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Les jeunes Three Lions sont en cage

Par Dave Appadoo
Les jeunes Three Lions sont en cage

Depuis plus de dix ans, aucun jeune joueur anglais n'arrive à s'imposer au niveau mondial. Une tendance lourde qui n'a rien à voir avec une malédiction. Car le mal est profond…

Samedi dernier, l’image était saisissante. Lancé plein champ seul vers le but de Tim Howard, Harry Kane a une occase en or de sortir ce Tottenham-Everton de l’anonymat et surtout de donner la victoire aux Spurs. Et puis le voilà qui tergiverse, s’emmêle les compas, annonce deux plombes à l’avance qu’il va frapper à la gauche du portier des Toffees, avant de voir sa tentative digne d’un joueur de district être effectivement calée par le gardien américain. Et là, tout le monde a compris : la grosse hype anglaise de la saison dernière (21 pions en championnat l’an passé et quasiment une statue de nouveau sauveur de la patrie) est déjà périmée. Une vieille rengaine, en vérité. Une sorte de disque rayé depuis plus de dix ans. Car c’est un fait : depuis l’explosion de Wayne Rooney en 2003-2004, aucune pépite made in England ne s’est révélée être un joyau de la couronne. On ne compte plus les joueurs frisson censés prendre la relève, de Theo Walcott à Harry Kane, en passant par Lennon, Wilshere, Oxlade-Chamberlain, Sturridge, Welbeck, Carroll, Young, Henderson, Cleverley, Lallana, life is life… Une liste interminable de joueurs de talent incapables de franchir le cap mondial pour rester à l’état d’éternels espoirs ou de bons joueurs de Premier League. La preuve : depuis 2010, un seul natif d’Albion a réussi à se glisser (deux fois) dans la liste des vingt-trois nommés pour le Ballon d’or : l’infernal Wayne Rooney. Mais l’affaire devient salement préoccupante quand même, car aussi infernal soit-il, Rooney n’est pas éternel et, depuis bientôt trois ans, il ne figure plus dans la fameuse short list du plus prestigieux trophée individuel de la planète sport. Ok, on peut toujours discuter du scrutin, mais la tendance est suffisamment lourde pour être significative. En clair, l’Angleterre ne produit plus de cracks.

Être meilleur que Yaya, le Kun et cie ? Compliqué…

Étrange quand on sait que le pays dispose du plus beau terrain de jeu de la planète avec la Premier League et qu’indéniablement, les Anglais ont quand même produit quelques vrais talents. Alors quoi ? « On peut dire ce que l’on veut, mais ces jeunes dont vous parlez sont peut-être bons, voire très bons, mais ils ne le sont pas assez pour s’imposer durablement dans les meilleurs clubs du pays qui recrutent beaucoup de bons joueurs étrangers, nous indique Gérard Houllier. Cela signifie que là où, dans d’autres pays, les jeunes ont le temps de progresser pour arriver au niveau souhaité, en Angleterre les gamins n’ont pas réellement cette possibilité. Prenez l’exemple de Manchester City qui effectue un très bon boulot avec son académie. Le souci, c’est que pour ces jeunesCitizens, il faut ensuite être meilleur que David Silva, Kompany, Yaya Touré, Agüero, etc. C’est évidemment difficilement jouable. C’est pareil à Chelsea et bien d’autres clubs. Donc les jeunes Anglais sont freinés dans leur progression. Ils sont souvent prêtés dans des clubs de divisions inférieures où ils perdent un peu les repères du plus haut niveau. Et pourtant, ils se sont vraiment remis en question depuis quelques années. Auparavant, je voyais des entraînements quasiment identiques pour les U15 et les U19, alors que l’on ne doit pas travailler les mêmes choses à des âges aussi disparates. Aujourd’hui, les académies travaillent beaucoup mieux, mais ça prend du temps pour en récolter les fruits. Il y a des signes de reprise, ceci dit : l’Angleterre a gagné l’Euro U17 il y a deux ans, Chelsea la dernière Youth League (Ligue des champions U19, ndlr), ce n’est pas si mal. Reste à le traduire au plus haut niveau professionnel. »

