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  • Edito

Le genou de Marcus

Par Pierre Maturana
Le genou de Marcus

Lors de la victoire de son équipe en Bundesliga, Marcus Thuram, auteur d’un doublé, a rendu hommage à George Floyd en posant un genou à terre après son premier but. Une image forte et nécessaire... même si certains ont trouvé le moyen de la critiquer.

Le geste est simple et court autant qu’il est fort et puissant. Ce dimanche après-midi, après avoir marqué le deuxième but de son équipe face à l’Union Berlin, Marcus Thuram a spontanément et sobrement posé un genou à terre, puis fixé le sol comme s’il se recueillait. Un bref moment à l’échelle d’un match de football pour rendre hommage à George Floyd, cet afro-américain tué lors d’une interpellation à Minneapolis. Quatre à cinq secondes d’émotion et de dignité, qui se sont écoulées aussi lentement que des secondes peuvent s’écouler, mais qui marqueront les mémoires un peu plus longtemps que ça. La posture rappelle évidemment celle de Colin Kaepernick, le joueur de football américain, qui dès 2016 adoptait la même position pour manifester contre les violences racistes (et) policières, et en creux la politique de Donald Trump. Et, dans un parallèle déjà largement éculé sur les réseaux sociaux, il renvoie malheureusement aussi aux circonstances du décès de George Floyd.Le genou à terre de Marcus Thuram rappelle que les footballeurs, les athlètes en règle générale, sont aussi, avant tout, des hommes, des femmes, des citoyens, des citoyennes, non seulement touchés par l’actualité comme nous tous, mais bien au fait que leur exposition offre une portée inédite à leurs actes. Ainsi, dans le silence du huis clos du stade du Borussia Mönchengladbach, le genou de Marcus Thuram a connu une résonance instantanée, et la séquence a été largement partagée. Ce dimanche après-midi, l’espace de ces cinq lourdes secondes, Marcus Thuram s’est fait l’écho de millions de voix d’anonymes, qui ne connaissent peut-être pas Marcus Thuram, mais qui crient leur dégoût, leur colère, leur rage parfois, chez eux, derrière leur écran, de voir ces évènements tragiques se dérouler encore et toujours, ici ou là, en 2020. Des millions de voix qui ont envie de hurler cette même chose, qui paraît pourtant si simple à comprendre : personne ne devrait mourir sous le genou d’un policier, personne ne devrait avoir à supplier pour sa vie dans ces circonstances-là, et personne ne devrait avoir encore plus de risques de mourir sous le genou d’un policier en suppliant pour sa vie dans ces circonstances-là à cause de sa couleur de peau. Le geste de Marcus Thuram, le message de Jadon Sancho sous son maillot un peu plus tard dans la journée après son but face à Paderborn ou le tweet de Kylian Mbappé n’auront pas tous la même visibilité ou le même impact, mais, ensemble, contribueront à monter le volume de la contestation. C’est déjà ça, non ? Bah, il faut croire que non… En effet, malheureusement, l’époque étant à la polémique à tout prix et donc bas de gamme, on assiste à une multiplication de commentaires puants sous les hommages, certains trouvant le moyen de fustiger une soi-disant indignation sélective chez les célébrités, le cas échéant chez les footballeurs. Comme si leur statut les obligeait à réagir à chaque drame. Comme si leurs réactions et leurs émotions étaient faussées, opportunistes et sur-jouées. Comme si, quoi qu’ils fassent, c’était toujours trop peu, pas assez bien. Comme s’ils n’étaient pas capables d’honnêteté. Comme si c’était au footballeur de justifier sa sincérité et de rendre des comptes sur son humanité. Comme si c’était normal qu’un dimanche après-midi de mai 2020, un joueur pose un genou à terre et fixe le sol en mémoire d’un homme tué par la police à des milliers de kilomètres de là. Comme si Marcus Thuram avait, finalement, fait le service minimum. Alors qu’il a déjà fait plus en cinq secondes que beaucoup d’autres en une vie.

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Par Pierre Maturana

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