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Les White Stripes ont révolutionné l’hymne de stade

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Les White Stripes ont révolutionné l’hymne de stade

Hanovre, 12 juin 2006. Dans le vestiaire de la sélection italienne, Francisco Totti éructe à tue-tête pour célébrer la victoire des siens contre le Ghana (2-0). Le Romain braille alentour sur l’air du Seven Nation Army, la chanson des White Stripes adoptée par les supporters de l’AS Roma quelques mois plus tôt.

Emportés par l’euphorie ambiante, ses coéquipiers suivent : la Squadra Azzurra vient de trouver son hymne à la joie. A mesure que les matches s’enchaînent, le riff (joué à la guitare façon ligne de basse) va imposer la chanson côté transalpin. Il devient comme un véritable hymne italien alternatif pour dix millions d’habitants de la Botte dans la nuit du 9 au 10 juillet pour conclure un mois de rêve.

Outre le gimmick dévastateur, les premières lignes du hit « I’m gonna fight ‘em off/A seven nation army couldn’t hold me back » accentuent le principe d’identification. Les joueurs et les supporters l’adaptèrent vite en un « Siami i campioni del mondo (bis)/po-po-po-po-po-po-po ». Sans parler des sept nations du titre, soit exactement le nombre d’adversaires à éliminer pour tout champion du monde qui doit aller au bout…

Comme souvent pour les affaires de tradition orale, on ne sait pas exactement par où et avec qui, tout a commencé. Une légende urbaine attribue néanmoins l’adoption du hit single d’ « Elephant », le quatrième album du duo de Detroit, originellement paru en 2003, à plusieurs associations de supporters de clubs des divisions inférieures.

Au printemps 2004, les tifosi de la Juve Stabia (banlieue de Naples), de Pérouse (descendu dans les limbes du foot pro italien) et de la Sambenedettese (qui auraient piqué le truc l’été précédent lors d’un voyage en Ecosse aux fans des Hearts of Midlothian) entonnaient déjà, paraît-il, la ritournelle de Meg et Jack White.
La Série A attendra encore quelques mois avant de connaître ce football’s chant au goût nouveau. Le Campionato devra curieusement cet honneur au speaker du stade du… FC Bruges qui envoyait la sauce dès que le club de la Venise du Nord inscrivait un but. L’idée est venue à la curva Sud de l’Olimpico durant la série record de la Roma au coeur de l’hiver 2005/2006 (avant que l’Inter ne s’approprie le ruban bleu du championnat la saison suivante). Après un match aller houleux à Bruges en coupe de l’UEFA, les tifosi romains s’essayent à leur tour au Seven Nation Army à l’occasion du but victorieux de Simone Perotta au retour. Quelques jours plus tard, lors du derby victorieux contre la Lazio, ils entonnèrent derechef la ritournelle puis à chaque victoire des Giallorossi. Onze au total… Rebaptisée « po-po-po-po », la chanson fétiche de la tifoseria romanista allait causer de nombreux tourments aux supporters laziale qui devaient entendre, jour après jour, les différentes versions que les fans adverses ne manquaient pas d’enregistrer. Pour toujours désormais, la « popopesco romanista » serait pour eux synonyme d’humiliation et d’allégresse de la Roma.

Pire : en bon capitaine tifoso, Francesco Totti, qui venait de découvrir aussi le morceau grâce à la curva, s’en alla le chanter en ouverture du festival de San Remo (une sorte de Francofolies en plus variet’) où sa primadonna, Ilary Blasi, sévissait comme animatrice et madame loyale.

En direct sur la RAI, en « nazionale-visione » , toute l’Italie eu droit à la chanson garage-blues des Stripes alors qu’elle restait confinée jusque-là aux centres sociaux et autres squats du pays. Ironiquement, la saison suivante, quand la Lazio prit sa revanche (3/0 en décembre 2006), les tifosi laziale entonnèrent un « po-po-po-po » aussi fameux qu’ironique.

Le succès de la Squadra Azzurra permettra même à la chanson et à l’album de connaître une seconde carrière dans les charts, trois ans après sa sortie. Aujourd’hui, le Seven Nation Army est devenu un chant de stade archi populaire, repris partout en Europe, notamment à Gerland pour les festivités du sacre lyonnais.

Les différentes diasporas transalpines de par le monde vont aussi récupérer la chanson du binôme du Michigan. En Australie, par exemple, les fans du FC Victory Melbourne dans la A-league australienne l’adoptent tout comme la radio SEN 1116 qui en fait son générique pour tout ce qui concerne le football. Même refrain pour l’université du Penn State Blue Band en Pennsylvanie à l’entrée sur le terrain de son équipe de soccer.

Par extension, les supporters transalpins des autres disciplines l’entonnèrent également pour rendre hommage aux succès du dottore Valentino Rossi en moto Grand Prix ou pour la Scuderia Ferrari. Les supporters de Hearts of Midlothian (on y revient) s’en sont servi, eux, pour ridiculiser la libido de leurs rivaux locaux des Hibernians en demi-finale de la coupe d’Ecosse en 2006 (victoire des Hearts 4/0 en demi-finale) avec ces paroles inoubliables « All Hibes are gays » avant de s’adjuger le plus vieux trophée du foot au monde… la coupe d’Ecosse.

Dans les mois précédant le sacre berlinois de la Squadra Azzurra, le club japonais Kashima Antlers (où les fans chantent intégralement la chanson et font même des concours de versions personnelles à la radio) et les Toronto Raptors en NBA faisaient déjà usage de la chanson. La Française Isabelle Severino s’en servait par ailleurs pour accompagner sa prestation au sol aux championnats d’Europe de gym. Comme si finalement, Seven Nation Army s’imposait sous toutes les latitudes et dans toutes les disciplines comme une évidence.

Leur nouvel album Icky Thump (XL/Beggars Banquet), le septième du genre, est sorti depuis une paire de mois et les plus célèbres rock-critiques transalpins s’interrogent : les White Stripes peuvent-ils récidiver? A l’écoute de l’album, Conquest, qui décolle sur quelques notes de trompettes, et n’en finit plus de voler haut, pourrait ambiancer le voisinage. Reprise d’un morceaux de Patti Page, haut-parleur country des années 50, Conquest sent l’Amérique du Sud, la bière, les filles, et donc le foot. L’Euro 2008 ne saurait y échapper…

Par Rico Rizzitelli

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