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Le modèle grec

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Le modèle grec

Depuis 2004, l’équipe nationale grecque est certainement la sélection européenne la plus impopulaire. Il y a huit ans, sa victoire à l'Euro est passée pour le plus grand braquage que la compétition ait connu. Un jeu ultra-défensif, des joueurs presque anonymes : la Grèce provoque plus de haine que de rêve. Pourtant, cette sélection devrait être considérée comme un vrai modèle.

Les petits méchants Grecs En 1994, l’Ethniki se qualifie pour le Mondial américain. Une différence de buts de -10 plus tard, la Grèce réalise que son football a un problème. Dix ans après, les Bleu et Blanc s’emparent de l’Euro sur une improbable série de 1-0, dans un style aussi défensif qu’impopulaire, qui leur vaut le surnom de Piratiko, « Le Bateau Pirate » . Malgré ses prouesses défensives, qui devraient être plus souvent louées, la Grèce devient tristement l’équipe nationale la moins respectable qui soit. Il faut dire que, attention les yeux, la Grèce n’a pas gagné un match par plus d’un but d’écart en compétition internationale depuis 1972. Un jeu ultra-défensif, un manque de talent qui fait croire que tous les sportifs grecs talentueux jouent au basket, une similitude dans les noms en quatre syllabes finissant par « is » ou « os » qui les rend difficilement reconnaissables pour le grand public : la Grèce n’est pas « commerciale » . En 2004, Theodoros Zagorakis est élu MVP de l’Euro devant Figo, Nedvěd ou encore Zidane. À son actif, il est le joueur ayant fait le plus de tacles du tournoi. Tout un symbole. Cette année, l’Irlande et ses supporters sont le coup de cœur de l’Euro. Des bonhommes verts costauds mais gentils, bruyants mais éduqués, perdants mais joyeux qui ont touché l’Europe à tel point qu’on en est même arrivé à leur souhaiter un « bon parcours » . Et si c’était arrivé ? Et s’ils avaient battu 1-0 la Croatie et tenu en échec l’Espagne et l’Italie ? On aurait parlé de la rigueur étouffante du Trap, du vilain kick-and-rush et de cette ordure d’impact physique. Tant qu’ils perdent, ils sont mignons, ces petits pays du football. Mais s’ils se mettent à gagner, ils deviennent gênants, pénibles. En remportant l’Euro et en réalisant l’une des performances sportives les plus étonnantes de l’histoire du sport, la Grèce a perdu son droit à cette compassion que le football a pour ses petites nations. Elle est devenue vilaine et donc, mal-aimée. Et si elle a bien une meilleure possession de balle que le Portugal à l’Euro, chut, il ne faut pas le dire. Un modèle de sélection nationale Pour les Grecs, peu importe. Ils ont leur Coupe d’Europe à la maison, des souvenirs plein la tête, leurs noms gravés dans l’Histoire. D’ailleurs, ils auraient pu s’arrêter là. Mais non, les Galanolefki sont toujours aussi difficiles à battre, jamais donnés pour vaincus. La sélection de la République hellénique représente ainsi tout ce qu’une sélection devrait représenter : un ensemble fait de sacrifice et d’esprit collectif qui efface les individualités pour mettre en avant l’idée de représentation. La Grèce est une sélection nationale à l’ancienne, peut-être la seule équipe des quarts qui pourrait jouer sans flocage sans qu’on le remarque. Onze jeunes hommes grecs qui jouent en blanc et bleu, point. En qualifications, les 14 buts grecs ont d’ailleurs été marqués par onze joueurs différents. Des hommes déterminés, organisés, exemplaires et humbles. Une équipe qui sent l’amour pour le maillot et pue la fierté et le sacrifice, en 4-4-2 ou en 4-3-3, c’est beau. La réaction de Karagounis après avoir pris un carton jaune qui le privera du quart contre l’Allemagne est d’ailleurs fantastique. D’ailleurs, le Capitaine a été clair : « Lorsque l’équipe a quitté la Grèce, nous avons tous dit d’une même voix que nous donnerons tout ce que nous avons pour nos compatriotes qui traversent une période difficile. » Autre chose que « À l’Euro avec vous, pour vous » , n’est-ce pas ? Et tant pis si le jeu n’est pas attractif, le vivier de talents nationaux n’est de toute manière pas assez épais pour espérer gagner autrement que par l’organisation et la concentration. Quinzième au classement FIFA (oui, cela vaut ce que ça vaut), qualifiée pour sa troisième compétition internationale d’affilée et maintenant pour les quarts de l’Euro, la Grèce fait du mieux qu’elle peut. Et faire beaucoup avec peu, c’est d’ailleurs ce qui représente le défi de tout un pays en cette sombre période. Ainsi, la Grèce est devenue une bonne équipe, peut-être même le meilleur ratio résultats/talent des dernières années. Le bilan du sélectionneur portugais Fernando Santos est excellent : 13 matchs officiels, 8 victoires, 1 seule défaite (contre la République tchèque). Il ne s’agit pas de parler de jeu, de système ou de mentalité défensive, mais plutôt d’esprit, d’âme et de force collective. Évidemment, Charisteas, Karagounis ou Papadópoulos sont sortis du lot, mais aujourd’hui encore, seize des vingt-trois sélectionnés évoluent dans le championnat grec (10e au classement UEFA).
Grèce-Allemagne, pour l’Histoire
Ce soir, Angela Merkel sera présente dans les travées de la PGE Arena Gdańsk. Elle, ses discours sur les « maux grecs » , ses airs de supériorité germaniques, et des milliers de Grecs. Porté par cette ferveur, le Bateau pirate donnera son mat pour un exploit légendaire. Mais, à vrai dire, personne ne l’attend. Ses détracteurs rappellent que la Grèce s’est qualifiée avec seulement quatre petits points, à l’arrache. Comme en 2004, en fait. Que Karagounis est suspendu. Comme lors de la finale 2004, d’ailleurs. Qu’elle jouera contre bien plus fort qu’elle. Comme en 2004, tiens. L’Ethniki sera à nouveau sous-estimée, et certainement à nouveau difficile à battre. Mais peu importe le score, cette équipe de Grèce mériterait de sortir du terrain sous des regards pleins de respect et même d’envie. Par Markus Kaufmann
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