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Le jour où Jay-Jay Okocha a découvert Bordeaux

Par Mathieu Faure
Le jour où Jay-Jay Okocha a découvert Bordeaux

Jay-Jay Okocha est resté 4 saisons au PSG. Comme dans toute relation amoureuse, il y a un début et une fin. Pour son premier rendez-vous avec la France, le Super Eagle avait choisi Bordeaux. Et pas de n'importe quelle manière.

Il y a cette gueule. Celle d’Alain Giresse, sur le banc du PSG, qui hésite entre l’étonnement et la fierté. Les filets d’Ulrich Ramé tremblent encore en ce 8 août 1998. On joue la 77e minute à Lescure, et le PSG vient de réduire la marque face à Bordeaux (Laslandes et Wiltord avaient claqué pour Bordeaux). Le buteur parisien ? Augustin Okocha, dit Jay-Jay. Le but est délicieux. Prise de balle à 30 mètres des buts bordelais, enfumage de Benarbia enchaîné de deux crochets extérieurs pour éviter les guiboles de Diabaté qui se dressent devant lui puis, à la sortie du dernier dribble, une sacoche de plus de vingt mètres qui termine en lucarne. La frappe est si soudaine que Ramé pense qu’elle sort du cadre. Mais non.

Okocha est sur le terrain depuis 120 secondes. Ses premières en France après son transfert record à hauteur de 100 millions de francs durant l’été. Le PSG s’est acheté un magicien. Un homme qui balance des dribbles incroyables avec les Super Eagles durant la Coupe du monde. Un Mondial où le Nigeria va marcher sur l’Espagne (3-2). Ce nouveau PSG époque Charles Biétry (qui vient de succéder à Michel Denisot dans le siège du président) doit vendre du rêve. « Il faut que cette équipe fasse du spectacle et je crois qu’on a rarement vu un joueur de cette qualité sur un terrain français » , dira même Biétry après le match. Drôle quand on sait que c’est Bordeaux qui l’a emporté. Et largement (3-1). Un PSG complètement à la rue, puisque Yann Lachuer – le Modrić du pauvre – dira à la sortie du terrain que le PSG aurait « pu jouer deux heures sans trouver la balle » . Mais les critiques ne vont pas s’abattre sur le PSG, le but d’Okocha cache la forêt. Au coup d’envoi, six nouveaux dans le onze de Giresse (Casagrande, Goma, Carotti, Lachuer, Ouédec et Wörns, plus Okocha et Laspalles sur le banc), pas de jeu et une impression de n’importe quoi. Pas grave, on ne parle que d’Okocha. De son but. De son numéro 10 dans le dos.

On en attendait sans doute trop…

« Je croyais que c’était un soliste par nature. Certains joueurs ne peuvent pas s’empêcher de dribbler pour dribbler. Pour lui, ce n’est pas le cas. À Bordeaux, il a dribblé par obligation » , dira Giresse après le match. Dans les rangs parisiens, on en oublie l’essentiel : l’équipe. Giresse peine à rassembler. Tactiquement, c’est le bordel. Et Okocha n’arrange rien, lui qui n’est ni meneur de jeu, ni attaquant. Okocha, c’est un virtuose. Un artiste. Et un artiste, ça s’éparpille. Alors le Nigérian va traverser ses quatre saisons parisiennes comme ce match de Bordeaux : en intermittent. Des blessures (aucune saison à plus de 25 matchs en championnat), des matchs ratés et des actions incroyables. On ne va pas se mentir, c’est d’une tristesse infinie, tant le joueur avait tout pour faire frissonner les petites vertus. Un sens du spectacle aiguisé, des crochets dévastateurs, des cuisses façon Martin Djetou et une nonchalance spectaculaire. Okocha, c’était le génie de Maradona dans le corps d’Abou Diaby. À un moment, ça craque. Alors quand il va quitter, libre, le PSG en 2002, Okocha va se retourner pour hésiter entre rire et pleurer à la vue de son palmarès parisien : une Coupe Intertoto 2001. C’est peu. Trop peu. Et c’est nul.

Dire que les dirigeants parisiens pensaient marcher sur la France avec son Nigérian que le Mondial 98 avait si bien mis en lumière. De l’avis de tous ceux qui l’ont pourtant croisé au Camp des Loges durant ses 4 années parisiennes, Okocha était un génie. Ducrocq : « Il fallait le voir à l’entraînement… » Paisley : « Une machine physique et technique » . Mais dès que les matchs arrivaient, le joueur se ratait. Tactiquement à la rue, l’ancienne égérie Puma n’a jamais réussi à devenir un crack dans la capitale. Pis, le PSG aura eu la chance de pouvoir compter en même temps sur Okocha et Ronaldinho durant la saison 2001/2002 sans vraiment exploiter la folie de ce duo. Au final, que reste-t-il du passage d’Okocha au PSG à part ce but bordelais ? Pas grand-chose. Et comme le disait lui-même le joueur à la fin du match de Bordeaux, « mon but n’a aucune importance, puisque nous n’avons pas gagné » . La définition même du gâchis. Une spécialité parisienne.

Par Mathieu Faure

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