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(l)OL, mdr

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(l)OL, mdr

3-0 à la maison par une équipe qui mise sur Hemdani et Cousin, c'est un peu comme si l'OL avait pris une fessée en quart de finale de coupe de la ligue et à Gerland avec ça. La honte. Alors que le football français n'en finit plus de se ronger les calots sitôt qu'il y a de l'enjeu (lire le très bon papier de Barbier dans SF48), le début de saison de l'Olympique Lyonnais pose une question cruciale : comment disposer onze types sur un terrain convenablement. On appelle ça un problème tactique. Ou géométrique, pour les puristes...décryptage.

On peut bien dire ce qu’on veut, quand une équipe offre Juninho, Benzema, Källström et même Bodmer, Govou and co, et prend une violente raclée à la maison (en l’occurrence 3-0) contre des Écossais qui titularisent en guest stars des types comme Cousin et Hemdani, c’est qu’il y a un vrai putain de sérieux problème.

Certes, les Écossais ont eu à peine plus de trois occasions : cette tête de McCulloch – aucun rapport avec le chanteur d’Echo & The Bunnymen -, à la 23e, contre le cours du jeu et c’est rien de le dire (Källström et Benzema avait déjà buté comme des ânes sur les remparts hantés des Bleus), ce pivot tout en puissance de Daniel Cousin juste après la reprise – sales bestioles les cousins – ou encore ce dernier coup de poignard de Beasley, tout seul pour aligner Vercoutre.

Certes, les Lyonnais présentaient une équipe à vocation plutôt offensive : Benzema, Govou, Baros, Bordmer, Juninho, Källström, aucun « vrai » milieu défensif, et même Grosso et le très offensif Cleber Anderson en défense. Comme si Alain Perrin avait écouté les pleurs de son stratège brésilien, réclamant plus de prises de risques après la déculottée à Barcelone.

Certes, Lyon est privé de ses deux piliers en défense (Coupet, Cris).

Certes, la France a perdu deux fois récemment et tout le monde s’en souvient contre l’Écosse, c’est donc que ces gars là ne sont pas tout à fait des charlots non plus.

Certes…

On peut continuer ainsi longtemps, mais il s’agirait de regarder la triste vérité en face : la meilleure équipe française vient de prendre deux pilées en Ligue des Champions, un set blanc, contre des équipes malgré tout largement à leur portée.

Le Barcelone qui a torpillé Lyon au Camp Nou n’était qu’une pâle figure de ce qu’il sera dans quelques semaines, quand Henry aura trouvé sa place (sur le banc quand Eto’o va revenir ?), et les Glasgow Rangers ressemblent vaguement à une équipe de Ligue 1 qui pratiquerait un football rigoureux et compterait sur le gros Darcheville pour jouer du cul et la mettre au fond bon an mal an – au hasard, tiens, le Bordeaux de l’année dernière, qualifié en coupe Uefa.

Donc, quel est le problème de Lyon ? Est-ce comme l’avait stipulé il y a quelques années Bernard Lacombe d’avoir confié la Ferrari à un conducteur de 106 (Nanard ne l’avait pas formulé ainsi mais l’idée était là) ? Est-ce la faute au temps qui passe et qui aurait attaqué sérieusement les rotules de Juni ? Est-ce la faute à Lacombe et Aulas qui ont fait n’importe quoi au mercato, trop sûrs de leur fait ? Est-ce un problème structurel de la L1 qui peine à attirer autre chose que des condamnés à mort (Milan Baros) ? Sans doute un peu de tout cela à la fois.

Le début de saison lyonnais nous enseigne en fait deux choses : d’une part, aucune équipe-type ne se dessine, pas plus qu’un schéma tactique ne semble contenter tout le monde, y compris en interne, et d’autre part, qui pour planter les buts quand Benzéma est un peu froid ?

Il faut commencer par le commencement. Donc la tactique. Parce que bon dieu de nouille, y a que ça de vrai, le foot, c’est de la géométrie, on ne le dit jamais assez, il faut qu’il y ait de l’animation, sans blague, comme dirait Denoueix, « On va pas jouer comme des piquets » , mais avant cela, il s’agit de trouver le bon équilibre dans l’organisation, et à voir l’OL cuvée 07/08, il y a comme une couille dans le potage (ou un manque de couilles, peut-être, si l’on veut tirer dans le sens de l’excellent article de Joachim Barbier dans le numéro 48 de So Foot, actuellement en kiosque, au passage).

4-3-3 ou 4-4-2 ? Juninho ou Benzema ? Quand Gérard Houllier a laissé les clés de son Audi à Jean-Michel Aulas, l’année dernière, miné par les querelles avec Bernard Lacombe, il avait plus ou moins laissé entendre qu’il y aurait un malaise de ce côté-là. Il avait raison. L’OL est à un tournant de son histoire.

D’un côté, il y a Juninho, le maestro, la baguette, le type qui vous remontait l’année dernière encore 40 ballons par match et faisait la différence un match sur quatre sur un coup de génie qu’on appelle aussi coup franc dans le langage courant. Juninho, on le sait, incapable de jouer trop proche des attaquants, pas assez vif, pas assez percutant, pas assez feu follet, pas assez petit gabarit, pas assez Kakà non plus dans l’esprit. Juninho, c’est davantage Pirlo. C’est face au jeu, c’est en relais, c’est à l’aise blaise quand il y a un peu de temps – de champ – devant, c’est plus tout jeune quoi. Juninho, c’est donc du 4-3-2-1, avec deux gars sur les côtés qui pédalent aussi dans le couloir au besoin (Malouda aurait fait un sacré arrière gauche, c’est évident), et deux gars qui ramonent autour de lui pour le laisser respirer (Tiago, Toulalan hier, Diarra ou Essien avant-hier).

