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Le psy de Luis Enrique

Par Benjamin Laguerre
Le psy de Luis Enrique

Entre paranoïa, hystérie et règlements de comptes, tout dans les réponses, le ton et l'énervement de l'interview post-raclée reçue au Parc des Princes lors du match aller (4-0) traduisait un sentiment d'épuisement chez le coach catalan il y a trois semaines. Il y a quelques jours après la victoire contre Gijón (6-1), Luis Enrique a, une fois encore, surpris tout son monde en annonçant dès le premier jour du mois de mars qu'il ne serait plus l'entraîneur des Blaugrana à la fin de la saison. Pourtant en matière de communication et de psychologie, Lucho dispose sur le banc du Barça, selon ses propres termes, du « meilleur psychologue du sport ». Son nom : Joaquín Valdés.

« Ne vous inquiétez pas, le psychologue est là uniquement pour moi ! Soyez tranquilles ! » Dès la conférence de presse de présentation du nouveau staff barcelonais à son arrivée à l’été 2014, Luis Enrique se montrait ironique et proposait même aux journalistes présents d’offrir la carte de visite de son « psy » à ceux qui en auraient éventuellement besoin. En même temps, au vu de ses prestations en conférences de presse, souvent lunaires, parfois théâtrales, un brin comiques, mais rarement neutres, on a aussi le droit de le prendre au pied de la lettre.

La présence de cet ancien judoka aux larges épaules dans le staff a d’abord fait sourciller pas mal de monde dans le microcosme culé. En général, les clubs font appel à un psychologue, ou à un coach mental, en cas de difficultés, pour conjurer le sort d’une mauvaise série de résultats ou pour éviter une descente. Le club catalan, habitué aux honneurs des titres, semble assez éloigné de ces zones de crise. Pourtant, Joaquín Valdés est un membre à part entière dans le staff des assistants du technicien du FC Barcelona. Au même titre que Juan Carlos Unzué, Robert Moreno et Joan Barbara, les trois adjoints de Luis Enrique, ou que Rafael Pol, le préparateur physique, ou encore José Ramon de la Fuente, l’entraîneur des gardiens. Un psychologue du sport, donc, qui se sent totalement légitime pour exercer son métier au Barça. À savoir : être là au quotidien, aux mises au vert, dans le vestiaire, assister aux entraînements, aux matchs, aux conférences de presse… C’est simple, Joaquín Valdés est partout où Luis Enrique se trouve. Pour observer, être là sans intervenir, comprendre les contextes, s’en imprégner pour ensuite aider le technicien dans son quotidien et dans ses choix de communication, par rapport aux joueurs comme par rapport aux médias. Le psychologue observe comment se structure le groupe des joueurs à la disposition du coach, les sous-groupes, les relations entre les joueurs, sur le terrain et en dehors. L’objectif est d’optimiser la gestion de l’effectif, en mettant en avant le collectif au-dessus de tout. C’est d’ailleurs ce qu’expliquait l’ancien capitaine du Barça lors de sa première conférence de presse en tant qu’entraîneur : « Mon objectif est d’aider les joueurs individuellement pour que nous soyons plus forts sur le terrain, ensemble. Les joueurs ont toujours une perception individuelle du football, mon travail consiste à transformer cette perception en quelque chose de plus global. » Et Joaquín Valdés est donc là pour aider Luis Enrique à mettre en place cette « perception globale » à Barcelone.

Makeateam à Barcelone

Ce psychologue du sport n’a pas découvert le milieu du ballon rond avec le Barça et avait déjà mis un pied dans le monde du football avec une première expérience avec Gijón (2000-2005), le club qui a formé et vu débuter en Liga un certain Luis Enrique. Par la suite, il a collaboré à partir de 2005 avec Andoni Zubizarreta pour Makeateam, un cabinet de conseil, créé par l’ancien gardien du Barça, qui propose aux entreprises une meilleure gestion des ressources humaines à travers le sport. Lorsque Luis Enrique succède à Pep Guardiola sur le banc du Barça B en 2008, la présence du psychologue du sport est actée. Le binôme ne se quittera plus. Après trois saisons avec l’équipe réserve blaugrana, les deux Asturiens ont continué leur collaboration à la Roma (2011-2012), puis au Celta (2013-2014), avant de prendre les rênes du grand Barça avec, coïncidence ou pas, Zubizarreta devenu entre-temps directeur général du club catalan. À Barcelone, comme à Vigo ou à Rome, le travail de Joaquín Valdés par rapport à la communication de Luis Enrique depuis son banc de touche semble assez simple : dans sa communication verbale et non verbale, il faut chercher la meilleure transmission possible des consignes, transmettre une forme de sérénité, quelle que soit la situation. Ne pas subir les événements, mais en être acteur, avec des certitudes que doivent ressentir les joueurs sur le terrain. Lucho se doit d’être un guide et il s’acquitte plutôt bien de sa mission au bord du terrain.

