Liga : Cannavaro parle pour ne rien dire
Comment faire pour tenir plus de 15 ans au haut niveau, gagner une coupe du monde, remporter un Ballon d'Or et figuer, à 30 ans largement passés, au centre de la défense du Real Madrid ? C'est simple : verrouiller sa com', ne se fâcher avec personne, et surtout ne rien dire d'intéressant, jamais. La preuve avec cette interview de Fabio Cannavaro en forme d'exercice de style.
Tu vas achever ta deuxième saison en Espagne, après avoir passé le reste de ta carrière en Italie. Quelles sont les différences entre les deux championnats ? Ils se ressemblent beaucoup. Ce qui change le plus, c’est ce qui se passe autour du football, et notamment les supporters, qui sont différents.
En Espagne il y a également beaucoup plus de buts. En tant que défenseur italien, l’adaptation à ce football offensif n’a-t-elle pas été trop difficile ? Quand je descends sur le terrain, je donne toujours le maximum. Les matches se gagnent en marquant des buts, et parfois, il faut savoir accepter la défaite.
« Les deux premiers mois passés ici ont été les plus intenses de ma vie, comme dans un rêve » déclarais-tu l’an dernier après deux mois à Madrid. Dirais-tu la même chose aujourd’hui ? Bien sûr. Je me sens très lié à ce club, et la ville me plaît beaucoup aussi.
Tu profites de la Movida ? Je suis marié depuis longtemps, et le peu de temps libre dont je dispose, je le passe avec Daniela et mes trois fils. Et quand il me reste un peu de temps pour profiter de la movida, je le fais avec Daniela.
Avec quel défenseur à tes côtés préfères-tu jouer au Real ? Je n’ai aucune préférence. Tous les joueurs du Real sont des champions.
Lors de ta première saison l’entraîneur était Fabio Capello. Maintenant, c’est Schuster. Quelles sont les différences de fonctionnement entre ces deux techniciens ? Quelques joueurs ont changé, nous avons une autre façon de jouer, et d’une manière générale le groupe que Capello avait créé s’est renforcé sous Schuster.
Il paraît que tu vas prolonger ton contrat de deux autres années, c’est vrai ? Il me reste une année de contrat, ils ne m’ont pas encore parlé de prolongation, je n’en sais pas plus que ce qu’écrivent les journalistes.
Raul et Casillas ont signé un contrat à vie avec le Real. Est-ce quelque chose que tu pourrais faire ? Je ne sais pas. La seule chose que je sais, comme je l’ai déjà dit, c’est que mon rêve serait de finir ma carrière au Napoli.
Tu vas y revenir ? J’ai un contrat avec le Real, ça ne dépend pas de moi !
On parle également d’un contrat de trois ans offert par la Juventus pour te rapatrier à Turin. C’est du flan ? Je n’en ai aucune idée, il faudrait voir cela avec mon agent.
En tant qu’ancien joueur de l’Inter, qu’est-ce qui a changé, et qu’est-ce qui manque encore à cette Inter souveraine en championnat mais vulnérable en Europe ? L’Inter est une grande équipe, en championnat elle a trouvé son équilibre, en Champion’s c’est plus difficile, il y a 13 matches, et chacun d’entre eux est comme une finale, et ce n’est pas toujours l’équipe la plus forte qui passe.
Tu as été le quatrième Italien à gagner le Ballon d’Or France Football. Qui sera le prochain ? Moi, je le donnerais à Gigi Buffon, dans son rôle il est meilleur que jamais.
Avec le recul, c’était comment d’être le capitaine de la sélection championne du monde ? Un rêve, une expérience unique, qui j’espère va se répéter.
A l’Euro, l’Italie figure parmi les favoris… Il faut se souvenir qu’en Allemagne, après le calciopoli, nous étions loin de ce statut. Et pourtant nous avons gagné. J’espère qu’être favoris ne va pas nous porter la poisse.
Entre Lippi et Donadoni, qu’est-ce qui a changé ? Pas grand-chose. Nous sommes un groupe uni et conscient d’être forts. Nous sommes champions du monde.
Cannavaro-Nesta a été considérée comme l’une des charnières les plus fortes du monde pendant longtemps. Aujourd’hui, quelle est la meilleure charnière du foot ? Encore Cannavaro-Nesta ! C’est juste que l’on ne joue plus ensemble.
Cette rivalité entre la France et l’Italie, sur le terrain, elle existe vraiment ? Quand tu joues contre une équipe il y a toujours rivalité. Avec la France c’est peut-être plus exacerbé, mais les polémiques, ce sont les médias qui les ont créées.
Six mois après la mort de Gabriele Sandri, penses-tu que le traitement de la violence dans les stades en Italie a été réglé ? A chaque tragédie, on croit que cela a servi à changer les choses, et puis un autre incident survient, et on se rend compte que l’on est revenus au point de départ. En Italie, on devrait prendre exemple sur les pays étrangers.
Kaka s’est plaint d’être maltraité par les défenseurs. En tant que défenseur, qu’en penses-tu ? Sur le terrain, il arrive que des interventions soient limite, et parfois au-delà de la limite. L’important, c’est que cela ne soit pas fait de manière intentionnelle, sinon ce serait grave.
Quel est le joueur avec qui tu aurais rêvé de jouer, mais avec qui tu n’as pas eu la chance de le faire ? Diego Armando Maradona, le plus grand joueur de tous les temps. J’étais très jeune, je n’ai eu que la chance de pouvoir faire quelques entraînements avec lui.
Langue de bois receuillie par Silvia Santarelli et Ennio Gnocchi
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