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Le jour où Metsu faisait tomber la France

Par Alexandre Blaise et Ugo Bocchi
Le jour où Metsu faisait tomber la France

En 2002, la France, championne du monde en titre, est sûre de sa force. Mais le jour de l'ouverture de la Coupe du monde, elle tombe sur un os nommé Bruno Metsu. Sélectionneur du Sénégal, le Français joue un bien mauvais tour à ses compatriotes. Les Lions de la Téranga peuvent bien danser, ils célèbrent leur Sorcier Blanc. Les Bleus, victimes d'un but casquette, ne sortiront jamais de ce groupe A. Metsu, décédé dans la nuit de lundi à mardi, signe son plus beau coup.

Les larmes au bord des yeux, Bruno Metsu reste droit et digne. La France est KO. Quelques embrassades et le sélectionneur du Sénégal passe sa main dans ses longs cheveux, sa marque de fabrique, avant de rejoindre les vestiaires du Seoul World Cup Stadium. Fier. Ce 31 mai 2002, ses Lions de la Téranga, qu’il dirige depuis deux saisons, ont mis le coq français à terre en match d’ouverture de la Coupe du monde.

Il n’y aura pas deux étoiles sur le maillot

À la fin de la rencontre, Roger Lemerre est sur le cul. Impuissant, le sélectionneur des Bleus fait même preuve d’une très mauvaise foi : « Je n’ai jamais douté que Bruno Metsu allait faire un milieu à cinq. Eux, ils ont eu un contre et ils ont marqué un but. Ce sont des choses qui arrivent. Ils ont fait ce qu’il devait faire, ce que toute équipe doit faire quand elle joue contre l’équipe de France. » Un séisme pour le football français, et pas seulement. Cette France, championne du monde, championne d’Europe. La France d’Henry, Trezeguet, Wiltord, Barthez… Des mecs jouant dans les meilleurs clubs européens. Cette France, tellement sûre de réussir le doublé, quatre ans après, que son équipementier s’amuse à imaginer une deuxième étoile sur le maillot des Bleus. Mais cette France, c’est également celle qui ne peut plus compter sur son meilleur joueur, Zinedine Zidane, touché contre la Corée du Sud en match de préparation. « Ce qui nous a donné une chance d’y croire, c’est sa blessure » , avoue aujourd’hui El Hadji Malick Sy. Le président de la Fédération sénégalaise de l’époque l’accorde : « Sur le plan tactique, l’équipe de France avec ou sans Zidane, ce n’était pas la même chose. Bruno m’a dit : « Tu vas voir, on va le faire ! » » « Il réussissait à nous galvaniser »

Le Sorcier Blanc n’est pas venu jusqu’en Corée pour faire de la figuration. Il joue ce match pour gagner. « Tout s’est passé comme Metsu l’avait dit, se souvient Ferdinand Coly, latéral droit sénégalais, au marquage de Thierry Henry pour ce France-Sénégal. On savait exactement ce qu’il fallait faire : bien défendre, sortir très fort. La base, c’était les quatre défenseurs (dont Coly, ndlr), le dernier rempart. » Bruno Metsu n’a rien laissé au hasard. Son schéma, il le connaît par cœur, ses joueurs aussi. Une ligne de quatre, donc, et cinq milieux, plus El-Hadji Diouf en pointe. Solide. « Ce sont les défenses qui font gagner les Coupes du monde, pas les attaques » , commente El Hadji Malick Sy. Ce n’est pas pour autant qu’il bétonne derrière. Le finaliste de la Can 2002 ne veut pas jouer le petit poucet : « On avait des certitudes et, quand même, un certain niveau. Plusieurs d’entre nous jouaient à Lens, qui avait caracolé en tête du championnat de France pendant longtemps. »

Et ça marche. Même si les premières minutes sont compliquées. « C’était miraculeux. Les dieux du stade étaient là » , se rappelle El Hadji Malick Sy. Trezeguet trouve même le poteau de Tony Silva, mais le Sénégal prend peu à peu ses marques. Jusqu’à ouvrir le score. Papa Bouba Diop profite d’un bon centre de Diouf, d’un cafouillage dans la défense des Bleus et de la niaque transmise par son entraîneur pour inscrire l’un des pires buts de l’histoire de la Coupe du monde. Le Sénégal mène 1-0. La magie de Metsu opère sous les yeux de Coly et de ses coéquipiers : « Son discours d’avant-match avait été très, très fort. Avec ces longs cheveux et ses yeux bleus, il réussissait à galvaniser n’importe quel joueur. À chaque contact, il fallait être là. On pouvait perdre ce match, mais il fallait qu’on sache qu’on était des guerriers. » Le reste de la partie, tous les Français s’arrachent les cheveux, sauf lui. Lui, il sourit et tient à sa longue crinière brune. Thierry Roland aura beau gueuler dans son micro, les Bleus sont impuissants face au mur sénégalais. Impossible de le contourner, et quand ça entre enfin dans la surface, Thierry Henry touche la transversale. Rien à faire, Bruno Metsu a réussi son coup.

Merci du regard

Presque aucun mot ne sera prononcé à la fin du match. L’essentiel a déjà été dit sur le terrain. Après avoir savouré cette victoire d’hommes, les Lions rentrent au vestiaire. Bruno attendra, on ne bat pas tous les jours les champions du monde. Omar Daf, titulaire en défense lors de ce match, se rappelle du bonheur exposé sur son visage : « J’étais assis avec Souleymane Camara, on profitait. Et là, on l’a vu arriver avec ses grands yeux bleus. Il était heureux et fier de nous. Mais il n’a rien dit. Pas que je me souvienne. Avec lui, c’était de la gratitude au quotidien. Tout se voyait dans son regard. Il nous disait merci. » La victoire contre la France a lancé la Coupe du monde des Lions. C’est d’un cheveu qu’ils échouent aux portes des demi-finales contre la Turquie, trois semaines plus tard. Depuis, onze ans ont passé, mais l’exploit de Séoul reste le plus grand fait d’arme du football sénégalais. Et Bruno Metsu, décédé la nuit dernière, reste dans toutes les mémoires : « C’était un petit frère pour moi, témoigne El Hadji Malick Sy. Il est au panthéon du football sénégalais. Le peuple lui sera toujours reconnaissant de ce qu’il a fait pour nous, et avec nous. »

Résumé:

Le match en intégralité:

Vidéo

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