavi, ni Pirlo, hein, mais il récupère, élimine, décale, distribue, renverse. Et au-delà de ça, il prend le temps de réfléchir, d’imaginer. Le tout avec un taux de déchet acceptable pour l’environnement.

Le coup de la panne ?

Si le bolide phocéen roule en sous régime, ce n’est pas une question de système de jeu, pas besoin d’une révision complète. Sur le papier, à l’échelle nationale, l’OM a l’effectif et le potentiel nécessaire pour évoluer dans plusieurs configurations, à une ou deux pointes, à deux ou trois récupérateurs, avec un 10 ou sans, et cætera et cætera. Puis les occasions et les situations sont là ou pas loin, sauf que le réalisme, l’envie de combiner et la fluidité, de sortie en début d’exercice, se font actuellement porter pâles.

Contre le PSG, l’OM a calé en pleine côte. Et c’est bien connu, pour redémarrer, il faut desserrer le frein à temps. Mercredi et samedi, l’Olympique de Marseille a l’occasion de refaire un plein et de reprendre sa traque au Lyon, d’abord dans la cage des Canaris puis, dans un autre classique hexagonal, face à Saint-Etienne. Deux chances surtout pour Hatem Ben Arfa de s’excuser, sur le terrain cette fois-ci.

Pierre Maturana

Nantes-Marseille / ce soir, 19 heures.