De l’autre côté, il y a Benzéma. Faux-lent, vrai sens du but, capable de partir de loin, d’être à l’affût – mais alors plutôt à l’entrée de la surface que dans les six mètres, c’est pas Trézeguet non plus -, et de servir un vrai chasseur de buts, un tueur, un adepte de la « zone de vérité », ou de profiter des remises d’un pivot. En gros, Benzema, c’est 4-4-2, avec Carew ou Piquionne si on veut, avec Fred pourquoi pas, avec Baros, n’importe quoi. Avec un Trézéguet, possible, pas idiot, autre solution, largement envisagée de ce côté-ci du Rhône, mais jamais concrétisée.

Perrin devait donc entamer la saison en résolvant ce bon vieux problème de géométrie. Malheureusement, alors qu’il avait de lui-même, comme un grand et finalement ça l’arrangeait bien, c’était fidèle à ses principes, opté pour un 4-4-2 qui aurait, à terme, mis tout le monde d’accord, n’en doutons pas, quelques-uns sont venus lui causer arithmétique.

Mais le foot CE N’EST PAS DE L’ARITHMÉTIQUE. Ca l’a embrouillé, le Perrin. Savait plus trop où il en était. Il voulait un deuxième attaquant, pour faire la colle avec Benzema, devant, bing 4-4-2, roulez jeunesse, Ligue des Champions nous voilà. Mais on l’a sagement remis à sa place, le Perrin. Après tout, un type qui paie pour venir à Lyon n’est pas franchement en position de force (Perrin a racheté lui-même sa clause à Sochaux parce que l’OL n’a pas voulu faire l’effort, comme si Aulas regrettait avant même de l’avoir acheté son nouveau pilote). C’était déjà bien qu’il soit sur le banc, il allait pouvoir frimer un bon coup, le Perrin, il allait pas, en plus, se la jouer manager à l’anglaise. L’OL avait déjà dérHoullier.

Alors, Perrin doit composer avec ce qu’il a. C’est-à-dire Keita, fantastique joueur, idéal pour un 4-3-3, ne sert à rien dans le schéma élaboré dans la tête du beau Alain en début de saison, mais bon. C’est-à-dire Baros, bon, bah, Baros, c’est un Tchèque avec un nom de Portugais qui se pince le nez quand il croise un Noir et qui a signé pour une place sur le banc (« {A Aston Villa, il était en taule, à Lyon, il signait pour la liberté conditionnelle, c’était déjà pas si mal » }, pour reprendre les termes d’un très proche du club)… C’est-à-dire Fred, un Brésilien super buteur contre des défenses en bois, mais incapable d’en coller un dès qu’il s’agit d’une grosse cylindrée européenne (si ce n’est dans le nez de Chivu, mais ça compte pas). C’est-à-dire Govou, idéal lui aussi dans un 4-3-3, ou alors à la 75e minute, avec un maillot bleu sur le dos. C’est-à-dire, enfin, Ben Arfa, un chouette petit gars, qui était un peu trop star avant d’être footballeur mais qui se rattrape, et qui fera un jour sans doute les beaux jours de Lyon, mais pas tout de suite, soyons sérieux. Donc Perrin était dans la merde dès le départ.

Et finalement, tout vient un peu de là. Perrin, d’abord, trop « faible » politiquement parlant par rapport à Lacombe et même certains joueurs cadres, on l’a vu récemment avec les sorties médiatiques de Juninho relayées illico presto par Aulas – qui a bien compris que c’était quand même plus classe d’être du côté de l’artilleur brésilien que de l’ancien meneur d’hommes troyen -. La L1, ensuite, pas assez sexy pour attirer autre chose qu’un Milan mitigé. Problème tactique insoluble ensuite, donc retour au 4-3-3, mais Juni crevé, court onze kilomètres contre Barcelone, certes, mais pour quoi faire ? Le foot, c’est pas du marathon. Court dans le vide. S’épuise. Sera bientôt même plus capable de faire voler comme il faut les ballons de plage. Alors Juninho sur le banc ? Un milieu à 4 avec Toulalan, Källström, Keita et Govou ? Mais qui devant ? Benzéma ? + qui ? On retourne le problème. Donc 4-3-3, avec Toulalan, Källström et Bodmer, au coeur, Keita et Govou pour le jus sur les côtés et Benzéma seul devant ? Ca sent la coupe de l’Uefa à plein nez cette histoire…

« On a l’avant-centre de l’Equipe de France, de la République Tchèque et du Brésil, ça ne sert à rien d’entasser » , a reniflé Bernard Lacombe l’autre jour dans L’Équipe. Le problème de Bernard, c’est qu’il comprend très bien le football mais que quand il veut, il est con comme une valise. Parce qu’avec sa science du jeu, il ne va pas nous faire croire, à nous, qu’il n’a pas remarqué qu’il y avait là un casting tout mité. Entre Fred qui ne veut plus jouer parce que le club lui doit du pognon, Baros dont tout le monde fait semblant d’ignorer qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’un « one month wonder » comme les Euros en recèlent tant et Benzéma qui est effectivement un (futur) génie mais qu’il conviendrait de marier rapidement avant qu’il ne finisse vieux garçon – sur le terrain s’entend -, l’OL n’entasse pas grand chose sinon les trois zéros fessées déculottées en Ligue des Champions. Et quand on en arrive au point de les prendre à la maison contre des Écossais, alors là, oui, ok, le football, c’est aussi un peu de l’arithmétique…

Célestin Burnin

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