Les prétendus successeurs de Diego Maradona
Depuis que Maradona a raccroché les crampons (même s'il ne l'a jamais dit officiellement), il apparaît en Argentine environ tous les trois mois, un successeur au meilleur joueur de l'histoire du foot. Pour les élus, la comparaison avec le mythe a souvent été synonyme de grosse pression et de beaucoup de déception. Tout ce qui brille n'est pas forcément Pibe de Oro. Top Ten des successeurs qui ne le sont jamais vraiment devenus. Ou pas encore...
Ariel « El burrito » Ortega
Contrôlé positif contre la Grèce, Maradona se voit obligé d’abandonner la World Cup 94. Tous les Argentins tournent alors le regard vers Ortega, historiquement le premier successeur du mythe. Même gabarit, même tignasse, même position sur le terrain, Ortega se voit également confier le numéro 10, trésor national de l’Albiceleste.
Le talentueux Ortega ne s’en remettra jamais. Après son passage calamiteux à Valence, El Burrito rejoint la Samp, puis Parme, avant d’atterrir à Fenerbahçe. Le bide pour dénominateur commun…
Revenu par la suite à River où il enchaîne quelques bons matchs, Passarella fait la lessive et envoie Ariel balader à cause de ses problèmes d’alcool et quelques coups de poing dans les yeux de sa femme. Il évolue actuellement à l’Independiente Rivadavia, en D2 Argentine. Putain de loser…
‘El conejo’ Javier Saviola
En 2001, El Conejo devient champion du monde des -20 ans avec l’Argentine. Meilleur joueur et meilleur buteur du tournoi, Saviola est le premier à égaler une telle performance depuis Maradona et ses exploits japonais (en 79).
Deux semaines plus tard, après les meilleures prestations de sa carrière, Maradona a la bonne idée de désigner le lapin comme son successeur : « C’est mon remplaçant. Ça me désole car il est de River, mais il est vraiment très bon. Quand je le vois, j’ai les poils qui se hérissent » . C’est le premier cadeau empoisonné de sa carrière.
Le deuxième coup de latte du destin est la mort de son père au moment de signer dans le pire de Barça de l’histoire. Celui de la vilaine doublette Van Gaal-Gaspart. Les Catalans font de l’Argentin le transfert le plus cher de l’histoire du club (22 millions de dollars), tout ça pour répondre à l’arrivée de Figo au Real. Malgré une qualité de dribble un peu moisie et des frappes du tibia, il acquiert un bon capital sympathie chez les socios blaugranas. El Conejo sera ensuite prêté à Monaco et à Séville dans l’indifférence générale avant de venir s’échouer sur le banc merengue.
‘El payaso’ Pablo Aimar
Le meneur de jeu formé à River Plate est désigné en 2002 par Maradona Himself : « C’est mon successeur légitime en tant que meilleur joueur du monde. Pablo s’amuse comme moi sur un terrain. Je paierais n’importe quoi pour le voir jouer » .
Lors de son arrivée en Europe du côté de Valence, Pablo réalise en effet de bonnes prestations. Le hic, c’est qu’il est incapable de jouer une saison entière sans se blesser. Trop fragile, trop gentil et avec le même charisme que Benoit Pedretti, El Payaso est transféré à Saragosse, qui descendra finalement en deuxième division.
Aujourd’hui blessé au Benfica, Aimar est déjà annoncé comme l’un des bides les plus retentissants du mercato portugais. Pas sûr que Maradona veuille encore payer très cher pour le revoir.
La ‘Brujita’ Veron
Le sosie de monsieur Propre aurait pu faire une belle carrière s’il s’était retiré les doigts du cul au moins pendant une mi-temps. A son retour en Argentine, la Brujita avait déclaré en avoir marre d’être incompris par les Européens : « Je me suis baladé comme un Gitan dans toute l’Europe sans jamais trouver le bonheur ni quelqu’un qui me comprenne » .
Et c’est bien ça le problème, son jeu est incompréhensible. Tout comme l’amour que lui ont porté les différents sélectionneurs argentins.
