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L’été dangereux
Raul et Guti ne sont plus madrilènes. Perez avait déjà mis la barre très haut lors du dernier mercato en se débarrassant de ses génies Sneidjer et Robben. Cette année, il fait encore plus fort. Cette fois-ci, ce sont les légendes qui prennent la porte.
« Le foot est et a été toute ma vie. Le Real Madrid c’est chez moi » . Raul Gonzalez Blanco a l’allure de ces gamins bien élevés qui s’approchent des pupitres pour lire les Ecritures Sacrées. Lundi 26 juillet, il est appliqué à déplier son discours. Merci aux fans, aux collègues, aux journalistes, aux jardiniers et même au président. La légende sur pattes (arquées) prend ses clics et ses clacs et part pour Genselkirchen. 24 heures auparavant, c’est son collègue blond qui avait lui aussi plié les gaules. Guti n’a pas eu droit au honneurs de la tribune officiel du Bernabeu mais le résultat est le même. Les deux plus anciens joueurs de l’effectif quittent le club au milieu de l’été et à quelques heures d’intervalles. Merci qui ? Merci président.
Jose Maria Gutierrez Hernandez, 33 ans, 24 ans de boîte (de nuit), 542 matchs en équipe première, 3 Champions et 5 Ligas mais pas une seule finale jouée et une sale réputation de tête à claques. Tandis que Raul ne s’est jamais mouillé jusqu’à l’annonce de son départ, Guti, comme d’habitude la ramène. Le 7 avril dernier, soit 4 jours avant le clasico qui est censé décider la Liga : « pour moi l’heure du départ a sonné (…) je veux jouer ailleurs qu’en Espagne » . Sauf que personne n’a prévenu la blonde de l’arrivée du Mou. Du coup le gaucher se ravise quelques jours plus tard : « je n’ai jamais dit que je partirai tout de suite » . Mourinho lui colle un soufflet: « pour moi Guti est déjà dehors » . Dimanche dernier, Guti part pour Besiktas et joue le mec mûr. « La décision concernant mon départ a été prise à 50% par moi, à 50% par le club » assure-t-il. En même temps, ça tombait bien, hein.
Estocade en Castille
Guti est blonde et fait semblant de partir tous les ans. Mais quand Raul annonce son départ, là c’est pour de vrai, mais personne n’y croit. Même quand toutes les vieilles gloires du club se regroupent dans la tribune d’honneur, même quand on a aligné derrière le joueur les 16 titres qu’il a remportés (et joués) au club, même quand le Capitan prononce le mot de « Despedida » (mes adieux), on se dit que tout ça c’est pour de faux. La preuve, pour les adieux de la légende il sont à peine 300 à gesticuler en tribune (contre 80.000 pour la présentation galactique de Ronaldo) soit « autant que pour Pedro Leon » persifle El Pais.
Mais plus encore que l’abolition des corridas annoncé par le parlement de Catalogne cette semaine, l’estocade pour les aficionados madrilènes a été porté mardi, lorsqu’ils ont vu Raul enfiler un maillot violet. Comme son idole Santiago Bernabeu, Perez envoie une légende se promener ailleurs. Comme Di Stefano en 1964, Raul traînera sa pré-retraite sportive loin du stade de Chamartin. Comme Di Stefano, il y reviendra comme entraineur. Mais les socios ne pardonneront pas. « Raul méritait de terminer sa carrière au club » juge Hugo, 34 ans, socio du Fondo Norte. Question légende, Franco Baresi s’y connaît : « Je suis très triste qu’il ne puisse terminer sa carrière au club. Le football, ce n’est plus ce que c’était » . Raul finira sa carrière dans la Ruhr, à Schalke 04. Malaise.
N’importe quoi (suite)
Encore une fois la presse sportive espagnole peut remercier Florentino Perez. Avec cette improbable pluie de galactiques et les départs de Robben et Sneidjer, l’été dernier semblait indépassable. Mais cette année Florentino a fait encore pire. Les deux capitaines et symboles de la maison blanche quittent le navire par la porte de derrière. Certes le départ de Guti n’émeut plus que quelques Ultra Sur, mais celui de Raul n’a pas fini de remplir le placard à regrets. « Mourinho m’a confié qu’il avait très envie de m’entraîner » raconte Raul. Putain, on aurait aimé voir ça nous aussi. San Iker est maintenant le patron du vestiaire et Sergio Ramos sera son second. Sauf départ, et par ordre d’ancienneté, Mahamadou Diarra sera le troisième capitaine. Pour info, le sixième joueur le plus ancien de l’effectif, c’est Royston Drenthe. Vivement l’été prochain.
Thibaud Leplat, à Madrid
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