Carragher vs Walcott

Et c’est là que les emmerdes commencent en vérité, car il semblerait que les écueils soient encore plus nombreux outre-Manche qu’ailleurs. Car si auparavant, seuls les tout meilleurs clubs anglais étaient envahis par les meilleurs étrangers, désormais, avec l’explosion des droits télé depuis quelques saisons, tous les clubs de Premier League sont dorénavant en mesure de faire le match avec les gros clubs européens en matière de transferts. Autant le dire, même à Crystal Palace, Stoke ou West Brom, les places deviennent très très chères pour les nationaux (moins d’un tiers de sélectionnables dans l’élite). D’ailleurs, le président de la FA, Greg Dyke, a réclamé l’imposition d’un quota plus important de joueurs du cru dans les effectifs de la Premier League (12 contre 8 aujourd’hui), mais personne ne peut croire que la Premier League accédera à cette demande. Mais Jacques Crevoisier, qui a roulé sa bosse aux côtés de Houllier à Liverpool et qui, régulièrement, effectue des tests psychologiques auprès des jeunes d’Arsenal, pointe un autre souci. « Je pense que les jeunes Anglais ont moins faim. J’ai connu Steven Gerrard et Michael Owen, ils avaient le couteau entre les deux. Mais vous allez me dire que ce sont deux joueurs exceptionnels et vous aurez raison. Alors prenons le cas de Jamie Carragher. Le type même du gars qui n’avait pas grand-chose pour lui. Mais c’était un fou furieux de la compétition. Il était tellement à fond tout le temps qu’il s’entraînait toujours en short et manches courtes, même en hiver. Je le menaçais : « Si tu te claques, tu vas voir l’amende que je vais te coller. » Il n’a jamais eu une élongation. Parce qu’il était au taquet tout le temps, hyper attentif. Aujourd’hui, cette rage-là, je ne la vois plus vraiment chez les meilleurs Anglais, Rooney mis à part. Pour deux raisons qu’on ne peut pas dissocier. Ils ont très vite des salaires mirobolants, et en même temps, il ne leur faut pas grand-chose pour être en équipe nationale, vu la faiblesse du vivier. En gros, ils peuvent être très vite dans une zone de confort. On est loin de l’adage de Goethals : « Prouve-moi et je te donnerai. » Eux, on leur donne sans qu’ils aient besoin de vraiment prouver. Typiquement, le cas Walcott qui se bat quand même plus pour renégocier son salaire que pour s’imposer en tant que titulaire. Tout le contraire de Carragher. »

Sterling, Barkley, deux étoiles dans la nuit ?

À ce point-là de l’histoire, la tentation est grande de s’en remettre à Dame Nature. Ou à la loi du plus fort. Comprendre : des cracks qui, malgré les circonstances très défavorables, vont quand même percer et mettre tout le monde d’accord. Reste à savoir qui peut provoquer le même électrochoc que Michael Owen au Mondial 1998, Steven Gerrard un soir de septembre 2001 à Munich quand les Three Lions avaient exécuté l’Allemagne (5-1) dans les pas d’un jeune Scouser extraordinaire, ou Rooney à l’Euro 2004. On l’a dit, les espoirs toujours déçus n’incitent pas réellement à s’avancer sur la question. Même si deux noms semblent émerger, malgré tout. « Je crois beaucoup à Raheem Sterling, nous confie encore Gérard Houllier. Je le trouve vraiment très fort. Il a cette capacité assez rare à faire exploser une situation verrouillée grâce à son seul talent. Cela veut dire qu’il y a de la qualité, mais aussi de la personnalité. Son parcours de joueur, mais aussi d’homme semble le démontrer. » Jacques Crevoisier, lui, opte plutôt pour l’étonnant Ross Barkley. « Lui, il a une très bonne attitude. Il a de l’or dans les pieds, mais il a une réelle envie de progresser, il ne veut pas se contenter de ce qu’il a. Par exemple, l’an passé, il a un peu coincé avec les blessures et une équipe qui était en difficulté. Eh bien, depuis la reprise, même si je ne l’ai pas beaucoup vu en intégralité, il prend vraiment le jeu à son compte, il est patron, il dirige et il marque. » Mais l’ancien adjoint de Gégé de conclure, pessimiste : « J’ai quand même du mal à croire à cette jeunesse, car je ne suis pas certain que la Premier League veuille se réformer pour faire la place à ses jeunes. Et avec la prochaine répartition des droits télé (presque 3 milliards par saison de 2016 à 2019, ndlr), les clubs vont encore plus foncer dans cette course à l’armement. Et les victimes risquent d’être plus que jamais les jeunes Anglais. »

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