En 2002, Bielsa décide de lui confier les manettes de l’Albiceleste. Résultat : l’Argentine ne passe même pas la poule.
Depuis son retour au pays, Veron a été désigné “meilleur joueur du championnat argentin”. Une consécration pour l’un des plus grands branleurs de la dernière décennie.
Andres ‘El cabezon’ D’alessandro
Tête brulée comme le Pibe de Oro, El cabezon (la grosse tête) a fait des choix de carrière plus que douteux en allant s’enterrer à Wolfsburg puis en perdant toute crédibilité du côté de Saragosse.
Malgré son talent, D’Alessandro a en effet toujours choisi de jouer avec ses poings plutôt qu’avec ses pieds.
Après s’être mis sur la gueule avec César et avoir traité son coach Victor Fernandez de « fils de pute » , D’alessandro est rentré au pays brièvement (San Lorenzo) avant de rejoindre l’Internacional Porto Alegre.
Un parcours de merde pour un successeur en bois.
El ‘Muneco’ Gallardo
Est-ce qu’un type qui a joué au PSG, à Monaco et aux États-Unis peut sérieusement être considéré comme un ex-futur successeur du Pelusa ? Bah non.
Ariel ‘El Cano’ Ibagaza
C’est peut-être le moins crédible du classement et le plus effacé de tous. Découvert par Hector Cuper, ce qui en soi n’est jamais bon signe, El Cano a pourtant toujours été aussi bon que régulier partout où il est passé. Une constance que le coéquipier de Pires à Villarreal n’est jamais parvenue à hisser jusqu’au génie. Sinon ça se saurait depuis longtemps.
Roman Riquelme
Question football, Maradona est resté bloqué dans les années 80. Normal donc qu’il aime Riquelme, un joueur avec de l’or dans les pieds, mais d’une lenteur affligeante. Visionnaire comme toujours, Maradona avait conseillé à cet abruti de Gaspart de l’enrôler au Barça : « S’il joue au Barça, il marquera une époque et lavera l’affront qui m’a été fait en Catalogne » .
Arrivé à Barcelone pour répondre au transfert de Zidane au Real Madrid, Riquelme ne parviendra jamais à convaincre Van Gaal : « Je n’ai jamais demandé au club de faire signer ce joueur. Je ne le connais même pas » .
Malgré une bonne saison à Villarreal, le droopy argentin retournera rapidement à Boca Juniors, le club de ses amours, pour y gagner deux fois moins qu’en Espagne : « Je reviens par passion, pas pour l’argent » . La classe ou la lose, c’est selon…
Sergio ‘Kun’ Aguero
Maradona essaye d’en faire coûte que coûte son héritier indiscutable. Vif, rapide, technique et beau-fils du Pibe de Oro, le Colchonero devra néanmoins se méfier à l’avenir des mauvais conseils de son sélectionneur : « Pour progresser, Sergio doit aller à l’Inter » .
Quitter un club en bois pour un club de merde, c’est risqué, d’autant que le Kun éprouve les pires difficultés à trouver le chemin des filets en ce moment, même s’il a marqué hier soir.
Pas facile de confirmer quand on porte l’étiquette de successeur de Maradona. Et puis avoir baisé sa fille, ça aide pas non plus…
Lionel Messi
C’est peut-être le seul et unique successeur de Maradona. Dans le jeu, l’élève pourrait même dépasser le maître avec les années. Seulement voilà, Messi est le moins argentin du lot.
Pas d’écart de conduite ni de patriotisme démesuré. De plus l’ego du Pibe de Oro est tel qu’il pourrait bien faire payer l’insolence de celui qui est devenu une idole dans le seul club où il n’a pas réussi : le Barça.
Par ailleurs, là où tout le monde s’accorde à dire qu’il est le meilleur joueur du monde avec Ronaldo, Maradona hésite encore à l’avouer. Quitte à être de mauvaise fois : « Messi joue pour lui, j’ai l’impression qu’il n’en fait des fois qu’à sa tête. Mais le football est un sport collectif… » Le trône de meilleur joueur de l’histoire est en revanche quelque chose de très personnel…
Par Javier Prieto Santos
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