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L’OM est-il en train de perdre Roberto De Zerbi ?
L’humiliation à Reims (1-3) a été celle de trop : l’OM est en crise et le management de Roberto De Zerbi commence à atteindre ses limites. Le club provençal est-il en train de perdre son coach, et vice versa ?

« Personne ne voulait de toi dans ce club l’été dernier. J’ai été le seul à croire en toi. Et tu me remercies en défendant comme ça ? » C’est violent, limpide, cruel. Surtout quand on sait que cette saillie – rapportée, en substance, par L’Équipe – est prononcée par un entraîneur à l’encontre d’un joueur professionnel, dans le vestiaire, au milieu de tous ses coéquipiers. Dimanche, au lendemain du désastre à Auguste-Delaune (3-1), alors qu’il avait en conséquence infligé à ses troupes une mise au vert à la place des deux jours de repos, Roberto De Zerbi était dans un bad mood et s’est fâché tout rouge contre Pol Lirola, qui avait pris un bouillon terrible en Champagne, face aux 19 ans de Mamadou Diakhon. Nouvel épisode de turbulences lundi, toujours narré par le quotidien sportif, lorsque le technicien, encore en rogne, a snobé ses joueurs (« Je ne vous entraînerai pas aujourd’hui »). Pour que le groupe accepte tout de même d’aller fouler le gazon de la Commanderie sous la direction du staff – et non de l’Italien, donc –, il aura fallu de longues minutes d’explication avec le pompier Medhi Benatia.
De Mallemort à Milanello
RDZ a débarqué Traverse de la Martine (l’adresse du centre d’entraînement de l’OM, NDLR) avec un plan de jeu et un projet pour cette équipe. Avec un management bipolaire, aussi, fait d’amour, de fiel, et de stage commando sur les collines de Mallemort. On a vu, on a applaudi, mais depuis plusieurs semaines, l’équation se casse clairement la gueule. L’OM a perdu ses trois derniers matchs, n’a pris que trois points sur quinze possibles en un mois et demi, alors qu’il était jusque-là en pleine bourre (victoires 3-2 face à l’OL, 0-2 à Angers, 5-1 contre Sainté), et vient de céder sa place de dauphin à l’AS Monaco, qu’il devançait encore de six points au sortir de la J24, et qu’il affronte dans une semaine (29e journée). Avant Reims, l’Olympique avait déjà sombré à l’Abbé-Deschamps face à Jubal et Donovan Léon (3-0), fin février. Déplacement à l’issue duquel les joueurs s’étaient entraînés « à cinq heures du matin trois fois de suite, raconte De Zerbi. Ce n’est pas une punition, mais je sais faire l’entraîneur. Je sais quand c’est le moment de serrer les joueurs dans les bras et quand il faut se comporter comme un père de manière plus forte. »
Aujourd’hui, le lien entre De Zerbi et son effectif semble pourtant s’être brisé. Mercredi, la Gazzetta dello Sport envoyait De Zerbi à l’AC Milan : l’ancien chef d’orchestre de Sassuolo, du Shakhtar et de Brighton serait en tête de liste – devant Antonio Conte et Massimiliano Allegri –, dans la tête des dirigeants rossoneri, pour supplanter Sérgio Conceição cet été. Sous contrat jusqu’en 2027, RDZ se dit évidemment concentré sur sa mission en Ligue 1, mais l’attention ne devrait probablement pas le laisser insensible, même si l’OM tient encore, à l’heure actuelle, son strapontin pour la « phase régulière » de Ligue des champions – en attendant que Nice ou Strasbourg, à deux points derrière, franchissent le cap –, à laquelle cette équipe n’avait pas eu droit cette saison ni celle d’avant (élimination aux tirs au but contre le Panathinaïkós, au troisième tour préliminaire).
Lirola, je sais qu’il faut parfois le provoquer.
Ce vendredi, lors de sa conf à l’avant-veille d’un match contre le Téfécé devenu crucial, le coach était en forme : « Je suis très heureux d’être l’entraîneur de Marseille, parce que j’adore les polémiques. Ce qu’il se passe me donne envie de rester trois, quatre ou cinq ans. […] J’ai parfois été trop gentil avec les joueurs. Lirola, je sais qu’il faut parfois le provoquer pour qu’il donne le meilleur de lui-même, ce sont des choses normales et je le referais si je devais. Je m’énerve, mais toujours pour le bien du club et des joueurs, et dans le respect. » Durant cette même session face aux journalistes, Neal Maupay avait la lourde tâche de représenter les joueurs, et il a fait ce qu’il avait à faire : « Il n’y a pas de cassure avec le coach, au contraire. On peut en sortir grandis. Il est tellement passionné que forcément après de mauvaises performances, il y a des choses à régler, comme dans toutes les familles et tous les couples. […] On a tous un objectif, on est tous venus pour le coach et pour le projet Ligue des champions du club. » Pour le moment, aucun des deux n’est assuré de passer le mois de mai.
Roberto De Zerbi explique ses difficultés défensives par les carences de son effectif🗣️ "Je suis heureux d’être entraîneur de l’OM car j’aime les polémiques."
🎙 Les premiers de la conférence de presse de Roberto de Zerbi, en fraçais, avec un gros clin d'oeil pour ponctuer le tout. pic.twitter.com/JlEdOEfPhf
— RMC Sport (@RMCsport) April 4, 2025
Par Jérémie Baron