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Les Bleus à la conquête de l’Est
Cet après-midi (18h), l’équipe de France doit impérativement battre l’Ukraine si elle veut maîtriser le destin d’une qualification lors du troisième match face à la Suède. Mais le pays organisateur est redoutablement préparé pour ce rendez-vous. Oui, il va falloir sacrément hausser son niveau pour faire chuter Sheva & co. Flippant, mais bandant !
C’est un charme suranné dont on se serait peut-être passé, mais c’est un charme quand même. À l’heure du football mondialisé, observé sous toutes ses coutures, où l’on pense tout connaître du ballon rond où qu’il se joue, le rendez-vous avec l’Ukraine renvoie à quelques schémas anciens. Quand l’équipe de France se rendait dans les pays de l’Est sans tout savoir de son adversaire, quand elle n’en connaissait carrément rien pour en revenir la plupart du temps avec une bonne fessée et les résonnances d’un Thierry Roland traitant l’arbitre de « salaud » . Pour ce second match du groupe D, c’est un peu une idée voisine qui resurgit. Car ces Ukrainiens recèlent une part de mystère.
Non pas que tous les noms qui composent cette équipe soient inconnus, loin de là, car qui peut ignorer l’incroyable pedigree d’Andrei Chevtchenko, attaquant majuscule des années 2000.
Mais même le Ballon d’Or 2004 propose sa dose de secret(s), lui dont la performance lors du premier match face à la Suède (2-1, doublé de Sheva) semble surgie de nulle part après quelques années en hibernation complète et une saison quasi-blanche. Au vrai, c’est toute l’escouade de Blokhine qui semble métamorphosée, sans aucune comparaison possible avec celle qui avait pris une dérouillée par la France, il y a presqu’un an jour pour jour, un soir où un débutant nommé Marvin Martin (deux buts) avait ressuscité quelque chose des débuts de Zidane. Oui, ce soir, il faudra oublier ces quelques repères et s’apprêter à vivre un choc intense, étouffant, face à une équipe totalement transformée, préparée comme aucune autre équipe de cette phase finale, « à l’ancienne » comme dirait Guy Roux sur le plateau du « Grand Journal » , et c’est forcément un paramètre qu’il faudra prendre en compte pour des Bleus qui joueront une seconde fois à 18h et dans la fournaise qui va avec.
Muscler le coaching
Mais avant de se préoccuper de cet adversaire dont on sait qu’il faut surveiller le jeu dans les couloirs, surtout à droite, et qu’il faut aller chercher au niveau de sa défense centrale plus en vrac que la nôtre, il faut se pencher sur le jeu des Bleus. Et chercher une solution pour sortir de l’impression mitigée qu’a laissée le premier match face à l’Angleterre (1-1). D’ailleurs, c’est comme si Laurent Blanc, plutôt satisfait dans un premier temps, avait pris le temps de visionner la rencontre et s’était rendu compte de la trop grande prudence de la bande à Lloris, pourtant largement soulignée un peu partout. « Les joueurs offensifs doivent faire la différence, mais il n’y a pas qu’eux. Sur le match contre l’Ukraine, il faut que les joueurs se lâchent. On ne peut pas rééditer les trente premières minutes de lundi. Donc, quel que soit le secteur, on leur dit : Lâchez-vous ! » Vrai. Il faudra dépasser sa simple fonction pour aller chercher cette victoire, seul résultat qui permettrait de garder son destin en main.
Provoquer davantage et occuper un peu plus la boîte. Car, face aux Anglais, tout le monde y est allé de son petit décrochage (d’aucuns diraient de dézonage) sans jamais aller se frotter à Lescott et Terry. Une faiblesse des attaquants tricolores, bien entendu, mais aussi de Blanc dont le manque d’audace dans le coaching, en laissant Giroud sur le banc, a peut-être été la plus grande faillite lundi. Mais c’est un sacré dilemme qui se pose face au Président, un équilibre savant, mais fragile, à trouver entre maîtrise collective et force de percussion, entre récupération renforcée (M’vila seul ou associé à Diarra, en sortant Malouda ?) et capacité d’accélération (Nasri sur la touche pour Ben Arfa ou Menez ?). Autant de problématiques qu’il va tout de même falloir régler avec culot pour en finir avec ces huit matches sans victoire en phase finale internationale, depuis la demie du Mondial 2006 face au Portugal (1-0). Une série comme une nuit noire dont les Bleus seraient bien inspirés de sortir sous le soleil ukrainien. En espérant que celui-ci ne s’appelle pas Chevtchenko.
Par Dave Appadoo