Liga – Almeria qui rira le dernier !
L'année dernière, Almeria était coachée par Unai Emery. Un expert dans l'art de motiver ses troupes. Promis à la descente avant même d'avoir commencé l'exercice précédent, l'entraîneur basque fit placarder son vestiaire d'un sondage dans lequel les chroniqueurs vedettes du quotidien Marca assuraient qu'Almeria finirait bon dernier du championnat.
A dire vrai le quotidien pro-madrilène dit beaucoup de conneries. Dans le cas de l’escouade andalouse, il n’y eut malheureusement pas d’exception : Almeria ne se trouva jamais en position de relégable et finit presque par se qualifier pour la coupe de l’UEFA.
Equipe révélation de la Liga la saison dernière, Almeria devint même un “matagigantes” (tueurs de géants) dans son stade flambant neuf des Jeux Méditerranéens.
Technicien presque inconnu jusqu’à l’année dernière, Emery bâtit un bloc compact, vaillant, décomplexé, au schéma tactique presque scientifique : « Je suis de l’avis de Cruyff lorsqu’il dit que le football est une question d’espace. C’est encore plus vrai lorsque tu n’as pas des joueurs de classe mondiale dans ton effectif. Coulisser, prendre les espaces ; étouffer les milieux adverses, et courir comme des possédés, ça te permet de garder en place un schéma tactique efficace en toute circonstance » .
Almeria c’est donc tout sauf de l’improvisation. Chaque coup franc, travaillé à l’entraînement, était méticuleusement répété en match. L’oscar du plus beau but de la saison finit d’ailleurs dans les mains d’Alavaro Negredo, auteur d’une volée foudroyante sans élan consécutive à une louche d’un de ses partenaires. Pas dégeu pour un coup franc indirect…
L’ancien Merengue, justement, résume parfaitement le style de l’équipe : « Techniquement, tactiquement et mentalement nous sommes forts. Mais dans le pressing nous le sommes encore plus. Vous avez déjà joué contre des équipes de jeunes ? Ils courent partout ! Ils vous fatiguent tellement que vous finissez par perdre vos moyens. Eh bien nous sommes comme eux » .
En s’appuyant sur une colonne vertébrale composée du futur gardien de la Seleçao, Diego Alves, un défenseur de métier, Bruno, sur les poumons de Felipe Melo, et sur l’omniprésence en attaque de Negredo, Emery a largement réussi son pari de conserver Almeria parmi l’élite.
Reconnaissants, les dirigeants l’ont laissé partir vers le laboratoire valencian, puis ont empoché 8 millions d’euros de la Fiorentina pour Melo. Beaucoup de présidents de clubs modestes se seraient alors contentés de garder l’argent en banque, mais pas Alfonso Garcia : « Je veux qu’Almeria devienne un compromis entre le FC Séville et Villarreal, pour leur gestion sportive, leur recrutement et la qualité de jeu » .
Pour ce faire, les Andalous ont explosé leur budget limité (23 millions d’euros) lors du marché des transferts : 15,7 millions d’euros. Dans une Liga où le mercato a été le plus morose des dix dernières années, Almeria n’a donc pas eu peur de s’endetter, pour ce que Alfonso Garcia considère comme « un placement d’avenir » . Le nouvel entraîneur Gonzalo Arconada, réputé pour bâtir des équipes tournées vers l’attaque, a lui parié dès son arrivée sur « la jeunesse et la qualité » .
En arrachant le petit prodige argentin d’Estudiantes Piatti, pour 8 millions d’euros, il doit sûrement être satisfait. Déjà comparé à Messi pour ses déboulés côté gauche, le transfert le plus cher de l’histoire du club sera sûrement l’une des sensations de la saison. Pour faire descendre encore plus la moyenne d’âge, le club s’est également attaché les services de l’international argentin Pellerano, du latéral brésilien Michel, mais aussi de Nieto, la perle des équipes de jeunes du Real. Pour le fun, et en cas de coup dur, Arconada est même allé chercher le frère de Santiago Solari, qui enfilait il y a quelques mois encore les buts avec les Pumas mexicains. Pour le reste, le bloc est le même, le spectacle en plus.
Lors de la première journée, Almeria s’est imposée dans la cathédrale de Bilbao en giflant les Basques 1-3. Les pronostics des sites de paris donnaient pourtant l’Athletic gagnant. De bon augure pour l’avenir…
Valence – Almeria, ce soir 21h
Par Javier Prieto Santos
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