Le Mans-Rennes, sans assurance
Depuis quelques saisons, Le Mans fournit la L1 et l'Europe en nouveau cracks. Phénomène qui s'applique même à ses coaches. Retour sur la saison d'un petit club qui connaît aussi des problèmes de riches.
Le Mans-Rennes, c’est le 11e contre le 6e. Mais avec 15 points d’écart, Le Mans ne vit pas sa saison avec la même réussite que les précédentes. Si Rennes n’a jamais gagné au Mans, les Manceaux jouent leur avenir, bien au-delà de la fin de saison 2009. D’où des remous inhabituels pour un club plutôt discret et jugé bien structuré par le travail de son président Henri Legarda.
2008-09 avait pourtant bien commencé. Helstad squattait la tête du classement du buteur. Le flair de la cellule de recrutement du Mans était encore une fois loué. Considéré comme un club tremplin, les Sarthois arrivent à attirer de jeunes étrangers. Mais difficile de sortir indemne après le départ de joueurs comme Grafite, Matsui, Romaric, Sessegnon ou Basa dans les trois dernières années. Au final, Le Mans reprend avec 11 joueurs de moins, soit une équipe complète et son entraîneur, Rudy Garcia, parti pour Lille. Très vite, les limites du pillage annuel dont est régulièrement victime le MUC 72 apparaissent, l’hémorragie de trop.
Après le départ de Hantz, Legarda pensait pouvoir miser sur le long terme avec Rudi Garcia. Las. Celui-ci lui répond que s’il l’a recruté pour son ambition, il pouvait aussi le laisser partir pour cela. Obligé de recruter un entraîneur dans l’urgence, le président Legarda se tourne donc vers la solution interne et promeut Yves Bertucci, le boss du productif centre de formation. Club sans problème, loué par tout le milieu pour ses résultats malgré des moyens modestes, Le Mans a été rattrapé par les soucis. Très vite, Bertucci a montré que les excellents formateurs ne faisaient pas nécessairement de bon coaches. Officiellement, c’est Bertucci qui réclame du soutien. Mais en réalité, il est écarté au profit de Jeandupeux en février, tout en restant à ses côtés en tant qu’adjoint. En juin, le Suisse devrait reprendre son poste et Philippe Montanier débarquer de Boulogne-sur-Mer.
Les raisons de cette éviction ? Des résultats décevants après un gros coup de fatigue. Si le recrutement des deux norvégiens, confirmé par un excellent départ, semble réaffirmer le flair de la cellule de recrutement dirigée par l’incontournable Jeandupeux et Alain Pascalou, l’omelette norvégienne ne prend pas. Si Helstad confirme sa bonne saison, son compatriote Strömstad sombre très vite. Dixit Alexis Babin, du Maine Libre, les deux arrivent, de leur aveu même, carbonisés du championnat scandinaves.
A cela s’est ajouté des problèmes de vestiaires, comme souvent, en période de manque de résultats. Très vite, Bertucci ne semblent plus tenir son groupe. Pour une sombre histoire de place à table, Le Tallec et Camara se foutent sur la gueule. L’une des premières décisions de Jeandupeux à son arrivée est d’écarter Yohann Pelé pour le piquer au vif. En cause, une défense passoire. Connu, paraît-il, pour son goût de la fête, il est rentré dans le rang. Contre Rennes, Pelé, un temps évoqué chez les Bleus, sera de nouveau aligné comme titulaire.
Pour stopper l’hémorragie, le coach Suisse, réputé pour sa philosophie de jeu offensive, a blindé la défense avec 5 joueurs avant de revenir à un 4-4-2 plus classique. A la veille du match contre Rennes, l’entraîneur des Bretons, Guy Lacombe, rend hommage à son mentor : « Je vais rencontrer le maître. Maintenant, il a changé un petit peu, il est un peu plus axé sur le recrutement. Nous avons vu qu’il ne rigolait pas trop. Il recommence à récupérer des points et à avoir des résultats. C’est quelqu’un qui à l’époque, lorsqu’il est arrivé en France, en 83-84, il a complètement révolutionné le football. Il a instauré ce 4-4-2 avec deux lignes de 4 avec une notion de zone derrière. J’ai eu le privilège d’être un des joueurs dans ce groupe là et de connaître cette aventure, ces nouveautés. Pour vous dire l’importance que cela a eu à mes yeux, j’ai vraiment travaillé avec lui chaque jour. C’était quelqu’un de très pertinent, qui nous interpellait dans l’intelligence de jeu et l’appréhension tactique. »
Côté stade, ça sent la rillette. C’est l’autre gros dossier qui inquiète du côté du Mans. Le club serait sous la pression de la mairie et du concessionnaire, Vinci. En jeu, la nouvelle enceinte et son complexe façon OL-Land, la MMArena, doit être inaugurée en 2010. Si cela n’a rien d’officiel, la rumeur veut que le club verse des indemnités en cas d’absence en L1 pour la saison 2010-11, à titre de compensation. D’où la constitution d’un trésor de guerre et un recrutement rogné pour compenser les départs. Petit rappel, MMA, c’est « zéros tracas, zéros blabla, c’est le bonheur assuré » .
Vincent Time
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