Lautaro Martínez, pour la beauté du geste

Il y a des gestes qui marquent les esprits et traversent les âges avec une bonne dose de nostalgie. Celui qu’a réalisé Lautaro Martínez ce mardi soir en quarts de finale allers de la Ligue des champions face au Bayern Munich (1-2) en fait partie, assurément. Difficile de dire combien se sont levés de leur canapé ou ont lâché un petit cri aigu au moment du sublime extérieur du buteur argentin à la 38^e, mais en tout cas, on a fait comme eux.

Un geste pur

À l’origine de l’action, qui débute au rond central à la 37^e minute, l’Argentin se projette vite vers l’avant lorsque Carlos Augusto est lancé en profondeur côté gauche. L’international brésilien déboule, sert en première intention en direction de Marcus Thuram. C’est là qu’un moment de grâce parcourt l’Allianz Arena : l’international français trouve les yeux fermés d’une belle talonnade le capitaine des Nerazzurri, qui ajuste le juvénile Jonas Urbig d’une somptueuse frappe de l’extérieur du pied à quelques centimètres de l’entrée de la surface de réparation. Ricardo Quaresma ou Diego Militio, dur de dire de qui El Toro s’est le plus inspiré. Sûrement des deux.

Dans un football toujours plus physique et où les matchs s’enchaînent à un rythme infernal, ce genre de geste nous rappelle pourquoi on aime vraiment ce sport. Ces moments suspendus sont si rares, si précieux. C’est pour cela qu’on a envie d’en parler pendant des heures, ce mardi soir ou ce mercredi matin à la machine à café ; qu’on a envie d’en faire des caisses, un peu comme après la panenka tentée et réussie par Zinédine Zidane en finale de la Coupe du monde 2006. Une bonne dose de culot et surtout de talent. Voilà Martínez à six buts en quatre apparitions en Ligue des champions cette saison, soit autant que lors de ses 27 rencontres précédentes dans la compétition. Ce ne sont pas les chiffres que l’on a envie de retenir, pour l’instant, seulement ce but, ce geste, cet instant de bonheur pur.

Le fruit de la connexion italiano-argentine

Cette œuvre d’art met encore en lumière le goût de l’Inter pour les attaquants sud-américains. Si Lautaro Martínez est la machine à buts attitrée des Nerazzurri depuis sept saisons, le cinquième meilleur buteur du club est loin d’être un cas isolé. Par le passé, des attaquants comme Mauro Icardi, Attilio Demaría, Antonio Angelillo et Diego Milito, tous italiano-argentins, ont marqué l’histoire du club qui a remporté 20 fois le Scudetto. Et c’est tout sauf le fruit du hasard, puisqu’aujourd’hui, de 15 à 20 millions d’Argentins ont une ascendance italienne, soit environ la moitié de la population. Ce mélange de culture a toujours fait la force de l’Inter Milan, et permet à ses supporters d’apprécier ces gestes uniques, qui puisent leur ADN dans le football sud-américain. Impossible à cette heure de dire si cette réalisation de Martínez et celle de Davide Frattesi en toute fin de match permettront à l’équipe de Simone Inzaghi d’éliminer le Bayern et de filer en demi-finales de la Ligue des champions, mais qu’importe l’issue, on sait déjà que l’on se souviendra du but de Lautaro Martínez à Munich.