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Le Mondial allemand raté d’Andreï Shevchenko

Par Alexandre Doskov
Le Mondial allemand raté d’Andreï Shevchenko

L'été 2006 aurait dû être celui du couronnement pour Shevchenko. Après avoir achevé un parcours presque sans faute à l'AC Milan, l'Ukrainien s'apprêtait à s'envoler pour Londres en devenant le joueur le plus cher du championnat anglais, et avait droit à une Coupe du monde en Allemagne pour écrire un peu plus sa légende. Mais un genou qui couine et une équipe au style porté sur la défense qui tache feront de son rendez-vous avec la Coupe du monde un pétard mouillé.

Andreï Shevchenko la tient enfin, sa qualification. Dans le froid d’un mois de septembre 2005 à Tbilissi, au stade Boris-Paichadze plus précisément, les Ukrainiens rentrent au vestiaire avec les poings rageusement serrés. Un petit match nul 1 partout face à la Géorgie aura donc suffi, les voilà qualifiés pour le Mondial allemand de 2006, et avec un mois d’avance sur toutes les autres équipes européennes s’il vous plaît. Une libération pour Shevchenko, qui avait jusqu’alors connu une carrière aussi frustrante en sélection qu’elle était flamboyante en club. Superstar du Milan, Ballon d’or 2004, il s’était brisé quelques dents sur ce maudit groupe 4 des éliminatoires pour l’Euro 96, puis sur ce fichu groupe 9 des qualifs au Mondial 98, et ainsi de suite pour chaque Euro ou Coupe du monde jusqu’à cette fameuse soirée géorgienne. Mais les Ukrainiens y sont enfin, à l’usure, en stakhanovistes. Shevchenko sait qu’il aura presque 30 ans en Allemagne, qu’il est à son firmament depuis quelques saisons, et donc qu’il s’agit très certainement de sa dernière chance d’aborder une telle compétition en pleine possession de ses moyens. Mais en terre germanique, c’est un paradoxe qui attend les Ukrainiens : le plus beau parcours de leur histoire en Coupe du monde, mais avec une attaque grippée et un Sheva cramé, à deux doigts de la rupture, et incapable de s’approcher de son rendement habituel.

Blokhine et Sheva, une histoire de Ballons d’or ukrainiens

L’histoire aurait pu être celle d’un passage de relais magnifique. Aux manettes, Oleg Blokhine, légendaire attaquant du Dynamo Kiev, Ballon d’or 75 qui n’a jamais pu mouiller un maillot ukrainien de sa vie pour cause d’URSS. Alors quinze ans après la démission de Gorbatchev et la naissance officielle du pays jaune et bleu, c’est en tant qu’entraîneur que Blokhine allait faire rêver ses compatriotes. Sous sa houlette, Andreï Shevchenko qui, à l’été 2006, a passé sept saisons à crever les plafonds à l’AC Milan, en y devenant le deuxième meilleur marqueur de l’histoire du club. Mais son aventure italienne a touché à sa fin, et Sheva sait déjà qu’il jouera à Chelsea à la rentrée au moment où il atterrit en Allemagne pour le Mondial. Il entre dans les dernières années de sa carrière ? Peu importe, Abramovitch a agité son chéquier et aligné 45 millions d’euros sans sourciller. Après tout, son jouet ukrainien vient de terminer une saison à 19 buts en Serie A, et surtout à 9 pions en Ligue des champions, avec un quadruplé de gala face au Fenerbahçe. Du très costaud, et avec Voronin et Vorobey à ses côtés, rien ne semble pouvoir empêcher Sheva de saccager quelques défenses à la Coupe du monde. Rien, sauf le plus vilain des scénarios. Dimanche 7 mai 2006, avant-dernière journée de Serie A face à Parme, Andreï abîme son genou et gagne le gros lot, une course contre la montre. 25 jours sans toucher un ballon, avant que Blokhine annonce avant le Mondial que rien n’est joué : « Je ne peux rien dire. J’attends de voir comment la situation va évoluer. S’il peut jouer, on mettra un système de jeu autour de lui, sinon on trouvera une autre stratégie. »

Les ouvriers

Mais Shevchenko est têtu, et débarque quand même en Suisse pour le stage de préparation comme si de rien n’était, et se montre moins prudent que son coach. « Pour l’instant, je ne suis pas prêt, mais il me reste deux semaines, et je serai au rendez-vous au Mondial. Notre équipe est jeune et peut provoquer une surprise. » Le destin donnera raison à la deuxième partie de sa phrase. Pour son rencard avec l’histoire, en revanche… Andreï est certes bien présent et assume le brassard de capitaine sur les pelouses allemandes. Après une rouste 4-0 face à l’Espagne en guise d’introduction, les Ukrainiens se dévergondent face à l’Arabie saoudite, et Shevchenko marque son premier but. Il lui faudra une chute exagérée dans la surface contre la Tunisie et un penalty pour envoyer les siens en huitièmes de finale, sans gloire et à la rame.

La suite est du même tonneau, et le huitième face à la Suisse est une horreur (0-0) conclue aux tirs au but. Comme en finale de C1 en 2005, Shevchenko rate le sien, et l’Ukraine n’a le droit de voir la suite du film que grâce à la performance surhumaine de son gardien, Shovkovskiy, transformé en gilet pare-balles ce soir-là. Le quart face à l’Italie, autre équipe en délicatesse avec la grâce depuis le début du Mondial, promet, et Blokhine doit se justifier du football d’ouvriers qu’il propose : « Qu’est-ce que ça veut dire, jouer prudemment ? L’essentiel, c’est que l’équipe obtienne un résultat. » Alessandro Nesta, coéquipier de Shevchenko à Milan, en fait la menace numéro 1 – « Il y a peu de joueurs comme lui dans le monde » –, mais l’air du Volksparkstadion d’Hambourg réussit mal à l’attaquant, qui prend le bouillon avec les siens (3-0). Curieuse impression que celle laissée par l’Ukraine cette année-là, entrée dans le top 8 mondial aux forceps après avoir retenu son souffle autour d’un attaquant dont elle attendait la lune. Habitué à marcher sur l’eau, Shevchenko aura commencé à boire la tasse au Mondial allemand. La suite à Chelsea achèvera d’en faire un bébé-nageur.

Mais qui es-tu, Jonas Hector ?
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