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Comment le PSG peut-il optimiser Gonçalo Ramos ?
Ousmane Dembélé blessé, la pointe de l’attaque du PSG est promise à Gonçalo Ramos ce mercredi contre l’Atalanta et pour les prochaines semaines. Un profil bien différent dont Luis Enrique se montre moins friand. Alors, l’attaquant portugais devra-t-il rentrer de force dans le carcan, ou le tacticien espagnol saisira-t-il l’opportunité d’innover tactiquement ?

« Le 9 de City, c’est qui ? Son nom, comment s’appelle-t-il ? Son nom, son nom ! Haaland. Voilà. Voilà pourquoi Guardiola joue avec un vrai 9 et pas moi. » La petite phrase, signée Luis Enrique, date de janvier dernier, alors que son PSG s’apprêtait à jouer son avenir européen face au Manchester City de l’un de ses modèles tactiques. Lequel a laissé tomber son amour du « faux 9 » pour succomber aux charmes du serial killer norvégien. Un pas que n’a pas encore franchi l’Asturien, ne considérant jamais Gonçalo Ramos comme une première option dans les rendez-vous à très haute altitude.
Vaut-il mieux jouer avec ou sans avant-centre ? Pour Luis Enrique, tout dépend comment il s'appelle 😅#PSGMCI | #UCL pic.twitter.com/vYtm5CTJQx
— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) January 21, 2025
Fin novembre 2024 déjà, le retour du Portugais après plusieurs semaines d’absence et de débats sur l’efficacité parisienne face au but avait donné lieu à une sortie virulente d’Enrique après un triste nul contre Nantes : « Vous m’avez toujours parlé du faux numéro 9, et cette fois-ci, il y avait un 9. Et qu’est-ce qui a changé ? » Pas son destin au PSG, en tout cas. Près d’un an plus tard, la blessure d’Ousmane Dembélé lui offre une nouvelle chance de séduire son exigeant entraîneur.
Ramos le constructeur
Premier principe majeur pour tout attaquant du Paris Saint-Germain depuis deux saisons : une participation constante au jeu, à la construction des actions, quitte à souvent délaisser les onze mètres adverses. Attaquant de surface, Ramos a parfois éprouvé des difficultés à se fondre dans ce tourbillon collectif fait de permutations incessantes et de circuits préférentiels immuables ou presque. Pourtant, le gamin de Benfica possède certaines armes dans son arsenal, grâce à un passé de milieu de terrain. Au SC Olhanense, c’est à ce poste qu’il suit les traces de son grand-père dès l’âge de 4 ans. Alors que son père vit une modeste carrière d’ailier entre Farense et Salgueiros, le petit Gonçalo développe son sens du but sans se fixer au poste d’avant-centre. Vice-président du club et responsable des équipes de jeunes, Edgard Candeias se souvient d’un garçon qui terminait presque toujours meilleur buteur des tournois auxquels l’équipe participait : « À cette époque, Gonçalo était déjà très polyvalent. Il avait un excellent sens du placement, utilisait bien ses deux pieds et avait un instinct naturel pour marquer des buts. Même enfant, il était précis dans ses finitions. »
Au SC Olhanense, Gonçalo était déjà très polyvalent et avait un instinct naturel pour marquer des buts. Même enfant, il était précis dans ses finitions.
Dimanche contre Lens, l’avant-centre rouge et bleu n’a d’ailleurs pas rechigné à venir se proposer pour des une-deux avec Vitinha (joueur avec lequel il a échangé le plus de ballons au cours du match) ou Lee Kang-in en plein rond central, à la recherche d’un premier décalage pour ensuite lancer les flèches sur les ailes. Ce qui ne l’a pas empêché de se créer des opportunités, à l’image de cette déviation après un débordement d’Ibrahim Mbaye. Joueur d’équipe par excellence, Ramos semble avoir ce qu’il faut pour se plier à la rigidité tactique des champions d’Europe. « Cela passe par sa capacité à participer davantage au collectif, à décrocher, à presser haut et à se rendre disponible entre les lignes, estime un ancien buteur maison, Fabrice Pancrate. S’il arrive à combiner son instinct de buteur avec cette dimension collective exigée par Luis Enrique, il peut devenir un vrai atout. »

S’il veut s’imposer dans une capitale qu’il a refusé de quitter cet été, le Portugais n’a de toute façon pas vraiment le choix. « Je ne pense pas que Luis Enrique va changer son style de jeu pour un joueur. Il va vouloir continuer dans le même état d’esprit. Qu’on soit bien clairs, c’est à Ramos de s’adapter », tranche le héros local Amara Diané. Lequel ne l’imagine pas pour autant rayonner dans l’entrejeu. « Ça ne sert à rien pour lui, qui n’a pas la vitesse de Dembélé. Je pense qu’il sera surtout une pointe entre les deux défenseurs centraux, où on jouera en appui avec lui. À mon époque, Pedro (Pauleta) n’était pas le joueur qui allait vite devant, mais il avait cette justesse dans le jeu, il comprenait très vite où se mettre. Et avec son efficacité devant le but, il était le Pedro que tout le monde connaît. »
Innover pour continuer à gagner ?