Face aux caméras en revanche, c’est une autre paire de manches. Être coach du Barça est un poste à part, sous le feu de très nombreux projecteurs, et donc forcément des critiques. Le natif de Gijón est un homme qui ne sait pas faire semblant. Quand les questions ne lui conviennent pas, il préfère ne pas y répondre ou simplement demander au journaliste son nom et passer à la question suivante. Ce jeu avec les médias semble l’amuser. Joaquín Valdés assiste à ce cirque médiatique en conférence de presse et observe son ami s’adonner à cet exercice imposé plus de 120 fois par an. Face aux critiques et aux questions acerbes, souvent nombreuses, Lucho paraît serein, parfois distant, souvent ironique, à l’occasion cassant et régulièrement drôle. Il donne parfois l’impression de jouer un rôle, écrit peut-être à l’avance, qui traduit sans doute sa façon de gérer la pression, mais aussi sa personnalité et sa sympathie communicative. En tout cas, les interventions de Lucho au micro sont rarement sans saveur, et Joaquín Valdés n’est sans doute pas étranger à cette forme de communication.

« Besoin de se reposer »

Si les critiques extérieures au club ont été récurrentes cette saison et vont sans doute se multiplier d’ici au mois de juin, sur le timing de son annonce de départ comme sur le bilan de Luis Enrique à la tête du Barça, le travail du psychologue et la gestion du groupe n’ont pas toujours été bien vécus en interne. La première secousse s’était fait sentir lors de la première saison, en janvier 2015, lorsque le taiseux Lionel Messi avait pris à partie Joaquín Valdés dans le couloir du stade d’Anoeta après une défaite face à la Real Sociedad (1-0). Ce soir-là, l’astre argentin débute sur le banc avec Neymar à la suite de leur retour de vacances tardif, mais autorisé par le staff. Leo ne comprend pas la décision de son entraîneur et ne cache pas son mécontentement lors de son entrée en jeu en deuxième période. Le plus important au cours de cette soirée n’est sans doute pas la défaite barcelonaise, mais le vif échange qui a suivi le match. Sur le chemin du vestiaire, l’Argentin interroge directement, et de façon plutôt véhémente, le psychologue sur son rôle auprès de Luis Enrique. Ce dernier intervient, et même si l’échange a lieu loin des caméras, l’affaire s’ébruite… Luis Enrique a froissé l’idole absolue du Barça. La crise couve. Mais le psychologue désamorce rapidement le malaise et évite que cet épisode n’ait plus de conséquences que ce qu’il pourrait traduire. Six mois après son arrivée, le coach se doit de revoir, déjà, sa gestion et sa communication avec le groupe, notamment avec ses cadres, afin d’éviter un tremblement de terre qui aurait pu lui coûter cher. Andoni Zubizarreta sert alors de fusible à la suite de cet épisode de crise inhabituel dans la maison culé.

Il y a trois semaines, Sergio Busquets, aussi économe de ses mots que des kilomètres sur le terrain, analysait la cinglante défaite face au PSG en ces termes : « Ils ont été meilleurs que nous. Ils ont proposé un chemin tactique meilleur que le nôtre. On ne s’y attendait pas… » Les médias espagnols ont repris cette étonnante sortie avec délice, alors que Luis Enrique n’avait jamais été autant remis en cause en Catalogne depuis son arrivée. Son bilan sur le banc blaugrana est pourtant très proche de celui de Pep Guardiola, en matière de résultats comme de titres obtenus. Sauf que la pluie des critiques médiatiques a redoublé depuis l’étape parisienne et ne semble pas près de s’affaiblir après son dernier contre-pied qu’est l’annonce de son départ. Le contrat du coach asturien s’achevait en juin et Lucho a préféré prendre les devants en annonçant son « besoin de se reposer » à la fin de cette saison. Finalement, la boutade inaugurale de Luis Enrique lors de sa première conférence de presse barcelonaise n’a peut-être jamais été autant d’actualité.

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