- C1
- Dinamo Zagreb/Real Madrid
Le Real orphelin du Mou
Le Real fait sa rentrée en Europe mais le Mou y brille par son absence. Le Special One purge son deuxième match de suspension sur trois. Et si ça changeait tout ?
Hier après-midi, José Mourinho ne s’est pas présenté en conférence de presse. Ce soir, l’entraineur portugais ne s’énervera pas non plus sur le banc de touche visiteurs du Stadion Maksimir. Pourtant son esprit est présent et il habite désormais le corps de son employé modèle, Aïtor Karanka. Le basque, jamais vraiment à l’aise quand il s’agit de prêcher l’Evangile Mourinhien, s’y colle toutefois. En bon apôtre, il répète ce qu’il a entendu: « Avant toute chose, il n’est pas question de se plaindre. La seule chose qui a été dite de la part du Real Madrid, c’est ce qui est. L’autre jour il y a eu une erreur arbitrale en notre faveur (pénalty imaginaire contre Getafe en Liga, ndrl) et le Mister n’a pas attendu 30 secondes pour le reconnaître. Nous voulons parler des victoires de l’équipe et de rien d’autre » . Tant mieux pour Karanka, pour l’instant le Real c’est 100% de victoires.
Alors parlons chiffres. En 2 matchs de championnat le Real de l’an passé, c’est 1 but marqué, 0 encaissé et 50 frappes. C’était l’époque de Valdano à la mi-temps, de Benzema en papier et des 0-0 à Majorque. Cette saison, de l’eau à couler sous le Puente de Segovia. Les Merengues ont la baraqua, Benzema est en Une de Marca un jour sur trois et Valdano est consultant à la radio. Sur l’addition, après deux journées de Liga ça fait : 10 buts marqués, 2 encaissés et 65 frappes. Autant dire que le Real qui se présente en Europe ce soir n’entend pas profiter de la côte Adriatique. Certes d’abord le Dinamo Zagreb n’a perdu qu’une fois en 13 matchs cette saison. Certes encore, l’équipe de Jurcic est invaincue à domicile en 2011. Certes enfin, après être passés par trois tours préliminaires, les Balkaniques n’ont plus grand chose à perdre. Mais le Real qui débute sa Champions ce soir n’a rien à voir avec celui qui recevait l’Ajax à Bernabeu le 15 septembre 2010. Sauf que.
Bisbilles sur la ligne Pepe-Carvalho
Il y a des raisons d’espérer pour les cœurs croates. Car le Real n’est jamais plus vulnérable que lorsqu’il se croit le roi du monde. D’ailleurs, après le glorieux 6-0 passé à un Saragosse franchement pitoyable, Getafe a fait plus que mieux samedi dernier. En pressant haut, en volant la gonfle et en jouant sans complexe les joueurs de Luis Garcia sont même parvenus à agacer Mourinho. Pire, le bloc défense merengue s’est trouvé systématiquement en retard sur les attaquants banlieusards. Pepe et Carvalho ont manifestement du mal à se rabibocher. C’est dans leur dos que Miku plante ses deux buts (résultat final 4-2). Pire, le sens du sacrifice n’est pas encore une valeur partagé par les quatre attaquants madrilènes. Quoiqu’on en dise, ce Real-là est vulnérable et après 40 minutes de jeu, il décroche du pressing et se coupe en deux. On a beau louer le nouveau Benzema dévoué au travail défensif mourinhien, quelqu’un ment mais ce ne sont pas les chiffres. La preuve : l’an passé, il volait un ballon toutes les 50 minutes. Cette année, seulement un par heure. En 2011, il commettait une faute toutes les 70 minutes, maintenant toutes les 166.
D’ailleurs, on ne la fait pas à Krunoslav Jurcic. Lui aussi connaît ses classiques : « Getafe a eu des occasions et s’il n’y avait pas eu ce penalty, ils auraient pu faire quelque chose à Bernabeu » . L’ancien milieu de terrain de la Croatie troisième du mondial 98, n’en est pas à un coup de stress prêt. Le Real devant 40 000 balkaniques en fusion n’est rien d’autre qu’une petite équipe de Province et sera prise comme telle: « ce serait aller à l’encontre de tous mes principes d’entraineur d’envisager autre chose que la victoire. En ce moment mes joueurs réfléchissent à la façon d’être plus malins que le Real plutôt que de savoir avec qui ils vont échanger leurs maillots à la fin du match » . Le coach croate a un plan tellement sûr qu’il ne s’en cache même plus. « Nous avons plein de joueurs très techniques capables de leur confisquer le ballon et de les surprendre » assure-t-il.
Les muscles et le vent
Mais pour le Real Mourinho, bien commencer une Champions et se qualifier dès le troisième match est le secret de la sérénité. Laisser échapper des points ce soir serait un drame. Alors le Mou devrait parier sur les muscles et la vitesse plutôt que sur l’art et la manière. Avec le retour en grâce de Lassana Diarra, le 11 pourrait bien être un 4-3-3 musclé avec Alonso, Lass et Coentrao au milieu. Benz en pointe, Ozil sur le côté droit et Kaka à la maison. Mais le grand absent pour Jurcic, c’est le Special One qui – officiellement – verra le match depuis son hôtel : « Mourino est un leader et les leaders sont difficiles à remplacer. Son exclusion (sic) va pourvoir donner du vent à nos voiles » . Reste à savoir dans quelle direction.
Thibaud Leplat, à Madrid
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