Et si, contre toute attente, cette blessure d’Ousmane Dembélé en début de saison s’avérait être un mal pour un bien dans la capitale ? Machine impressionnante à partir de l’hiver, l’équipe bâtie par Luis Enrique se sait condamnée à évoluer – au moins un tout petit peu – pour continuer à surprendre et gagner sur la scène européenne, comme l’a notamment démontré la finale de Coupe du monde des clubs perdue contre Chelsea. « C’est notre ADN de chercher à innover, lançait le boss espagnol à l’entame de cette nouvelle saison. Il faut sortir de notre zone de confort, je l’ai beaucoup dit à mes joueurs. » La venue de Lucas Chevalier, réputé plus fiable au pied que Gianluigi Donnarumma, se lit en ce sens. Bientôt suivie par l’avènement d’un nouveau profil à l’autre bout de la chaîne ?
Avec Ramos, l’équipe doit jouer plus direct, avec des centres, des déviations et un jeu un peu plus vertical, moins basé sur les dribbles et la provocation individuelle.
Bien engoncé dans son costume de supersub depuis deux ans – à l’exception de quelques passages sans grands lendemains –, Gonçalo Ramos se voit offrir l’opportunité de renverser la table. Au point de voir le collectif se réinventer pour jouer sur ses points forts à lui ? « L’absence de Dembélé change forcément l’équilibre offensif du PSG, enchaîne Pancrate. Avec Ramos, l’équipe doit jouer plus direct, avec des centres, des déviations et un jeu un peu plus vertical, moins basé sur les dribbles et la provocation individuelle. » Une menace constante dans la surface adverse qui devrait amener ses coéquipiers à changer leurs habitudes, espère l’ancien Rouge et Bleu. « Contre Lens, je m’énervais devant ma TV. Quand je voyais le petit Mbaye avec le ballon je disais : “Vas-y provoque ! Vas-y provoque !” Dès qu’il gagne du terrain, il fait une passe derrière. C’est le jeu demandé par Luis Enrique qui fait qu’il gagne des mètres, puis rejoue dans l’entrejeu pour faire tourner l’adversaire. La logique voudrait qu’il provoque pour centrer, mais ils ne sont pas habitués. Le fait d’avoir Ramos dans la surface devrait les pousser à l’utiliser davantage. »
L’ancien Benfiquiste pourrait également s’avérer une arme intéressante sur les coups de pied arrêtés, en particulier offensifs. Un secteur dans lequel son pote João Neves se sent souvent bien seul à bagarrer à la retombée des ballons. Au-delà du terrain, les prochaines semaines pourraient aussi renforcer le statut de Ramos au sein de l’effectif, comme auprès du grand public. « Il faut l’aider, ce n’est pas évident. Ce n’est pas le joueur le plus en vue, qui va être nommé Ballon d’or. Il faut qu’il soit aidé par le groupe, décrit Diané. On commence toujours quelque part, on est tous passés par là en tant qu’attaquant. Il y a des moments où on est sur le banc, et puis un jour, on a notre chance. » Pour Edgar Candeias, l’un des premiers à avoir vu éclore son talent dans l’Algarve, sa réussite sous l’égide de Luis Enrique ne fait guère de doutes. « Le PSG ne dispose que d’un seul joueur avec ses caractéristiques : un attaquant de surface, un finisseur clinique, fort dans le pressing. Tous les entraîneurs aiment avoir un attaquant comme lui. » Un an après un automne de spéculations, tout le monde sera cette fois vite fixé sur le potentiel offensif d’un PSG muni de sa gâchette portugaise.
Un blessé de retour dans le groupe du PSG pour l’AtalantaPar Tom Binet